La Terre de chez nous

Cultivés sans pesticide, mais pas bio

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Un producteur maraîcher de SaintMiche­l, en Montérégie, a l’intention d’utiliser la mention « Cultivé sans pesticide » sur certaines de ses prochaines récoltes. Olivier Barbeau a déjà conçu les attaches qui vont lier ses paquets d’épinards et de radis. Son objectif : faire savoir aux consommate­urs que ces cultures n’ont subi aucun traitement d’insecticid­es, et ce, malgré le fait que sa production ne soit pas sous régie biologique. « J’ai fait mes recherches et ça correspond vraiment à ce que je veux dire au client. […] Les gens ne veulent plus d’épandages.

Un de mes gros acheteurs trouvait ça le fun aussi

[la mention Cultivé sans pesticide] », témoigne-t-il.

Selon le producteur, il s’agit d’un bel « entre deux », considéran­t que ses semences sont enrobées d’un fongicide préventif. Aussi, il indique qu’il ne pourrait pas utiliser cette mention sur ses cultures d’oignons verts, entre autres, car elles doivent être pulvérisée­s d’insecticid­es au cours de la saison.

Une mention trompeuse?

Appelée à commenter cette mention apposée sur des légumes dont les semences ont été enrobées de fongicides, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) indique que les allégation­s « sans résidu de pesticide », une catégorie désignée par l’organisme fédéral, peuvent être considérée­s comme trompeuses, car « les pratiques pour la culture des fruits et légumes peuvent impliquer l’utilisatio­n directe, indirecte ou l’exposition à un pesticide ou un produit antiparasi­taire ». « Cela comprend les fongicides utilisés sur les semences », ajoute l’organisme.

L’ACIA peut donc faire une enquête et prendre des mesures corrective­s si elle détecte des cas de non-conformité à la suite d’une plainte. L’un des compétiteu­rs de M. Barbeau, qui a refusé d’être identifié, utilise déjà la mention « Cultivé sans pesticide » depuis plus d’une dizaine d’années et dit n’avoir jamais fait l’objet de plaintes ou de vérificati­ons de la part de l’ACIA.

Pour sa part, la vice-présidente de l’organisme de certificat­ion Écocert Canada, France Gravel, affirme qu’une telle allégation est problémati­que s’il y a présence d’un engrais chimique, même « à partir de la levée de la culture ». « Il faut s’assurer que ce qu’on dit, c’est ce qu’on fait », affirme-t-elle. Cependant, comme il s’agit d’une appellatio­n qui n’est pas contrôlée, elle estime qu’il revient donc au consommate­ur d’évaluer si cette informatio­n lui suffit.

Cette dernière souligne d’ailleurs que d’autres mentions, telles que sans gluten ou sans OGM, sont devenues des arguments de vente même si elles n’ont pas de cahiers de charge officiels.

« Je ne veux pas berner le client », insiste le producteur Olivier Barbeau, tout en précisant qu’il s’agit pour lui de la façon la plus logique et concise de mentionner sur une petite étiquette qu’il ne fait aucun épandage de pesticides sur ses cultures d’épinards et de radis.

Néanmoins, le maraîcher est conscient du risque d’utilisatio­n de cette mention, notamment si des résidus de pesticides se retrouvent malencontr­eusement sur ses cultures.

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Les étiquettes serviront à attacher les paquets de radis et d’épinards que le producteur maraîcher récoltera cette année.
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Olivier Barbeau
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