Le bonheur est à l’étable
C’est le coeur rempli de joie que mon mari Maxime et moi allions devenir parents en février. Ce n’était pas notre objectif initial que j’accouche en plein hiver, mais je ne me doutais pas à quel point j’en serais reconnaissante plus tard.
Même si ma grossesse s’est déroulée sans anicroche, ça a été difficile pour moi d’apprendre à en faire moins. Je chérissais la vie que je portais, mais je voyais les autres – déjà occupés – encombrés par mes tâches et cela me faisait sentir impuissante. La grossesse m’a appris à déléguer et à demander davantage d’aide.
Mon accouchement a été relativement long et pénible, et ce n’est qu’après quatre jours que je me suis sentie enfin d’attaque pour retourner voir les vaches et me replonger dans ce quotidien qui m’est essentiel. C’est ainsi que notre petite Juliane a rencontré les vaches pour la première fois.
Deux jours plus tard, j’ai dû être hospitalisée d’urgence pour une hémorragie aiguë. J’étais si faible que je ne pouvais même pas être debout et tenir la petite en même temps. Étant quelqu’un de très énergique, j’ai trouvé cela difficile de rester cloîtrée entre quatre murs, même si mon corps avait désespérément besoin de repos. Une semaine après mon hospitalisation, j’ai rassemblé le peu de forces que j’avais et j’ai pris mon courage à deux mains pour parcourir en auto les 6 km qui séparent notre domicile de la ferme. Voir mes vaches, ma famille et prendre une bouffée d’air frais m’a fait un grand bien et m’a donné l’impression de renaître.
C’est ainsi que, petit à petit, j’ai ajouté de petites tâches à mes visites et j’ai réintégré l’entreprise.
L’amour du travail
J’ai eu un post-partum difficile et je suis convaincue que cet amour du travail a été bénéfique pour ma remise sur pied. Il a été une source de motivation pour me rétablir. Non pas que je ne me plaise pas dans mon nouveau rôle de mère, bien au contraire, mais il y a un sentiment d’accomplissement dans le fait de retourner progressivement au travail et de concilier celui-ci avec sa nouvelle vie de famille. Soit dit en passant, il est important de bien s’entourer et de former une bonne équipe avec sa famille, puisque celle-ci, aussi heureuse soitelle de l’arrivée de ce petit être, verra malgré tout son quotidien chamboulé.
Juliane est née juste avant la pandémie de COVID-19 et le confinement qui s’en est ensuivi, ce qui a offert une belle opportunité à nos neveux et nièces de s’impliquer plus activement dans le quotidien de la ferme. Avec la régie du troupeau, les travaux aux champs et la besogne quotidienne, les jeunes ont mis la main à la pâte pour aider à combler mon absence. D’ailleurs, je peux encore compter sur mon neveu et ma nièce de 13 ans, qui m’aident presque tous les jours à faire le train, une aide qui m’est précieuse avec notre bébé de quatre mois et demi.
Le travail à la ferme occupe une place spéciale dans mon coeur, à un point tel où de toute ma vie, je n’ai jamais eu l’impression de travailler. J’espère transmettre cette belle valeur à Juliane.
En collaboration avec la Fédération de la relève agricole du Québec