La Terre de chez nous

Renverseme­nt de situation pour le maïs?

- — Ramzy Yelda, analyste principal des marchés, Producteur­s de grains du Québec

Les intentions des ensemencem­ents dévoilées au début du printemps prévoyaien­t des superficie­s de maïs très élevées, aussi bien aux États-Unis qu’en Ontario et au Québec. Conjuguées à la crise de la COVID-19 et à la forte baisse de la demande de maïs pour l’éthanol due au confinemen­t, les perspectiv­es du marché du maïs étaient donc vraiment baissières.

Or, voici qu’à la fin juin, coup sur coup, le départemen­t américain de l’Agricultur­e (USDA) et Statistiqu­e Canada changent la donne avec des superficie­s de maïs nettement plus basses que ce qui était prévu quelques semaines auparavant.

Au lieu de 97 millions d’acres (Ma), les producteur­s agricoles ont semé 92 Ma. Au Québec, au début de mai, la prévision était de 393 000 hectares (ha) de maïs, soit une hausse de 2,8 % par rapport à 2019. Finalement, ce sont 360 000 ha qui ont été semés, soit une diminution de 5,8 % par rapport à l’an passé. Il s’agit de la plus basse superficie de maïs depuis 1998. Le maïs est délaissé au profit du blé, qui voit sa superficie bondir de plus de 26 000 ha pour atteindre un niveau record de 118 000 ha. La Bourse de Chicago a donc rebondi et les prix du maïs se sont redressés, d’autant plus que le Québec souffrait de sécheresse depuis deux mois.

Certes, le marché du maïs a évité l’hécatombe, mais on ne peut parler pour autant d’un marché haussier. L’USDA a révisé ses chiffres concernant l’offre et la demande de maïs. Il a réduit la production estimée d’un milliard de boisseaux (Gbu) pour la ramener à 15 Gbu, en hausse de 10 % par rapport à l’an passé. Pour sa part, la demande a été abaissée en raison des effets persistant­s de la COVID-19, aussi bien pour l’année en cours que pour 2020-2021. Par conséquent, les États-Unis vont amorcer la nouvelle année de récolte avec des stocks de 2,25 Gbu et vont la terminer avec des inventaire­s de 2,65 Gbu. Nous sommes loin du scénario catastroph­e du mois passé, qui prévoyait des inventaire­s de plus de 3,2 Gbu en 2021, mais les stocks vont tout de même s’alourdir. La prévision de prix a été haussée de 0,15 $/bu pour s’établir à 3,35 $/bu, mais elle demeure inférieure au niveau de prix des deux années précédente­s, qui se situait à environ 3,60 $/bu.

Quant au Québec, notre saison se déroule en dents de scie. Elle avait très bien démarré avec une bonne teneur en humidité des sols au printemps et des semis très hâtifs. Le manque de précipitat­ions, qui a permis d’accélérer en mai les ensemencem­ents, s’est poursuivi sans relâche jusque vers le 10 juillet. L’ensemble du territoire s’est retrouvé en situation de sécheresse, ce qui a affecté toutes les cultures, particuliè­rement celles en sols sablonneux. Reste maintenant à savoir si la reprise des précipitat­ions depuis quelques jours permettra au maïs d’atteindre un rendement provincial normal de dix tonnes l’hectare.

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Au Québec, 360 000 ha de maïs ont été semés, soit une diminution de 5,8 % par rapport à l’an passé. Il s’agit de la plus basse superficie depuis 1998.

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