L’an 1 de la ministre Bibeau
La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, vient de souffler sa première bougie à la tête de son ministère depuis sa réélection du 21 octobre 2019. Lors d’une longue entrevue accordée à La Terre, elle dresse le bilan des principaux dossiers qui l’ont occupée dans la dernière année. Suspension des exportations de viandes vers la Chine en cas de COVID
Après la suspension temporaire des importations de viandes bovines et porcines canadiennes en 2019, voilà que la Chine bloque les importations des abattoirs pour une durée de deux semaines lorsqu’une éclosion de COVID-19 survient dans les usines canadiennes. « C’est toujours un peu sportif de faire du commerce avec la Chine en ce moment », soutient la ministre Bibeau. Son ministère, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, et l’ambassadeur canadien en Chine s’affairent actuellement à démontrer aux autorités chinoises par des faits scientifiques la qualité et la robustesse des protocoles de salubrité canadiens. « Il est important de se rappeler qu’il n’existe aucune preuve scientifique que les aliments ou les emballages alimentaires soient une source ou une voie de transmission probable du virus », a par la suite précisé l’attaché de presse de la ministre par courriel.
Plus difficile de faire entendre sa voix
La dernière élection a fait perdre des alliés de taille à la ministre, qui doit redoubler d’efforts pour faire progresser les dossiers agricoles au sein de son gouvernement. « J’aimais ça quand j’avais Jean-Claude Poissant, Rémi Massé, Richard Hébert, Pierre Breton avec moi pour amplifier ma voix. Là, il faut que je prenne plus de place, la place de tous mes collègues de la ruralité qui sont partis, dit-elle. Je le fais, mais je vais dire que c’est plus difficile pour la ministre de l’Agriculture quand elle a moins de collègues qui sont capables de témoigner de la réalité rurale. Mais ce n’est pas parce que c’est plus difficile qu’on ne le fait pas. »
Développement agricole et agroalimentaire Canada attendra
La nouvelle entité promise en campagne électorale, Développement agricole et agroalimentaire Canada, ne verra pas le jour durant ce mandat-ci à cause de la pandémie, a indiqué la ministre Bibeau. L’objectif était de regrouper les services financiers et consultatifs actuellement répartis entre plusieurs organismes sous l’égide de Financement agricole Canada. La nouvelle entité, un guichet unique pour les producteurs, devait voir sa capacité de prêts en capital augmentée de 5 G$. Les fonds ont été redistribués pour combattre la pandémie, a expliqué la ministre. « La nouvelle entité devra être dans la prochaine lettre de mandat du ou de la ministre de l’Agriculture », a-t-elle précisé.
Le canola canadien a trouvé d’autres marchés
Dès son arrivée à la tête du ministère de l’Agriculture en mars 2019, MarieClaude Bibeau a dû conjuguer avec une première crise, soit la suspension des importations de canola canadien en Chine. « Un an et demi plus tard, on s’aperçoit que nos producteurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu en exportant plus vers les Émirats arabes unis et vers l’Europe entre autres pour des biocarburants », explique-t-elle. Alors qu’elles représentent désormais plus de 1,3 million de tonnes, les exportations de canola vers l’Europe n’étaient que de 368 000 tonnes en 2018.
Bientôt de nouvelles moutures aux programmes de gestion des risques
Pour répondre à la crise de la COVID-19, Donald Trump a accordé 30 G$ en subventions directes aux agriculteurs affectés par les variations de prix au sud de la frontière. En comparaison, le gouvernement canadien a octroyé 252 M$ en subventions directes à son milieu agricole. Interrogée sur la question, la ministre Bibeau répond qu’il est difficile de comparer les approches des deux pays puisqu’au Canada, il existe des programmes de gestion des risques qui ont versé en moyenne 1,6 G$ durant les cinq dernières années malgré le besoin de modernisation de ces programmes. « Les producteurs canadiens ont l’avantage d’avoir de la prévisibilité plutôt que d’avoir de l’argent qui arrive comme ça qu’ils n’ont pas pu planifier », indique la ministre. Elle dit toutefois entendre l’insatisfaction du milieu agricole à l’égard des programmes et de nouvelles moutures devraient être dévoilées aux provinces lors de la rencontre des ministres de l’Agriculture le 27 novembre prochain.