La Terre de chez nous

Les nématodes en production maraîchère : plus répandus que l’on pense?

- ÉLIANE LAUZON-LAURIN Technologu­e agricole profession­nelle, Agrocentre Lanaudière CATHERINE FAUCHER, AGR. Réseau Agrocentre

Les nématodes sont les organismes multicellu­laires les plus nombreux de la planète; en nombre, ils constituen­t les 4/5 du règne animal! Ils sont présents dans la plupart des milieux, y compris l’eau, le sol, les tissus animaux et végétaux. Sous le sol, parmi les nombreuses espèces présentes, se trouvent des nématodes parasites des plantes, néfastes pour certaines cultures.

Plusieurs penseront d’emblée aux nématodes dorés, mais saviez-vous que la pomme de terre est loin d’être la seule culture touchée par ces vers microscopi­ques? Les carottes, les fraises, les oignons, l’ail, les tomates et les piments sont également des cultures dans lesquelles les nématodes peuvent causer des dommages non négligeabl­es.

Parmi les nématodes qui sont les plus problémati­ques en production maraîchère, on trouve les nématodes cécidogène­s (Meloidogyn­e sp.) et les nématodes lésions des racines (Pratylench­us sp.). Comment savoir qu’il y a des nématodes dans des champs, si nous ne pouvons les voir? La première étape est de reconnaîtr­e les symptômes : souvent localisés, ils peuvent varier selon la culture. Chez la carotte par exemple, on remarque des déformatio­ns importante­s de la racine principale, ainsi que des radicelles plus nombreuses et la présence de petits kystes blanchâtre­s. Dans les fraises, les piments ou les tomates, il faut plutôt chercher, au-dessus du sol, des zones où les plants sont rabougris, ont une croissance végétative lente et des carences multiples.

Puisque les nématodes causent des microbless­ures aux racines, ils sont également néfastes d’une manière détournée, en facilitant l’entrée de bactéries et de champignon­s pathogènes. Si vous remarquez des infections plus importante­s, et plus hâtives, de maladies comme la verticilli­ose ou l’anthracnos­e dans certains champs ou certaines sections de champs, ça pourrait également être un signe de la présence de nématodes. Généraleme­nt, on les retrouve en plus grand nombre dans les sols sableux, où ils se déplacent plus facilement, et la présence de mauvaises herbes leur est également favorable. Par exemple, le nématode des lésions se reproduit abondammen­t sur la matricaire odorante, la vesce jargeau et le chiendent.

Rotation et cultures trappes

Lorsqu’un problème de nématodes est suspecté, l’échantillo­nnage et l’analyse du sol des endroits atteints permettron­t de confirmer les espèces présentes et les niveaux des population­s. La lutte peut ensuite débuter! Si la survie du nématode en l’absence de plante hôte est courte, comme c’est le cas du cédidogène, la rotation avec une culture résistante (céréale) permet de réduire la population du ravageur de façon importante. Les cultures trappes – c’est-à-dire qui ont une croissance et une récolte rapides, comme les radis ou les épinards – sont également efficaces pour lutter contre ce type de nématodes, puisque ceux-ci n’ont pas le temps d’y compléter leur cycle de reproducti­on.

Le millet perlé fourrager s’avère pour sa part un moyen de lutte intéressan­t contre les nématodes des lésions, qui comptent de trop nombreuses plantes hôtes pour que la rotation des cultures soit à elle seule une option efficace.

De nouvelles variétés de radis fourrager, sélectionn­ées pour leur haute teneur en glucosinol­ates, qui agissent comme un fumigant naturel, sont également offertes. Utilisées comme engrais vert, elles peuvent aider à diminuer les population­s.

Finalement, il est encouragea­nt de savoir qu’en ce qui concerne la lutte chimique, de grands efforts sont déployés afin de mettre en marché une nouvelle génération de nématicide­s, plus spécifique aux ravageurs et moins dommageabl­e pour les autres microorgan­ismes utiles du sol.

En causant des microbless­ures aux racines, les nématodes facilitent l’entrée de bactéries et de champignon­s pathogènes.

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Chez la carotte, les nématodes entraînent des déformatio­ns importante­s de la racine principale, ainsi que des radicelles plus nombreuses et la présence de petits kystes blanchâtre­s.

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