Des fraises et des sourires cultivés en famille
La famille Lauzon a marqué la personnalité de son village, qui compte plusieurs autres producteurs de fraises au point d’y avoir consacré un festival durant de nombreuses années. « C’est mon arrière-grand-père qui a apporté les premiers plants de fraises cultivées à Sainte-Anne-des-Plaines », affirme Yvon Lauzon, qui a poursuivi la tradition de ses ancêtres et transmis l’amour de la terre à ses enfants.
SAINTE-ANNE-DES-PLAINES – Malgré son expropriation par le gouvernement fédéral, dont le projet d’aéroport de Mirabel devait s’étendre jusqu’à Sainte-Anne-desPlaines, la terre des Lauzon est toujours dans la famille depuis cinq générations. Et même qu’avec la petite Anne, voici qu’une 6e génération vient de poindre le bout de son nez.
« C’est un peu le hasard qui fait qu’on cultive toujours cette terre », raconte le patriarche Yvon Lauzon. « Puisque mon père s’était fait exproprier, je ne pensais pas devenir cultivateur et je me destinais plutôt à l’enseignement. Puis, quand le gouvernement a voulu nous revendre la terre en 1987, il n’y avait plus que moi pour l’acheter, alors je l’ai pris. Ma soeur a acheté la terre d’à côté, qui appartenait à mon grand-père maternel, un Lauzon lui aussi. »
À la suite de son arrière-grand-père Akila, de son grand-père Edmond et de son père Jacques, Yvon s’est remis à cultiver la terre du rang Trait-Carré avec son épouse Lise Lemay, elle aussi enseignante. « On a toujours eu deux emplois. Heureusement, l’été on pouvait se consacrer entièrement à la ferme et les enfants nous ont toujours aidés », témoigne Mme Lemay.
Comme ses parents, Yvon a continué à cultiver le délicieux fruit rouge. Puis un jour, il a cessé d’aller au Marché central pour y vendre ses fruits. La main-d’oeuvre devenait difficile à trouver et pour s’éviter ce casse-tête, Lise a proposé l’idée de l’autocueillette.
Aujourd’hui, leur fils Raphaël est devenu copropriétaire de la Fraisière Lauzon et Fils. Son frère Benjamin et sa soeur Rose-Annie sont toujours là pour donner un coup de main.
De l’énergie à revendre
Depuis cinq ans, la production s’est diversifiée. « On a acquis une scierie, planté framboises, bleuets et citrouilles et on produit notre sirop d’érable », énumère Raphaël. Le jeune homme a toutes sortes d’idées et de l’énergie à revendre. Son dernier projet? Un labyrinthe de maïs pour les visiteurs qui viennent cueillir leurs citrouilles.
Yvon Lauzon ne pense pas encore à une vraie retraite. « Il a bien trop besoin de jaser avec le monde », disent à l’unisson ses enfants.