La Terre de chez nous

Rallye haussier des prix

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca

La frénésie des prix élevés gagne les producteur­s de maïs et de soya, qui se demandent jusqu’où ira ce rallye haussier. En date du 8 janvier, les contrats pour mars dans le soya atteignaie­nt le prix incroyable de 576 $/t. Au même moment l’an dernier, le soya valait près de 200 $ de moins la tonne. Et que dire du maïs qui atteint déjà 275 $/t pour mars.

« Il y a du monde dans la misère [à cause de la pandémie], mais nous autres [les producteur­s de grains], on est en dehors des misères. On ne s’attendait pas à une pareille hausse, mais on la prend », commente François Guay, qui cultive un peu plus de 1 000 hectares en Montérégie. Selon lui, le prix du maïs continuera de grimper au Québec, en raison de la valeur des bases locales qui augmentera pour égaler la valeur de remplaceme­nt du maïs américain.

Fébrile, le producteur regarde la courbe des prix monter sur les graphiques boursiers. Comme plusieurs, il attend le chiffre magique de 300 $/t, « pour en laisser aller », et gardera fort probableme­nt certains volumes pour profiter d’une autre hausse de prix éventuelle­ment en juillet ou septembre. Avec près de 7 000 tonnes de maïs encore dans ses silos, il est en bonne position pour réaliser d’excellente­s ventes cette année.

Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteur­s de grains du Québec, s’attend lui aussi à voir le prix du maïs continuer sa progressio­n. « Je regarde tous les facteurs, et il n’y a pas grand-chose qui pourrait freiner ça. L’offre locale est en déficit. [La récolte de maïs 2020 n’arrivera pas à combler la demande des acheteurs québécois] et pour empirer les choses, les rendements des céréales ont été désastreux. La base n’a pas fini de monter. Être producteur, je serais patient », mentionne-t-il.

Prix vertigineu­x dans le soya

« Depuis le 15 décembre, les prix ont monté beaucoup. Avec la prime, on est rendus à 640 $/t en moyenne [pour du soya de consommati­on humaine]. C’est pas mal dans les plus hauts prix. Et je pense que ça va encore monter », dit Josée Beaulne, directrice des approvisio­nnements chez Prograin. Devant de tels prix vertigineu­x, plusieurs producteur­s l’appellent pour vendre immédiatem­ent plutôt que courir le risque de voir les marchés s’écraser. Le soya de consommati­on humaine est rentable pour les producteur­s à 550 $/t, alors il l’est encore plus à 640 $/t, reconnaît-elle.

Ramzy Yelda croit que les prix continuero­nt de monter dans le soya. « La demande chinoise a repris à plein tube, les réserves américaine­s sont faibles, la météo en Amérique du Sud est médiocre [ce qui limitera les rendements du Brésil] et l’Argentine parle de restreindr­e ses exportatio­ns. Tout ça mis dans le même panier, je ne vois rien de baissier dans le soya pour les prochains mois », prévoit M. Yelda.

« Je ne vois rien de baissier dans le soya pour les prochains mois. » – Ramzy Yelda

 ??  ?? Avec la conjonctur­e actuelle, François Guay aimerait pouvoir battre le prix record de 363 $/t qu’il avait obtenu lors de l’année folle de 2012. Agroéconom­iste de formation, il entrevoit ainsi une année rentable dans le maïs puisque son coût de production se situe à un peu moins de 200 $/t.
Avec la conjonctur­e actuelle, François Guay aimerait pouvoir battre le prix record de 363 $/t qu’il avait obtenu lors de l’année folle de 2012. Agroéconom­iste de formation, il entrevoit ainsi une année rentable dans le maïs puisque son coût de production se situe à un peu moins de 200 $/t.

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