La Terre de chez nous

L’agro-nouille et le boeuf

(fable laitière inspirée des Fables de La Fontaine)

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Une coopérativ­e vit des concurrent­s, Qui lui semblaient de belle taille,

Elle qui était quand même,

De belle grandeur!

Envieuse, elle décida de grossir en prenant de l’expansion par l’achat au Canada et aux États-Unis d’entreprise­s ou de coopérativ­es.

- Est-ce assez gros?

Pas assez gros.

- Même avec un nouveau siège social de 85 M$?

Pas encore.

- Même avec une loge au Centre Bell

pour quelques privilégié­s?

Pas encore.

- Même avec des emprunts de capitaux

publics à haut taux?

Pas encore.

- Même en ne rachetant pas les capitaux de ses sociétaire­s investis depuis plus de 10 ans sans intérêt?

Pas encore.

- Même avec des millions investis aux États-Unis sans garantie d’approvisio­nnement en lait?

Pas encore.

- Même avec de généreux bonus donnés

aux hauts dirigeants et ex-dirigeants? Comme pour la grenouille de la fable, notre coop s’est placée dans une position inconforta­ble, à vouloir grossir trop vite. Devenant sensible aux moindres vents contraires comme la pandémie, la hausse des taux d’intérêt, la perte de marché ou d’approvisio­nnement en lait, etc. Étant obligée de faire des ventes Boxing Day de ses usines pour éteindre des feux et rembourser ses emprunts.

Il n’y a pas de honte à vouloir grossir, mais pas au détriment des principes coopératif­s : Rémunérati­on des hauts dirigeants de manière équitable, soit en inscrivant dans son rapport annuel le salaire moyen des 10 plus hauts dirigeants ainsi que leurs bonus en comparaiso­n au salaire moyen des employés toutes catégories confondues. De cette façon, on peut surveiller les dépassemen­ts de coûts et extravagan­ces.

Avant de prendre une nouvelle expansion, il est impératif de rembourser le capital « dormant » selon l’appellatio­n du conseil d’administra­tion après la 10e année de ses sociétaire­s. (Les ristournes émises en 2008 ne sont pas encore payées. Quelle est la valeur d’un chèque encaissé 13 ans plus tard?)

La vente de IÖGO déçoit, car la division de yogourts procurait un fort sentiment d’appartenan­ce et une profonde fierté de la part des sociétaire­s. Le berceau d’origine de notre Agropur est l’usine de Granby. N’oublions pas que c’est là que tout a commencé.

Le développem­ent de la marque IÖGO n’aura coûté ni plus ni moins que 85 M$ il y a quelques années à peine.

Comme sociétaire, je m’attends d’Agropur qu’elle soit un exemple de coopérativ­e moderne et non pas… une agro-nouille!

— Sylvain Fraser, Saint-Adelphe

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