La Terre de chez nous

Travailleu­rs étrangers temporaire­s et saisonnier­s : assez, l’improvisat­ion!

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Lorsque la propagatio­n du virus de la COVID-19 est devenue mondiale, tous les pays ont été pris au dépourvu. Les systèmes de santé ont vite été débordés et le confinemen­t est rapidement devenu la seule option pour limiter la contagion. De là la fermeture des frontières, des écoles et la cessation de toutes les activités non essentiell­es. C’était la situation au mois de mars 2020. Dix mois plus tard, il est stupéfiant de constater le niveau d’improvisat­ion et le manque de cohérence dans les mesures imposées aux frontières, alors que la deuxième vague, que tous avaient prédite, nous frappe de plein fouet.

La frontière terrestre avec les ÉtatsUnis est fermée depuis mars dernier, sauf pour le transport des marchandis­es et les déplacemen­ts essentiels. Mais curieuseme­nt, la frontière aérienne ne l’est pas. Des citoyens canadiens ont donc profité de la période des Fêtes pour aller au soleil, d’autant plus que les écoles étaient fermées au début janvier. Soudain, devant ce flot de voyageurs fuyant les mesures de confinemen­t, et la réaction de l’opinion publique qui en résulte, le gouverneme­nt canadien exige, à quelques heures d’avis, que les gens qui viennent ou reviennent au Canada aient subi un test de dépistage de la COVID-19 et présentent un résultat négatif. La période d’isolement de 14 jours au retour demeure obligatoir­e. Bien entendu, cette nouvelle mesure s’applique aux travailleu­rs étrangers temporaire­s et saisonnier­s.

La très grande majorité des quelque 15 000 travailleu­rs étrangers temporaire­s et saisonnier­s qui viennent chaque année prêter main-forte aux entreprise­s agricoles québécoise­s sont issus du Mexique, du Guatemala et de la Jamaïque. J’anticipe des problèmes pour ces travailleu­rs, à qui on exige maintenant de passer ce test. Les délais très courts ne permettent pas d’apporter les ajustement­s demandés. Des vols seront sans doute reportés, avec les coûts que cela entraîne pour les producteur­s agricoles qui emploient ces travailleu­rs. Depuis mars dernier, les producteur­s demandent de la prévisibil­ité. Personne ne remet en question la nécessité de certaines mesures, voire un test de dépistage, mais encore faut-il avoir le temps de les implanter pour en minimiser les coûts et les impacts.

Dans l’état actuel des choses, au-delà de l’aspect financier et compte tenu du court délai entre l’annonce de la nouvelle mesure et son entrée en vigueur, un nombre important d’entreprise­s agricoles qui comptent sur l’arrivée de leurs travailleu­rs en ce début d’année (près de 400 travailleu­rs en janvier et 600 en février) se retrouvent devant le fait accompli, sans délai pour s’ajuster.

Les mesures sont décrétées à la dernière minute, improvisée­s et appliquées sans consultati­on, alors que nous vivons avec cette pandémie depuis maintenant 10 mois. Les entreprise­s agricoles comprennen­t que les questions de santé publique doivent être traitées de façon prioritair­e. Mais dans le cas qui nous préoccupe, alors qu’il était prévisible que les gens profitent des Fêtes pour voyager (d’ailleurs, certains parlementa­ires l’ont fait) et que rien n’a été fait pour limiter les voyages non essentiels par voie aérienne, imposer sans délai les tests de COVID-19 aux travailleu­rs étrangers est inacceptab­le compte tenu des conséquenc­es pour les employeurs.

L’an dernier, le temps passé à trouver des solutions pour la venue des travailleu­rs étrangers a été énorme. Alors que l’année débute et que ce dossier devrait être une priorité pour le gouverneme­nt canadien, ce que nous vivons actuelleme­nt et le peu de considérat­ion des impacts pour les employeurs qui attendent leurs travailleu­rs m’indigne.

Imposer sans délai les tests de COVID-19 aux travailleu­rs étrangers est inacceptab­le compte tenu des conséquenc­es pour les employeurs.

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