Construction et confinement : un projet rassembleur
Lorsque Pierre a entrepris son projet de construction d’une étable à taures l’année dernière, il était bien loin de se douter que le confinement allait retarder le processus. Avec le recul, le producteur laitier fait le bilan de cette année bien particulière. Maintenant que sa nouvelle étable est terminée, il en savoure pleinement les avantages. Cependant, comme il le dit lui-même, « ça n’a pas été une route sans embûches ».
Après avoir mijoté le plan et les façons de construire, Pierre a démarré son projet en février 2020. « On déconstruisait de l’intérieur : il fallait démancher les fils électriques non nécessaires, descendre les convoyeurs à foin et diminuer les stocks », se remémore-t-il. Ensuite, au tour de l’ingénieur de dessiner les plans que Pierre avait en tête. Peu de temps après, la course aux soumissions a commencé. L’objectif que Pierre avait en tête était réaliste : « À la fin du dégel, le sable devrait entrer. » Puis, coup de théâtre, le Québec a été plongé dans un confinement qui a bouleversé les plans de l’agriculteur.
Lors de la construction d’un bâtiment agricole, il est normal de connaître des imprévus. Cependant, Pierre était loin de se douter que la COVID-19 viendrait ajouter son lot de défis. « La première coulée de ciment prévue le 1er avril a été retardée de trois semaines. Autre difficulté, l’ingénieur, qui travaillait de chez lui, n’avait pas accès à la fibre optique du bureau, donc le montage des plans se faisait à une vitesse très réduite », précise le producteur. De plus, il lui était impossible de faire marche arrière, car certains des équipements étaient hors d’usage à ce moment-là.
Bouchées doubles en famille
Malgré tout, le confinement aura eu quelques avantages, dont celui de rapprocher les membres de la famille. « Mes enfants ont eu à faire l’école en ligne. Comme les deux étaient au secondaire, nous avons modifié les horaires pour qu’ils puissent venir nous aider à la fin des classes », ajoute-t-il. Quant au père de Pierre, qui est également actionnaire dans l’entreprise agricole, il s’est retrouvé à défaire de la tôle le dimanche matin au lieu de déjeuner au restaurant comme il le faisait d’habitude. « On mettait des bouchées doubles afin de ne pas retarder trop le projet. »
« Le 22 juin, le dernier clou de la bâtisse a été arraché et la pelle a enfin commencé l’excavation », se souvient Pierre. « Les fermes de toits sont arrivées trois semaines en retard et les ouvriers ont mis deux semaines à entrer sur le chantier », précise-t-il. Pour lui, c’est là que le mot adaptation a pris tout son sens, car aucun des délais prévus ne cadrait avec la réalité. « Déjà que je suis allergique aux pertes de temps, cette situation m’a apporté énormément de stress. L’échéancier rallongeait chaque semaine, en plus du travail habituel à faire », ajoute-t-il.
« Sur papier, la fin du projet devait être le 15 septembre. Dans les faits, c’est plutôt le 24 décembre, la date officielle », dit-il en riant. Prévoir l’imprévisible est impossible. Malgré tout, Pierre retient qu’il a réussi à passer au travers. « Je n’ai pas beaucoup dormi en 2020 et j’ai perdu au moins 10 livres, affirme-t-il. Je ne saurai jamais de quoi aurait eu l’air cette construction sans la COVID-19, mais je sais une chose : je suis bien content que ce dossier soit réglé », dit-il.
Au final, Pierre, son père et ses enfants ont vécu un confinement hors du commun. Heureusement, personne de leur « bulle » n’a été infecté. Le plus beau dans toute cette histoire est le temps qu’ils ont passé en famille. « J’ai appris à mes enfants l’art du marteau, comme me l’avait appris mon père », conclut-il.
« J’ai appris à mes enfants l’art du marteau, comme me l’avait appris mon père. »