Travers Oscar, je voulais parler de ces jeunes Noirs tués par balles”

Pourquoi avoir choisi la fiction et non le documentaire pour reconstituer ce drame presque « ordinaire » ?

Ryan Coogler : J’ai décidé de raconter cette tragédie à travers les dernières 24 heures de la vie d’Oscar. Je voulais tourner le film vite pour garder l’intensité de cette journée qui va déraper. Je voulais que le spectateur ait un sentiment d’urgence, qu’il soit le plus proche possible du personnage, qu’il partage sa vie, puisse partager ses émotions, bref s’identifier à lui. Et, évidemment, j’ai eu la chance de trouver LE comédien qu’il me fallait.

Vous souvenez-vous du jour où Oscar, 22 ans, est mort ?

Oui, très bien. Le soir du 31 décembre 2009, je travaillais comme gardien dans une rave party, à San Francisco. Les jours suivants, les vidéos du drame filmées par des passagers dans le métro tournaient sur Internet. 7 personnes différentes ont pris des images. Elles constituaient des

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preuves de la culpabilité du policier. Elles m’ont aidé à reconstituer la scène de la bavure et ont influencé ma façon de filmer la dernière partie du film. J’ai eu l’autorisation de filmer à Fruitvale Station, là où s’est passé le drame. C’était capital pour moi, pour l’authenticité de l’action.

L’histoire d’Oscar ressemble à tant d’autres tragédies évitables...

Il y a tellement de morts violentes aux États-Unis que ces jeunes tués par balles, souvent noirs de peau, remplissent les journaux. Ces faits divers se banalisent, les gens n’y font même plus attention. Je voulais changer cette perception des choses. Mon but était de montrer l’être humain qu’était Oscar, car personne ne savait rien de son histoire. Je voulais montrer le vide qu’il a laissé autour de lui. J’ai d’ailleurs rencontré sa famille. C’était un moment très émouvant.