UN ROYAUME À REPEUPLER
Il a des emplois à pourvoir, mais le Saguenay–Lac-Saint-Jean peine à retenir ses habitants et à en attirer de nouveaux.
À Alma, le bourdonnement de petits engins dans le ciel se fait de plus en plus entendre. Le Centre d’excellence sur les drones civils et commerciaux, en pleine croissance, fait partie des secteurs d’avenir pour une région où l’économie a toujours été axée sur les ressources naturelles.
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les emplois du secteur primaire sont encore deux fois plus importants dans l’économie que dans le reste du Québec. Mais la région est passée d’un chômage chronique au début des années 2000 à un manque criant de maind’oeuvre dans les dernières années.
« Les principaux secteurs se portent bien, même la foresterie, les papetières et l’aluminium », avance Marc Moffatt, directeur général de la Corporation d’innovation et développement Alma – Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL). « Le chômage est autour de 5 %. Le problème, c’est la démographie. Le vieillissement de la population est plus marqué que dans les grands centres. Et l’immigration ne vient pas ici. »
En plus de convaincre les immigrants, Marc Moffatt croit qu’il faut aussi persuader des jeunes, qui sont partis étudier à Montréal et à Québec, de revenir dans leur coin de pays, les sensibiliser à l’entrepreneuriat. « Pour garder nos jeunes en région, on doit lorgner d’autres secteurs d’activité, dit-il. Les familles ne seront pas nécessairement attirées par la congestion au centre-ville de Montréal. Il faut miser sur nos éléments d’attractivité. »
Voilà le paradoxe. Beaucoup de postes, mais autant de difficultés à les pourvoir. L’un des problèmes, c’est que le revenu disponible demeure bien en deçà de la moyenne québécoise, ce qui n’aide pas à attirer les travailleurs. Dans les arrondissements de Jonquière et de Chicoutimi, la pauvreté est en baisse, mais le nombre de familles aussi. Les circonscriptions comme Roberval et Lac-SaintJean demeurent sous la moyenne pour la plupart des indicateurs économiques.
Septième municipalité en importance au Québec, Saguenay relève aussi le défi d’une ville homogène : est-elle prête à voir son visage changer pour combler les besoins de main-d’oeuvre? «C’est évidemment un enjeu, dit la mairesse, Josée Néron. La beauté de la chose, c’est que nos gens aussi voyagent et connaissent des cultures. Ils s’ouvrent. »
Elle cite deux écoles de langues comme étant des éléments attractifs pour l’immigration et le travail. L’arrivée du studio d’Ubisoft est également une carte à jouer pour attirer des étrangers.
Mais surtout, Josée Néron souligne l’avantage d’une petite ville. « En région, on a la capacité d’accueillir de façon personnalisée. On peut accompagner étroitement des immigrants pour la paperasse, l’école, la garderie, le logement. Pour intégrer ceux qui arrivent, c’est un grand avantage. »
À quoi s’attend-elle du scrutin du 1er octobre ? « Je tiens à ce que le débat ait lieu sur la vision du développement de Saguenay, et non pas en combat de coqs. J’espère que la campagne se fera dans les idées, parce que la population jugera de leurs réponses. » (Jean-Philippe Cipriani)