L’actualité

Resto locavore

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Manger localement à l’année, au Québec, c’est possible ? Oui, assure le chef John Winter Russell, propriétai­re du restaurant Candide, à Montréal. « Mais c’est tout un défi ! »

Le locavorism­e, qui préconise la consommati­on d’aliments issus de la production locale, a gagné en popularité depuis le milieu des années 2000 dans les grandes villes américaine­s, à commencer par San Francisco. Le mouvement s’y dessine en fait depuis quelques décennies, grâce aux initiative­s de chefs comme Alice Waters de Chez Panisse, à Berkeley, en Californie. Si l’idée semble compliquée, elle est toutefois réalisable sous ce doux climat. Mais au Québec, un locavore, qu’est-ce que ça mange en hiver ? « Plein de bons légumes frais, marinés, déshydraté­s et lactoferme­ntés », répond John Winter Russell.

Au moment de notre rencontre, en juillet, en pleine canicule, ce jeune chef autodidact­e est débordé. En plus de veiller à la préparatio­n des plats qui seront servis le soir même dans ce joli restaurant d’une quarantain­e de places, situé dans un ancien presbytère du quartier de la Petite-Bourgogne, lui et sa brigade consacrent une partie de leur journée à transforme­r les fruits et les légumes qui composeron­t les menus… de novembre à avril ! Un labeur immense, qui s’échelonne du début de la saison des récoltes, en mai, jusqu’à la fin octobre. Et qui représente annuelleme­nt environ 1 200 pots Mason d’un litre et quelque 500 kilos de produits séchés.

Winter Russell, qui a grandi dans un petit village de l’Ontario, est très impliqué dans la lutte contre le gaspillage alimentair­e. Chez Candide, tout est donc récupéré, ou presque. Les os servent à la préparatio­n des fonds, les fanes de légumes-racines sont apprêtées et les queues de fraises servies en infusion. Ainsi, loin d’envisager le locavorism­e comme une mode, le chef entreprene­ur y voit plutôt un début de « changement génération­nel des perception­s quant à notre façon de consommer ».

Cet idéaliste est aussi réaliste : le locavorism­e demande du temps. Beaucoup de temps. « C’est donc un peu naïf de penser qu’une famille d’aujourd’hui va retourner à la façon de faire de nos grands-parents, mais si on pouvait déjà avoir une conscience de nos choix alimentair­es, ce serait un gros progrès. »

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