DE PEINE ET DE MORT
La Troupe des Non-coupables est de retour au pied de la potence de l’ancienne prison de L’Orignal pour y présenter sa pièce La dernière pendaison.
La Troupe des Non-coupables est de retour au pied de la potence de l’ancienne prison de L’Orignal pour y présenter sa pièce La dernière pendaison, inspirée des actes et du procès des fermiers meurtriers William Larocque et Emmanuel Lavictoire, les deux derniers hommes à avoir été pendus à la prison.
La pièce transporte le public au début des années 1930, au coeur d’une Amérique écrasée par la Grande dépression, où l’argent se fait rare et l’usure grandit. La mort de Léo Bergeron, dans des circonstances peu catholiques, fait ressortir les maux d’une société qui se cherche, prise dans l’étau économique. L’assurance n’est plus, qu’elle soit monétaire ou identitaire.
Durant la pièce, les comédiens abordent l’historique procès avec tact et humour, sans donner dans la gratuité. Peu importe le crime, le respect des faits et de la dignité enrichissent l’oeuvre et ses personnages.
Dans le rôle de Raoul Sanschagrins (William Larocque), Guy Rouleau est poignant avec des yeux d’enfer et un caractère bouillant. L’intensité de Raoul donne parfois la frousse, qu’il soit en position de pouvoir ou en route vers sa chute.
« Quand je pense au curé qui nous crie par la chaire à tous les maudits dimanches qu’il faut travailler à la sueur de nos fronts pour faire joindre les deux bouts, a lancé Raoul durant la pièce. On est juste bon à faire engraisser les grosses poches tandis que l’on végète dans nos trous ! »
Son naïf compagnon Roméo Ledoux (Emmanuel Lavictoire), campé par Gilles Bélanger, tranche par sa franchise aveugle et son habileté à se faire emberlificoter. Mêlé à un crime dont il ignorait le dénouement, le beau camion rutilant du petit marchand s’est transformé en navet, une récolte qui lui a passé la corde au cou.
Lorsque l’orgueil de Canadien-français de Raoul l’envoie derrière les barreaux après avoir sous-estimé l’inspecteur polyglotte, un long procès aux témoins bavards s’ensuit. Histoire d’ouvrier, réflexions du désespoir et résignation au pied du mur, la troupe réussit tout un coup en donnant couleurs et vie à une époque teintée de noir et blanc. Trente-deux pas à trépas Malgré la clémence du jury, les deux hommes n’obtiennent pas d’ultime pardon. Durant sa dernière marche, Raoul éclate en sanglots, innocentant alors, 32 pas trop tard, son compagnon Roméo. Cette scène, jouer dans la salle d’audience du palais de justice, lieu même du procès en 1932, est forte en émotions et tension.
La dernière pendaison est une oeuvre qui rattache l’ancienne prison à son histoire. Prenant un recul historique et une touche humoristique, elle relate des événements marquants pour la région et ses familles.