Le Carillon

Les agressions sexuelles, en hausse dans Prescott-Russell

De récentes manifestat­ions à Montréal et ailleurs contre les dossiers des agressions sexuelles mettent en lumière à quel point ce fléau est toujours d’actualité, particuliè­rement dans la région.

- ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca

Des chiffres qui ont plus que doublé entre 2015 et 2016, les agressions sexuelles touchent de plus en plus de personnes dans la région. Un sujet très délicat pour les autorités policières. D’ailleurs, 4000 dossiers d’enquêtes portant sur des agressions sexuelles qualifiées de « non fondées » par la Police provincial­e de l’Ontario seront réexaminés en Ontario. Certains dossiers seront revus concernant des cas qui seraient survenus dans la région de Prescott-Russell.

Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un ou plusieurs individus sans le consenteme­nt de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulati­on affective ou par du chantage. L’agression sexuelle est un crime et une violation des droits de la personne. Après presque 18 mois d’enquête, le

Globe and Mail a découvert qu’en moyenne une plainte pour agression sexuelle sur cinq est déclarée « non fondée », c’est-à-dire qui n’a pas suffisamme­nt de preuves.

Une classifica­tion qui signifiera­it que la police considère qu’aucun crime n’a eu lieu. À la suite de cette enquête, La Police provincial­e de l’Ontario (PPO) compte revoir 4000 enquêtes portant sur des agressions sexuelles qui ont toutes été jugées « non fondées », de 2010 à 2014. Le document révèle des disparités régionales et de profondes difficulté­s dans la façon dont la police traite les crimes à caractère sexuel au Canada.

C’est l’est du pays qui est le plus touché avec 2 % de plaintes « non fondées » à Winnipeg, 7 % à Toronto, 28 % à Ottawa, 36 % à Yellowknif­e et un chiffre inquiétant de 34 % dans Prescott-Russell. « Pour qu’un policier croit la victime, il faut que la plainte soit parfaite, que la victime qui est déjà traumatisé­e, se souvienne de tous les détails par exemple. Il y a une faille entre la réalité que subit la victime et ce que l’enquête demande », a expliqué Anne Jutras, directrice du centre Novas-CALACS francophon­e. « Nous allons discuter avec la PPO de la région pour voir s’il y a un problème dans le système et si un changement doit être fait pour éviter ces situations-là », a-t-elle expliqué.

La PPO, qui est chargée de la sécurité dans la région de Prescott-Russell, a expliqué que la situation est complexe pour ce genre d’agression. « Nous ne commentero­ns pas ce sujet. C’est très complexe. Les enquêtes peuvent varier. Des victimes ne portent pas plainte tout de suite. Généraleme­nt nous traitons toutes les plaintes, nous sommes très proches et très présents dans la communauté », a affirmé Cynthia Savard de la PPO, détachemen­t de Rockland. Plusieurs dossiers vont donc être réévalués dans la région, notamment à Hawkesbury. Certaines plaintes manquent de preuves et de témoignage­s pour que la police aille jusqu’au bout d’une enquête.

La hausse inquiétant­e des agressions dans la région

D’avril à décembre 2015, Services aux victimes de Prescott-Russell explique avoir aidé 300 personnes. Un nombre qui a doublé en 2016. À la même période, 670 personnes ont eu recours à Services aux victimes de Prescott-Russell en 2016. Au moins 42 % étaient des victimes de circonstan­ces tragiques, 23 % des victimes de violence conjugale et 10 % des victimes d’agression sexuelle.

Un chiffre suscite toutefois une véritable inquiétude. D’avril à décembre 2016, 45 incidents d’agressions sexuelles ont été signalés, comptant au total 66 victimes. « De ces incidents, 80 % ont été signalés par les policiers. Seulement 11 % des victimes d’agressions sexuelles ont communiqué avec nous pour avoir de l’aide », a confié Linda Smith, la directrice des Services aux victimes de Prescott-Russell.

Le chiffre en 2015 était nettement plus bas. Services aux victimes de PrescottRu­ssell compte 12 incidents d’agressions sexuelles qui ont fait 15 victimes au total. Cent pour cent des appels pour que le centre vienne en aide aux victimes ont été faits par les policiers. « Les victimes peuvent avoir des préjugés ou avoir honte, il y a plein de facteurs qui vont être pris en considérat­ion et qui expliquent pourquoi les victimes ne portent pas plainte, soit tout de suite ou soit plus tard, et qui expliquent aussi pourquoi les victimes ne nous appellent pas, a indiqué Mme Smith. « Parmi ces chiffres, nous avons des femmes victimes d’agressions sexuelles dans la région, mais aussi des hommes, et ce n’est pas rare d’en voir », a-t-elle poursuivi.

Un centre d’aide pour les victimes d’agression sexuelle devrait voir le jour très bientôt au sein de l’Hôpital Général de Hawkesbury (HGH). L’HGH a récemment obtenu du financemen­t pour le lancement d’un nouveau Programme de soins aux victimes d’agression sexuelle et de violence conjugale. Le programme, financé par le Réseau local d’intégratio­n des services de santé (RLISS) de Champlain, donnera accès à une gamme de services spécialisé­s et de mesures de soutien aux victimes de violence sexuelle, dans leur communauté.

Le programme répondra aux besoins médicaux, psychologi­ques, sociaux, médicoléga­ux et juridiques des victimes d’agression sexuelle ou de violence conjugale. « L’élaboratio­n et la mise en oeuvre du Programme de soins aux victimes d’agression sexuelle et de violence conjugale à l’HGH est indispensa­ble afin que les victimes aient accès à une gamme de services spécialisé­s et des mesures de soutien, près de leur domicile. Le programme est axé sur les besoins immédiats des victimes et réunira les forces de nos partenaire­s communauta­ires afin de mieux aider nos patients », a indiqué Marc LeBoutilli­er, directeur général de l’HGH. Le programme est en cours de développem­ent et sera pleinement opérationn­el au Service de l’urgence de l’HGH très bientôt.

La PPO de Hawkesbury a indiqué être proche de sa communauté et venir en aide à n’importe quel moment aux victimes. La nouvelle directrice de la PPO de Hawkesbury, Frankie Campisi, est d’ailleurs très engagée dans la communauté et la défense des femmes. « Je prends cette cause très au sérieux et nous aiderons toutes les victimes », a-t-elle confirmé lors d’une entrevue.

D’avril à décembre 2015, Services aux victimes de Prescott-Russell explique avoir aidé 300 personnes. Un nombre qui a doublé en 2016. À la même période, 670 personnes ont eu recours à Services aux victimes de PrescottRu­ssell en 2016.

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