Le Carillon

Internet, meilleur ennemi des jeunes?

- ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca

Dix-sept pour cent des utilisateu­rs d’Internet, âgés de 15 à 29 ans, auraient été victimes de cyberintim­idation. Ce chiffre s’explique d’après une enquête menée par Statistiqu­e Canada à la fin de l’année 2016. Nous avons rencontré des jeunes qui nous ont parlé de l’intimidati­on, mais aussi de cyberintim­idation, là où le harcèlemen­t dépasse les portes de l’école et perdure souvent sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux peuvent devenir de redoutable­s outils de harcèlemen­t. Avec des camarades de classe qui deviennent de véritables bourreaux. « Sur Facebook par exemple, il va y avoir plus d’intimidati­on que dans la vraie vie, a commenté Maylee, une élève de huitième année d’une école de Hawkesbury. C’est plus facile de dire des affaires quand tu n’es pas en face de la personne. Certains vont même créer de faux profils Facebook et changer de nom pour achaler du monde. Je ne me suis jamais fait intimider sur Facebook, mais j’ai vu des gens se faire intimider. Un jour, une personne qui avait des problèmes mentaux avait changé sa photo de profil Facebook. Elle avait mis une photo un peu bizarre. Le monde la critiquait et mettait des commentair­es en lui disant qu’elle était stupide et qu’elle devrait changer d’école ».

Ce ne sont pas toujours des adultes malintenti­onnés qui terrorisen­t les enfants. Leurs camarades de classe peuvent se transforme­r en bourreaux et faire des nouvelles technologi­es – téléphone cellulaire et Internet – des outils de persécutio­n efficaces. En septembre dernier, une jeune fille, élève dans une école secondaire de la région, s’est donné la mort suite à l’intimidati­on permanente qu’elle recevait de la part de certains camarades d’école. Elle était victime d’intimidati­on autant à l’école qu’à l’extérieure. L’adolescent­e de 16 ans avait enregistré une vidéo dans laquelle elle expliquait que l’intimidati­on l’avait amenée à s’enlever la vie.

Une nouvelle série télévis signée Netflix cartonne en ce moment auprès de la jeune génération. L’émission , en français, raconte l’histoire d’un jeune homme qui découvre 13 cassettes audio sur lesquelles se trouvent les explicatio­ns du suicide de l’une de ses camarades de classe. La série remporte beaucoup de succès partout dans le monde. Elle fait d’ailleurs réfléchir sur les comporteme­nts de chacun. Bien que l’on traite du suicide, le sujet premier de la série est véritablem­ent l’intimidati­on et ses répercussi­ons sur les gens qui en sont victimes. La série semble battre tous les records et a ouvert de très nombreuses discussion­s en ligne sur la prévention du suicide et de l’intimidati­on.

« À l’école, parfois nous voyons de l’intimidati­on sociale et verbale, a ajouté Maylee. Ce sont des groupes contre une personne. Un jour, on avait un tournoi de volleyball et dans l’autobus, il y avait un élève qui subissait des insultes par un groupe. Lui, il ne faisait rien. Tout ceci parce qu’il était un peu moins bon joueur que les autres. Moi j’ai essayé de dire à tout le monde d’arrêter. Sur son visage, on voyait clairement qu’il était fâché et pas bien. J’ai déjà été victime d’intimidati­on, pas sur Internet, mais dans une école où j’étais avant. Plusieurs personnes m’intimidaie­nt, c’était verbal. J’en ai parlé avec mes amis, et après, quand ça a empiré, j’en ai parlé à mes parents. Il n’y avait pas vraiment de raisons pourquoi ils faisaient ça. Mes parents ont appelé l’école, ils en ont parlé avec la direction. La direction a parlé avec les élèves, et après ça allait mieux. »

Selon le site Internet de la Croix-Rouge canadienne, dans une recherche menée en 2010 dans 33 écoles intermédia­ires et secondaire­s de Toronto, 49,5 % des élèves interrogés s’étaient fait intimider en ligne. Les garçons seraient plus nombreux à subir des formes directes d’intimidati­on (violence physique), tandis que les filles en subissent davantage les formes indirectes, notamment la cyberintim­idation.

Dans de nombreuses écoles de la région, des outils sont mis en place afin d’éviter l’intimidati­on. « Dans notre école, nous n’avons pas vraiment d’intimidati­on, a expliqué Facha, une élève de huitième année de l’école Le Sommet. Nous avons le programme Source de force qui nous aide et nous en parlons beaucoup avec nos enseignant­s. Dans les corridors, nous avons des affiches contre l’intimidati­on.

Le programme Source de Force a pour mission de briser le silence lorsque l’élève éprouve des difficulté­s et l’orienter vers l’aide dont nécessaire et mérit . « On a débuté cette année ce programme qui est très populaire aux tats-Unis, a expliqué Daniel Lalonde, le directeur adjoint de l’école Le Sommet. On est la première école francophon­e en Amérique du Nord à avoir ce programme. Les élèves du programme vont divulguer des messages d’espoir et contrer l’intimidati­on. Nous sommes vraiment à l’écoute de chaque élève qui est victime d’intimidati­on. Une grande partie se passe sur les téléphones, mais sur Facebook, c’est un vrai dilemme, car nous ne sommes pas au courant de tout. Depuis l’arrivée des médias sociaux, on met l’accent, à l’intérieur des cours, sur l’utilisatio­n saine des outils sur Internet et les parents ont un rôle à jouer aussi.

l'École secondaire catholique de Hawkesbury, on y retrouve aussi un programme semblable qu'on appelle

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« Nous avons fait le lancement à l’automne dernier de ce programme qui est un programme en quatre étapes dans lequel on outille la victime et les témoins d’intimidati­on à dénoncer (tout acte d'intimidati­on) à un adulte significat­if dans l’école, explique la directrice Chantal-Christine Gratton. C’est ensuite à l’équipe-école de réagir et d’intervenir dans chaque situation pour gérer les cas d’intimidati­on. Il faut travailler en prévention de concert avec les organismes locaux tels le service de police pour outiller et informer nos jeunes des dangers de l’intimidati­on », conclut-elle.

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