Recherchés : immigrants francophones
Les nouveaux arrivants francophones seraient indispensables pour assurer la vitalité économique et communautaire de la région selon les experts. Pourtant, l’immigration francophone dans l’Est ontarien est rare.
Par ses politiques en termes d’immigration, le Canada est un pays qui accueille. Plus de 100 000 nouveaux arrivants s’installent chaque année en Ontario seulement. La province s’était d’ailleurs fixé la cible de choisir 5 % de nouveaux arrivants francophones parmi tous les immigrants qui arrivent en Ontario.
Toutefois, selon Le livre blanc sur l’immi
gration francophone en Ontario, publié en mars 2017 par l’Assemblée de la francophonie en Ontario (AFO), « le nombre de nouveaux arrivants francophones en Ontario baisse chaque année depuis l’adoption de la Stratégie ontarienne en matière d’immigration. Bien que cette stratégie propose une cible de 5 % en immigration francophone, le taux actuel se situe en dessous de 2 % ».
Puis, selon des données de Statistique Canada, analysées par Amandine Martel de l’Institut des politiques du Nord, la majorité des immigrants, parmi ce près de 2 %, s’installent dans les centres urbains.
En fait, 49,8 % d’entre eux s’installent à Toronto et 33,2 % choisissent Ottawa, faisant ainsi en sorte qu’il y a très peu d’immigration francophone en région.
Pour Brigitte Duguay Langlais, coordonnatrice du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’est de l’Ontario, cette centralisation des immigrants francophones serait causée, en partie, par le fait que les grandes villes offrent du transport en commun, ce qui, à son avis, est une lacune dans l’Est ontarien.
Ainsi, seulement 73 immigrants de langue française ont choisi Prescott-Russell comme destination durant l’année 2015-2016, toujours selon des données analysées par Mme Martel.
Pour Mme Langlais, cette situation est alarmante, car << il y a un besoin criant pour l’immigration francophone au niveau de l’emploi ».
Le livre blanc sur l’immigration franco
phone en Ontario l’indique : « En Ontario, la population francophone est vieillissante, le taux de natalité est faible, et plusieurs travailleurs prennent leur retraite. Selon les prévisions, il n’y aura pas assez de nouveaux employés pour répondre à la demande.
À cet effet, les données analysées par Mme Martel montrent que dans l’est de l’Ontario, 66 270 travailleurs atteindront l’âge de la retraite d’ici 2021. « Ce sont des statistiques alarmantes parce que c’est demain matin, c’est dans quatre ans ! Je ne pense pas qu’on va avoir 66 270 personnes qui vont être prêtes à prendre les postes d’ici là », commentait Mme Langlais.
D’ailleurs, c’est un problème qui se manifeste déjà. Hier encore, j’avais une rencontre avec un employeur de Rockland qui ne peut pas trouver tous les employés dont il a besoin , a-t-elle indiqué pour expliquer que des employeurs de la région se tournent régulièrement vers le Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’est de l’Ontario pour les aider dans leurs recherches d’employés.
Toujours selon des analyses de Mme Martel, on prévoit que, dans l’Est ontarien, le besoin en nouveaux arrivants serait d’au-dessus de 6000 annuellement, d’ici 2041, pour arriver à pourvoir les postes qui doivent être pourvus.
Non seulement l’immigration francophone est nécessaire pour contribuer à l’économie locale, mais, selon Mme Langlais, « la survie de la francophonie aussi en dépend, la survie de la culture et de la langue
Selon un document du Gouvernement du Canada, intitulé Éducation Immigration Communautés, « …attirer des immigrants de langue française et les intégrer aux communautés en situation minoritaire sont des facteurs clés pour maintenir la vitalité communautaire ».
À cet effet, les deux conseils scolaires francophones de l’Est ontarien ont de la place dans leurs écoles pour accueillir de nouveaux arrivants et sont prêts à le faire. En remplissant de cette manière les écoles, davantage de personnes maîtriseraient la langue française et, par le fait même, la culture francophone serait davantage transmise.
Méconnaissance de la réalité de l’immigration
Selon Mme Langlais, la régionalisation de l’immigration francophone doit être travaillée à deux niveaux. Il faut d’abord attirer les gens à venir vivre ici, mais il faut également préparer les communautés à accueillir les nouveaux arrivants.
En fait, toujours selon elle, les communautés locales méconnaissent la réalité de l’immigration au Canada ainsi que ses avantages, ce qui peut donner lieu à une certaine réticence de leur part face à l’immigration, à
ne pas confondre toutefois, avec du racisme. Par exemple, les gens ne sont pas au courant que la majorité des gens qui arrivent au pays sont des immigrants économiques, c’est-à-dire qu’ils arrivent ici avec un emploi ou qu’ils sont qualifiés pour travailler et que, ce faisant, ils contribueront au développement économique de la région.
Les communautés ne sont donc pas nécessairement outillées pour accueillir les nouveaux arrivants et il y a un travail à faire à ce niveau , indiquait Mme Langlais.
Puis, pour attirer les immigrants de langue française à s’installer dans l’Est ontarien, il est important de leur parler des avantages que peut leur offrir la région, tels qu’un coût de la vie moindre ou un accès à tous les services en français, par exemple.
Bien que l’immigration francophone soit encore trop peu présente dans l’est de l’Ontario, on peut bel et bien trouver des histoires qui témoignent de la réussite de l’installation de nouveaux arrivants dans la région.
Un dossier à suivre....