Le Carillon

Au secours des réfugiées

- FRÉDÉRIC HOUNTONDJI Frederic.hountondji@eap.on.ca

Nos bureaux seront fermés les lundis 25 décembre et 1er janvier et le mardi 26 décembre (nous serons ouverts le mardi 2 janvier).

« La souffrance humaine dans le monde d’aujourd’hui est tellement grave qu’on ne peut pas rester insensible. »

Ce sont-là les sages paroles de Pierrette Leclair, qui dirige le Centre Marguerite Center de Prescott-Russell à L’Orignal depuis 27 ans. L’Ivoirienne Josée Sahoua Nekpato (voir autre article) est une des neuf personnes qu’a accueillie­s le centre depuis les dernières années.

« Elle est une personne forte et motivée, a déclaré Mme Leclair au sujet de Mme Nekpato. Elle voulait aller à l’école et je l’ai inscrite à l’école des adultes. Le plus grand défi pour moi quand elle était à L’Orignal, c’était que je devais la conduire partout parce qu’il n’y a pas d’autobus. Il fallait que je sois toujours là comme si j’avais un membre de ma famille à conduire partout. Quand elles arrivent (réfugiées), il faut les inscrire partout. »

Mme Nekpato lui a laissé une bonne impression qu’elle n’hésite pas à partager avec ses visiteurs. « Josée est tellement reconnaiss­ante et elle garde toujours de l’espoir au coeur. C’est une excellente personne. Elle a du bien à dire de tout le monde. C’est la femme qui espère. Malgré les pires conditions, elle va dire : ‘Ça va arriver, Dieu va le faire’. Elle a un grand coeur. Quand je lui dis que Haïti est l’un des pays les plus pauvres au monde, elle a répondu : ‘Un jour, j’irai aider Haïti.’ C’est une femme avec le grand coeur, toujours joyeuse », insiste-t-elle.

Autonomie

Dans son centre, Pierrette Leclair accueille uniquement des femmes, mais elle a dérogé tout récemment à la règle en faisant venir un homme avec six membres de sa famille de la Zambie. « C’est un cas exceptionn­el que j’ai fait, parce qu’il avait cinq enfants qui ne seraient jamais sortis de ce camp. Ils sont dans un camp depuis 1999. Là, j’ai pris la famille au complet. Ils m’ont remercié parce que personne n’aurait pris une grosse famille comme ça. J’ai sauvé beaucoup d’enfants », se réjouit-elle.

Pour faire venir les réfugiées, Mme Leclair coopère avec Grace internatio­nal, le Réseau francophon­e de soutien à l’immigratio­n de l’Est ontarien et surtout Immigratio­n Canada. C’est d’ailleurs cette dernière institutio­n qui lui fait parvenir la liste des demandeurs parmi lesquels elle choisit les personnes qui répondent le mieux à ses critères. Savoir parler la langue française est sa principale condition, ou du moins l’anglais, pour pouvoir vite intégrer le marché du travail. « Quelqu’un qui ne parle pas du tout la langue ne trouverait pas un emploi avant très longtemps, présume-t-elle. Je veux que les personnes deviennent autonomes le plus vite possible. »

Elle n’entend pas seulement intégrer les réfugiées par le travail, mais aussi par la religion. Si elles sont pratiquant­es, elle tente de les insérer dans les groupes religieux auxquels elles appartienn­ent. Elle a affirmé que cette méthode est très efficace et permet une plus rapide intégratio­n.

Prêt à rembourser

L’autre condition que Mme Leclair impose à toutes les réfugiées est de rembourser leur dette au gouverneme­nt. « Les réfugiées doivent payer leurs billets d’avion (mais) elles arrivent avec rien. Chaque réfugiée a une facture de 1700 $ en arrivant, y compris le médecin en chemin et la nourriture. C’est pour ça que je leur dis qu’elles doivent travailler le plus vite possible parce qu’elles doivent commencer à payer leur dette. Elles ont deux ans pour la payer sans avoir d’intérêts. Elles devront donc payer 70 $ par mois pour rembourser leur dette. C’est faisable. Je les motive. »

Selon elle, le remboursem­ent de cette dette véhicule un message important qu’elles doivent retenir : « Je ne veux pas faire comme la mère oiseau pour leur mettre tout cuit dans le bec. Il faut qu’elles se prennent en charge. Il faut qu’elles voient que les Canadiens travaillen­t pour survivre et elles doivent le faire aussi. Il faut absolument qu’elles apprennent ce message en arrivant. Sinon, elles diront au ‘Canada, c’est le paradis’. »

Le centre des Canadiens aussi

Le Centre Marguerite Center de PrescottRu­ssell n’accueille pas que des réfugiées. Sa mission principale est d’aider les femmes d’ici qui ont des enfants ou qui sont enceintes et qui veulent reprendre leur vie pour devenir autonomes.

L’organisme était situé à l’origine à Plantagene­t et ses membres allaient visiter les femmes dans les maisons. « Moi, j’avais vu qu’il n’arrivait aucun changement quand on faisait ça. Aucun, martèle-t-elle. Donc en 2002, cette maison (le bâtiment à L’Orignal) était à vendre. On n’a pas d’argent, et on a quand même pris le risque de commencer à l’acheter. On a finalement réussi à payer la dette. Ça a pris longtemps. Les femmes peuvent venir vivre ici. Elles peuvent aller à l’école, commencer à travailler, à sortir, puis on garde leur enfant en sécurité. »

Le conseil d’administra­tion du centre comprend quatre membres et Mme Leclair demande aux bonnes volontés de venir se joindre à elle pour continuer à porter secours aux femmes. « Je suis seule à tout faire. J’ai vraiment besoin de membres qui ont le feu au coeur, pas juste des membres qui sont des légumes », prévient la dame de 65 ans, qui pétille d’énergie et d’entrain.

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Pierrette Leclair, directrice du Centre Marguerite Center de Prescott-Russell.
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—photo Frédéric Hountondji

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