Le Carillon

YVAN JOLY entre dans la légende

Yvan Joly a été honoré à titre de 3e meilleur compteur de tous les temps des 67 d’Ottawa. Retour sur le riche parcours de ce prodige du hockey qui a joué aux États-Unis, en Italie, en Suisse, en Suède, en Finlande et un peu partout au Canada.

- FRÉDÉRIC HOUNTONDJI Frederic.hountondji@eap.on.ca

Si le proverbe dit « aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », Yvan Joly le prouve à merveille.

À 13 ans, Yvan Joly était déjà une véritable légende du hockey. Son passe-temps préféré s’est vite transformé en carrière qui l’amènera à évoluer pour de grandes équipes au Canada, aux États-Unis, en Italie, en Suisse, en Suède et en Finlande. C’est ce virtuose de la glace que le hockey canadien a honoré récemment à Ottawa en reconnaiss­ant le fait qu’il est le troisième meilleur compteur de tous les temps des 67 d’Ottawa.

L’évènement a eu lieu le 29 décembre dernier à la Place TD à Ottawa. Dans le cadre de son 50e anniversai­re, les 67 d’Ottawa avaient décidé de reconnaitr­e leurs 50 meilleurs joueurs. Yvan Joly figurait parmi ceux qui ont marqué l’histoire de cette prestigieu­se formation ontarienne. L’homme était d’ailleurs agréableme­nt surpris en apprenant la nouvelle le mois dernier.

Cela fait pourtant longtemps qu’il a accroché ses patins. Contre toute attente, le hockey est revenu frapper à la porte de celui qui occupe aujourd’hui la direction des ventes des journaux Le Carillon et Tribune

Express, une manière de le remercier et de le féliciter pour ses prouesses inoubliabl­es.

L’histoire d’Yvan Joly, qui est devenu une perle rare du hockey, n’a pas commencé dans les arénas. Sa carrière a plutôt commencé sur la glace qui se formait dans les rues.

« De mon temps, entre 1967 et 1980, il n’y avait que le hockey, » se rappelle M. Joly qui donnait le sentiment de vouloir retourner en enfance afin de revivre ces beaux moments de sa vie. « Tout le monde jouait au hockey dehors, dans la nature, sur

la glace à -20 degrés. On n’avait pas d’autre choix que d’aller jouer au hockey. C’est ça qu’on aimait faire. Il n’y avait pas de jeux électroniq­ues. »

Le petit qui joue dans la cour des grands

« J’ai commencé en tant que gardien de but, une position que j’ai occupée jusqu’à l’âge de 12 ans, se rappelle Yvan Joly. Puis, j’ai décidé de m’essayer comme joueur à l’attaque et ça a marché. À 13 ans, j’ai commencé à jouer avec des joueurs de ligue d’hommes. Ils m’ont laissé jouer et j’ai beaucoup appris en jouant avec ces gars-là, comme Richard Martel, Richard Morris, Bernard Laberge, Denis Gagnon, André Bougie et d'autres », s’est souvenu M. Joly.

L’homme est fort reconnaiss­ant et estime qu’il n’aurait pas été loin sans eux. « Après, quand j’ai atteint le niveau profession­nel, j’ai su que ces gars-là aussi avaient du talent pour jouer dedans, parce qu’ils étaient très intelligen­ts. J’ai appris d’eux et je me disais que le hockey était fort à Hawkesbury », s’est-il réjoui.

À 15 ans à peine, il jouait déjà pour les Hawks de Hawkesbury. Ces derniers avaient remporté toutes leurs rencontres dans la catégorie Junior B pour se rendre en finale où ils ont d’abord gagné à l’aller face à Morrisburg, qui a pris le dessus au match retour.

« En ce temps-là, les arénas étaient pleins à craquer. C’était vraiment du bon temps. Il y avait six autobus qui étaient venus de Hawkesbury pour nous soutenir à Morrisburg pour la finale. C’était incroyable. »

Fulgurante percée dans les 67 d’Ottawa

Il s’est révélé un redoutable ailier droit dont les brillantes prestation­s ne passaient jamais inaperçues. Chasseurs de têtes, recruteurs et autres éclaireurs l’ont vite détecté. Il a finalement été déniché par les 67 d’Ottawa.

« Je n’étais pas gros. J’étais tout petit. Je pesais 155 livres et mesurais 5 pieds 8. Pour me faire repêcher par ce club-là, je ne le croyais pas. J’étais petit, trop petit », n’arrivet-il toujours pas à s’expliquer.

S’il finit par trouver un début d’explicatio­n, c’est pour noter que sa force résidait dans la rapidité. « Mon atout, c’était dans la vitesse. C’était incroyable ! »

Celui qui l’avait repêché pour jouer au sein des 67 d’Ottawa, Brian Kilrea, aujourd’hui âgé de 83 ans, a poursuivi sa carrière jusqu’à 75 ans, devenant ainsi le plus vieil entraineur de la Ligue junior majeure de l’Ontario. Par le fait même, il détient le record du nombre de parties pendant lesquelles il a été l’entraineur.

Dans cette formation phare, Yvan Joly, qui avait 15 ans, multipliai­t toujours les prouesses. L’entraineur anglophone ne parlait pas un mot du français. C’est là que le jeune francophon­e a appris la langue de Shakespear­e. Il a en poche un diplôme de 12e année et a toutes les raisons de considérer que les 67 d’Ottawa représenta­ient pour lui une vraie école. « C’est dans le hockey, avec eux, que j’ai appris à parler l’anglais », a-t-il rappelé.

Le jeune hockeyeur a passé quatre années bien comptées dans l’organisati­on avec plusieurs belles actions au bout du bâton. L’un de ses meilleurs souvenirs est cette partie contre les Spitsfire de Windsor, qu’il avait dynamités à Ottawa, en marquant à lui seul cinq buts. Il a terminé son passage dans les 67 d’Ottawa en tant que troisième meilleur compteur de tous les temps, ce qui a été fêté à Ottawa.

Yvan Joly chez les Canadiens de Montréal

Yvan Joly n’a pas mis un point final à sa carrière de hockeyeur avec les 67. II est allé encore plus loin, loin de l’Ontario, loin du Canada.

Il s’est d’abord ouvert royalement les portes du mythique Canadien de Montréal, qui l’a repêché en 1979 pour un contrat de trois ans. À l’époque, l’équipe dominait les séries en régnant presque sans partage sur la Coupe Stanley.

C’est alors qu’Yvan Joly fera les frais du proverbe selon lequel « le bonheur des uns fait le malheur des autres », car bien que repêché, il n’avait pas de place. Il a alors été envoyé en Nouvelle-Écosse afin d’évoluer au sein de l’équipe des Voyageurs de Halifax, un club affilié aux Canadiens de Montréal.

Malgré ses belles performanc­es, on ne le faisait pas monter. Il a commencé à déchanter avec les Canadiens qui semblent lui avoir laissé, à analyser ses propos, ses pires souvenirs dans le hockey.

« Là j’aurais pu avoir la chance de me sauver avec les Canadiens, mais c’était raté. J’ai toujours joué pour avoir du plaisir, mais quand tu es si proche de jouer dans la grosse ligue et de ne pas y arriver, c’est dur à accepter. Dans les mineurs quand j’étais dans le club ferme, les Voyageurs de Halifax, j’ai compté 43 buts en 76 parties. Ils ne montent pas non plus, c’est quoi le problème », fulminait M. Joly, que la rafale du hockey a éloigné de ses parents à l’âge de 13 ans.

Carrière internatio­nale

Déçu de constater qu’avec les Canadiens de Montréal, nul n’est prophète chez soi, le natif de Hawkesbury décide d’aller monnayer ses talents hors de son pays. Direction l’Europe d’abord. Il pose ses valises en Italie pour un an et ensuite en Suisse pour six mois. Après y avoir fait une belle expérience, il a mis le cap sur les États-Unis et a évolué dans la ligue américaine aux côtés des Main Mariners. Avec ce club-école de New Jersey, Yvan Joly a remporté la Calder Cup America en 1984.

À la fin de sa carrière là-bas, Yvan Joly est revenu au pays. Il a été entraineur pendant une quinzaine d’années des Hawks de Hawkesbury, des Panthères de Saint-Jérôme et des Éperviers de Contrecoeu­r. Ainsi les jeunes ont pu bénéficier de ses immenses connaissan­ces en matière de hockey. Il a aussi représenté durant deux ans Équipe Canada junior en Suède en 1977-1978 et 1978-1979 en Finlande.

Lui, qui au départ ne s’est jamais imaginé un instant pouvoir gagner une partie de sa vie dans ce sport élevé au rang de religion au Canada, a réalisé à la fin de sa brillante carrière 398 points, 183 buts et 215 passes.

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—photo fournie Yvan Joly avec son entraineur et ami, Brian Kilrea (à gauche), ainsi que ses anciens coéquipier­s, Tim Higgins (à l'arrière) et Doug Crossman.
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 ?? —photo fournie ?? Yvan Joly signant son contrat avec les Canadiens de Montréal.
—photo fournie Yvan Joly signant son contrat avec les Canadiens de Montréal.
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—photo fournie Yvan Joly avec Guy Lafleur, joueur étoile à l’époque des Canadiens de Montréal.

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