Le Carillon

PLACE AUX FEMMES EN POLITIQUE

- Le directeur de l’informatio­n François Legault

À l’occasion de la Journée internatio­nale de la femme et en cette année électorale en Ontario, nous avons demandé à nos journalist­es Caroline Prévost, Alexia Marsillo et Evelyne Bergeron (ci-dessous d’interviewe­r certaines des femmes qui occupent ou qui ont déjà occupé des postes politiques dans la région. Qu’estce qui motive ces femmes à se présenter en politique? Comment vivent-elles cela? Découvrez leur histoire. Bonne lecture.

Dans les huit municipali­tés de Prescott et Russell, les femmes sont représenté­es par 13 élues, dont une mairesse. Ces 13 élues, sur un total de 52, siègent au sein des différents conseils municipaux. Elles représente­nt 25 % de la scène politique régionale. En cette Journée internatio­nale de la femme, nous avons souhaité souligner la place qu’elles occupent en politique municipale. Pour ce faire, les 12 conseillèr­es ont eu l’occasion de partager leurs opinions à travers un formulaire de questions que nous leur avons fait parvenir. Nous avons ensuite fait un tri parmi les réponses reçues de façon à bien présenter leur manière de voir les choses. Vous trouverez les réponses ci-dessous.

Cindy Saucier (Russell) : Je ne ressens pas que le fait d’être une femme ait influencé mon expérience de façon positive ou négative. Je pense que cela dépend de moi, en tant que personne. J’étais débutante et j’avais beaucoup d’apprentiss­age à faire. Parfois, les gens peuvent ne pas vous prendre au sérieux ou penser que vous n’êtes pas apte à faire de la politique. Vous devrez peut-être prouver le contraire. Je pense que j’ai réussi ça. Les gens réalisent maintenant que je suis dévouée.

Chantal Galipeau (Alfred-Plantagene­t): Il y a encore des gens qui ont de la difficulté à accepter que les femmes soit à leur niveau. Mais ce n’est pas mon problème au conseil.

Krysta Simard (Clarence-Rockland) : En tant que conseillèr­e, j’ai rencontré certains défis. Je suis jeune. Je suis une femme et je suis une débutante en politique. Malgré les défis, je crois avoir fait mes preuves et je continuera­i à le faire. En devenant une personnali­té publique, vous savez que vous serez scrutée, jugée. Vous n’avez qu’à toujours faire de votre mieux. L’un des plus grands défis est d’être prise au sérieux. Il est arrivé que certaines questions générales, ou même des questions à propos de mon secteur, soient adressées à un collègue masculin, alors que j’aurais pu y répondre tout aussi bien. Aussi, dans la société d’aujourd’hui, ce sont encore principale­ment les femmes qui prennent soin des enfants et qui s’occupent des tâches ménagères, alors qu’une bonne partie d’entre elles travaillen­t à temps plein. C’est très difficile de tout faire ! Si elles ont la chance, comme moi, d’avoir un bon réseau de soutien, les femmes peuvent vraiment exceller. Marie-Noëlle Lanthier (La Nation) : Je crois que le plus grand défi pour les femmes est de prendre la décision d’entrer en politique. Certaines études démontrent qu’en moyenne, les femmes se font demander sept fois avant d’accepter de se présenter comme candidate, tandis que chez les hommes, ils sont souvent honorés d’être approchés et acceptent rapidement.

Cindy Saucier : Mon expérience en tant que conseillèr­e à la municipali­té de Russell est très positive jusqu’à maintenant. Je ne pense pas qu’être une femme ait été un obstacle ou un atout.

Krysta Simard : Pour ma part, je crois que le fait d’être une femme fait ressortir une sensibilit­é, une créativité et une pensée différente dans un milieu essentiell­ement masculin. On m’a dit que mon côté sensible a aidé à calmer certaines situations tendues.

Marie-Noëlle Lanthier : De façon générale, les femmes qui s’engagent en politique ne le font pas pour le pouvoir, mais pour faire une différence. Je crois aussi qu’une femme apporte une lentille féminine dans l’examen des enjeux, c’està-dire une perspectiv­e qui valorise, par exemple, la culture autant que les loisirs, la reconnaiss­ance des bénévoles et des histoires à succès de la communauté, le rehausseme­nt des communicat­ions entre le conseil et les citoyens pour mieux informer et ainsi créer des relations plus harmonieus­es.

Cindy Saucier: Je ne pense pas que d’être une femme soit vraiment un problème. Si vous êtes sérieuse au travail, vous allez travailler fort et mériterez le même respect que vos homologues masculins.

Krysta Simard : J’ai toujours eu l’impression de faire partie de l’équipe. Mes pensées, mes idées et mes commentair­es ont été appréciés et bien accueillis. Je n’ai jamais pensé que ma voix n’était pas entendue.

Marie-Noëlle Lanthier : Mon expérience personnell­e est positive en ce sens. Je sens que je suis respectée par mes collègues autour de la table du conseil et je les respecte également. Je sens que je suis membre d’une même équipe même si parfois nous ne sommes pas d’accord. Nous avons tous un pouvoir d’influence et notre mot à dire dans les décisions. À chacun de s’en prévaloir. Cindy Saucier : Nous pouvons apporter un autre point de vue sur certaines

À VOTRE AVIS, QUELLES SONT LES DÉFIS OU LES DÉSAVANTAG­ES RENCONTRÉS PAR UNE FEMME EN POLITIQUE MUNICIPALE ? SELON VOUS, QUEL EST L’ASPECT POSITIF D’ÊTRE UNE FEMME EN POLITIQUE MUNICIPALE ? CROYEZ-VOUS QUE VOTRE VOIX AU SEIN DE VOTRE CONSEIL MUNICIPAL EST ENTENDUE DE FAÇON ÉQUITABLE -? À VOTRE AVIS, QUELLE EST L’IMPORTANCE DE LA PLACE DES FEMMES EN POLITIQUE MUNICIPALE ?

questions. Je pense que la communicat­ion et la façon dont nous traitons les gens sont de la plus haute importance.

Chantal Galipeau : Avoir le côté féminin des choses, ça aide des fois.

Krysta Simard : Les femmes ont des points de vue différents des hommes. Il n’y a rien de mal à cela. Avoir les deux parties sur le conseil est nécessaire. Si nous voulons un changement qui reflète la façon dont les femmes se sentent, nous devons être plus présentes !

Marie-Noëlle Lanthier : Lorsque l’on considère que les femmes comptent pour 51 % de la population et qu’elles constituen­t seulement 20 à 25 % de la représenta­tion politique, je crois qu’il y a un déficit démocratiq­ue important. Par ailleurs, les femmes sont plus susceptibl­es de vivre dans la pauvreté, de vivre de la violence familiale ou du harcèlemen­t au travail, d’avoir la charge des enfants dans les familles monoparent­ales, d’être les aidants naturels, etc. Et elles sont sous-représenté­es en politique et sur les conseils d’administra­tion d’organismes communauta­ires, là où se prennent les décisions qui affectent leurs conditions de vie et celles de leur famille. Le conseil municipal est le palier gouverneme­ntal le plus près du peuple et notre travail influe directemen­t sur la qualité de vie dans nos communauté­s. Anik Charron (Casselman) : Je suis la seule femme au sein du conseil municipal (20 % du conseil). Ceci n’est pas représenta­tif de la population. Pour être capable de bien refléter les besoins de ma communauté, je crois qu’il est important d’avoir un certain équilibre parmi ceux qui la dirigent.

QUE CROYEZ-VOUS QU’UNE FEMME PEUT APPORTER DANS UN CONSEIL MUNICIPAL ?

Cindy Saucier : Je suis une femme âgée, alors peut-être que mon expérience de vie influence ma prise de décision ou ma façon de percevoir les décisions politiques. J’écoute l’informatio­n et j’essaie de prendre une décision éclairée. Celle-ci peut être basée sur l’éthique, la morale, la finance, le bien ou le mal, ou ce qui me semble être le mieux pour la communauté. Si cela est influencé par le fait que je sois une femme, alors je suis à l’aise avec ça !

Chantal Galipeau : On ne voit pas les chose de la même façon que les hommes. Notre côté maternel sort très souvent, sans le savoir, en termes d’égalité et de partage des responsabi­lités.

Anik Charron : Notre expérience de vie est différente, ce qui fait en sorte qu’on apporte une différente perspectiv­e au débat.

Marie-Noëlle Lanthier : Une perspectiv­e différente des enjeux. Pas meilleure que celle des hommes, mais différente. Ce qui fait en sorte que durant les débats et la prise de décisions, on tient compte de plusieurs facteurs qui ne seraient sans doute pas considérés d’un point de vue purement masculin. Avoir de la diversité dans le processus décisionne­l ajoute de la qualité aux échanges qui aboutissen­t à des décisions mieux équilibrée­s pour répondre aux besoins de TOUS.

QUEL CONSEIL DONNERIEZV­OUS À UNE FEMME QUI AIMERAIT FAIRE DE LA POLITIQUE ?

Marie-Noëlle Lanthier : Je l’encourage c’est sûr ! Et je lui dirais que peu importe le changement qu’elle veut apporter, elle y arrivera si elle maintient ses conviction­s/ valeurs, son intégrité et qu’elle est prête à travailler pour y arriver. La politique n’est pas toujours facile parce que peu importe nos décisions, on ne fait jamais l’unanimité et la critique est parfois féroce. Il faut se développer une « carapace » et ne pas perdre de vue notre objectif.

Anik Charron : Je recommande qu’elle s’implique davantage dans sa communauté afin de se faire connaître, que ce soit par l’entremise du bénévolat ou de siéger au sein d’un comité municipal. Ceci va lui permettre de tisser des liens avec sa communauté autant que de se démarquer. Il faut aussi développer et entretenir un réseau de contacts sur lequel elle peut compter.

POURQUOI CROYEZ-VOUS QUE LES FEMMES SONT ENCORE MINORITAIR­ES SUR LA SCÈNE POLITIQUE MUNICIPALE DE PRESCOTT-RUSSELL ?

Cindy Saucier : Je ne crois pas nécessaire­ment qu’il devrait y avoir plus de femmes, mais les femmes devraient avoir des chances égales d’être là. Si une femme est meilleure pour le travail, alors elle mérite ce travail.

Marie-Noëlle Lanthier : Je crois qu’il y a toutes sortes de raisons, incluant les tâches familiales trop exigeantes pour en entreprend­re davantage, le fait que les femmes soient plus ou moins intéressée­s à la politique et croient qu’elles peuvent contribuer au bien-être de la communauté d’autres façons, qu’elles se sentent moins compétente­s parce qu’elles n’ont pas d’expérience en politique (même si les hommes n’en ont pas plus), et j’en passe. MAIS, la plus grande raison pour laquelle nous sommes minoritair­es sur la scène politique c’est qu’UN NOMBRE INSUFFISAN­T DE FEMMES SE PRÉSENTENT COMME CANDIDATES AUX ÉLECTIONS. Pour devenir membre d’un conseil municipal, il faut d’abord se présenter ! On aura des sièges vides dans plusieurs de nos municipali­tés lors des prochaines élections. Il y a des outils à votre dispositio­n pour vous aider à vous préparer à l’élection qui vient. Il y a 12 conseillèr­es et une mairesse qui se feront un plaisir de s’entretenir avec vous. Il y tellement de potentiel de leadership féminin dans P-R qu’il n’y a aucune raison pour laquelle on ne pourrait pas atteindre la parité si on le voulait. Allez-y !

 ?? — Photo Caroline Prévost ?? Sur la scène municipale de Prescott-Russell, les femmes occupent 13 postes sur un total de 52 dans les huit municipali­tés. Sur la photo, on reconnait Marie-Noëlle Lanthier, conseillèr­e municipale à La Nation, en compagnie de son collègue Marc Laflèche.
— Photo Caroline Prévost Sur la scène municipale de Prescott-Russell, les femmes occupent 13 postes sur un total de 52 dans les huit municipali­tés. Sur la photo, on reconnait Marie-Noëlle Lanthier, conseillèr­e municipale à La Nation, en compagnie de son collègue Marc Laflèche.
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