PLACE AUX FEMMES EN POLITIQUE
À l’occasion de la Journée internationale de la femme et en cette année électorale en Ontario, nous avons demandé à nos journalistes Caroline Prévost, Alexia Marsillo et Evelyne Bergeron (ci-dessous d’interviewer certaines des femmes qui occupent ou qui ont déjà occupé des postes politiques dans la région. Qu’estce qui motive ces femmes à se présenter en politique? Comment vivent-elles cela? Découvrez leur histoire. Bonne lecture.
Dans les huit municipalités de Prescott et Russell, les femmes sont représentées par 13 élues, dont une mairesse. Ces 13 élues, sur un total de 52, siègent au sein des différents conseils municipaux. Elles représentent 25 % de la scène politique régionale. En cette Journée internationale de la femme, nous avons souhaité souligner la place qu’elles occupent en politique municipale. Pour ce faire, les 12 conseillères ont eu l’occasion de partager leurs opinions à travers un formulaire de questions que nous leur avons fait parvenir. Nous avons ensuite fait un tri parmi les réponses reçues de façon à bien présenter leur manière de voir les choses. Vous trouverez les réponses ci-dessous.
Cindy Saucier (Russell) : Je ne ressens pas que le fait d’être une femme ait influencé mon expérience de façon positive ou négative. Je pense que cela dépend de moi, en tant que personne. J’étais débutante et j’avais beaucoup d’apprentissage à faire. Parfois, les gens peuvent ne pas vous prendre au sérieux ou penser que vous n’êtes pas apte à faire de la politique. Vous devrez peut-être prouver le contraire. Je pense que j’ai réussi ça. Les gens réalisent maintenant que je suis dévouée.
Chantal Galipeau (Alfred-Plantagenet): Il y a encore des gens qui ont de la difficulté à accepter que les femmes soit à leur niveau. Mais ce n’est pas mon problème au conseil.
Krysta Simard (Clarence-Rockland) : En tant que conseillère, j’ai rencontré certains défis. Je suis jeune. Je suis une femme et je suis une débutante en politique. Malgré les défis, je crois avoir fait mes preuves et je continuerai à le faire. En devenant une personnalité publique, vous savez que vous serez scrutée, jugée. Vous n’avez qu’à toujours faire de votre mieux. L’un des plus grands défis est d’être prise au sérieux. Il est arrivé que certaines questions générales, ou même des questions à propos de mon secteur, soient adressées à un collègue masculin, alors que j’aurais pu y répondre tout aussi bien. Aussi, dans la société d’aujourd’hui, ce sont encore principalement les femmes qui prennent soin des enfants et qui s’occupent des tâches ménagères, alors qu’une bonne partie d’entre elles travaillent à temps plein. C’est très difficile de tout faire ! Si elles ont la chance, comme moi, d’avoir un bon réseau de soutien, les femmes peuvent vraiment exceller. Marie-Noëlle Lanthier (La Nation) : Je crois que le plus grand défi pour les femmes est de prendre la décision d’entrer en politique. Certaines études démontrent qu’en moyenne, les femmes se font demander sept fois avant d’accepter de se présenter comme candidate, tandis que chez les hommes, ils sont souvent honorés d’être approchés et acceptent rapidement.
Cindy Saucier : Mon expérience en tant que conseillère à la municipalité de Russell est très positive jusqu’à maintenant. Je ne pense pas qu’être une femme ait été un obstacle ou un atout.
Krysta Simard : Pour ma part, je crois que le fait d’être une femme fait ressortir une sensibilité, une créativité et une pensée différente dans un milieu essentiellement masculin. On m’a dit que mon côté sensible a aidé à calmer certaines situations tendues.
Marie-Noëlle Lanthier : De façon générale, les femmes qui s’engagent en politique ne le font pas pour le pouvoir, mais pour faire une différence. Je crois aussi qu’une femme apporte une lentille féminine dans l’examen des enjeux, c’està-dire une perspective qui valorise, par exemple, la culture autant que les loisirs, la reconnaissance des bénévoles et des histoires à succès de la communauté, le rehaussement des communications entre le conseil et les citoyens pour mieux informer et ainsi créer des relations plus harmonieuses.
Cindy Saucier: Je ne pense pas que d’être une femme soit vraiment un problème. Si vous êtes sérieuse au travail, vous allez travailler fort et mériterez le même respect que vos homologues masculins.
Krysta Simard : J’ai toujours eu l’impression de faire partie de l’équipe. Mes pensées, mes idées et mes commentaires ont été appréciés et bien accueillis. Je n’ai jamais pensé que ma voix n’était pas entendue.
Marie-Noëlle Lanthier : Mon expérience personnelle est positive en ce sens. Je sens que je suis respectée par mes collègues autour de la table du conseil et je les respecte également. Je sens que je suis membre d’une même équipe même si parfois nous ne sommes pas d’accord. Nous avons tous un pouvoir d’influence et notre mot à dire dans les décisions. À chacun de s’en prévaloir. Cindy Saucier : Nous pouvons apporter un autre point de vue sur certaines
À VOTRE AVIS, QUELLES SONT LES DÉFIS OU LES DÉSAVANTAGES RENCONTRÉS PAR UNE FEMME EN POLITIQUE MUNICIPALE ? SELON VOUS, QUEL EST L’ASPECT POSITIF D’ÊTRE UNE FEMME EN POLITIQUE MUNICIPALE ? CROYEZ-VOUS QUE VOTRE VOIX AU SEIN DE VOTRE CONSEIL MUNICIPAL EST ENTENDUE DE FAÇON ÉQUITABLE -? À VOTRE AVIS, QUELLE EST L’IMPORTANCE DE LA PLACE DES FEMMES EN POLITIQUE MUNICIPALE ?
questions. Je pense que la communication et la façon dont nous traitons les gens sont de la plus haute importance.
Chantal Galipeau : Avoir le côté féminin des choses, ça aide des fois.
Krysta Simard : Les femmes ont des points de vue différents des hommes. Il n’y a rien de mal à cela. Avoir les deux parties sur le conseil est nécessaire. Si nous voulons un changement qui reflète la façon dont les femmes se sentent, nous devons être plus présentes !
Marie-Noëlle Lanthier : Lorsque l’on considère que les femmes comptent pour 51 % de la population et qu’elles constituent seulement 20 à 25 % de la représentation politique, je crois qu’il y a un déficit démocratique important. Par ailleurs, les femmes sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, de vivre de la violence familiale ou du harcèlement au travail, d’avoir la charge des enfants dans les familles monoparentales, d’être les aidants naturels, etc. Et elles sont sous-représentées en politique et sur les conseils d’administration d’organismes communautaires, là où se prennent les décisions qui affectent leurs conditions de vie et celles de leur famille. Le conseil municipal est le palier gouvernemental le plus près du peuple et notre travail influe directement sur la qualité de vie dans nos communautés. Anik Charron (Casselman) : Je suis la seule femme au sein du conseil municipal (20 % du conseil). Ceci n’est pas représentatif de la population. Pour être capable de bien refléter les besoins de ma communauté, je crois qu’il est important d’avoir un certain équilibre parmi ceux qui la dirigent.
QUE CROYEZ-VOUS QU’UNE FEMME PEUT APPORTER DANS UN CONSEIL MUNICIPAL ?
Cindy Saucier : Je suis une femme âgée, alors peut-être que mon expérience de vie influence ma prise de décision ou ma façon de percevoir les décisions politiques. J’écoute l’information et j’essaie de prendre une décision éclairée. Celle-ci peut être basée sur l’éthique, la morale, la finance, le bien ou le mal, ou ce qui me semble être le mieux pour la communauté. Si cela est influencé par le fait que je sois une femme, alors je suis à l’aise avec ça !
Chantal Galipeau : On ne voit pas les chose de la même façon que les hommes. Notre côté maternel sort très souvent, sans le savoir, en termes d’égalité et de partage des responsabilités.
Anik Charron : Notre expérience de vie est différente, ce qui fait en sorte qu’on apporte une différente perspective au débat.
Marie-Noëlle Lanthier : Une perspective différente des enjeux. Pas meilleure que celle des hommes, mais différente. Ce qui fait en sorte que durant les débats et la prise de décisions, on tient compte de plusieurs facteurs qui ne seraient sans doute pas considérés d’un point de vue purement masculin. Avoir de la diversité dans le processus décisionnel ajoute de la qualité aux échanges qui aboutissent à des décisions mieux équilibrées pour répondre aux besoins de TOUS.
QUEL CONSEIL DONNERIEZVOUS À UNE FEMME QUI AIMERAIT FAIRE DE LA POLITIQUE ?
Marie-Noëlle Lanthier : Je l’encourage c’est sûr ! Et je lui dirais que peu importe le changement qu’elle veut apporter, elle y arrivera si elle maintient ses convictions/ valeurs, son intégrité et qu’elle est prête à travailler pour y arriver. La politique n’est pas toujours facile parce que peu importe nos décisions, on ne fait jamais l’unanimité et la critique est parfois féroce. Il faut se développer une « carapace » et ne pas perdre de vue notre objectif.
Anik Charron : Je recommande qu’elle s’implique davantage dans sa communauté afin de se faire connaître, que ce soit par l’entremise du bénévolat ou de siéger au sein d’un comité municipal. Ceci va lui permettre de tisser des liens avec sa communauté autant que de se démarquer. Il faut aussi développer et entretenir un réseau de contacts sur lequel elle peut compter.
POURQUOI CROYEZ-VOUS QUE LES FEMMES SONT ENCORE MINORITAIRES SUR LA SCÈNE POLITIQUE MUNICIPALE DE PRESCOTT-RUSSELL ?
Cindy Saucier : Je ne crois pas nécessairement qu’il devrait y avoir plus de femmes, mais les femmes devraient avoir des chances égales d’être là. Si une femme est meilleure pour le travail, alors elle mérite ce travail.
Marie-Noëlle Lanthier : Je crois qu’il y a toutes sortes de raisons, incluant les tâches familiales trop exigeantes pour en entreprendre davantage, le fait que les femmes soient plus ou moins intéressées à la politique et croient qu’elles peuvent contribuer au bien-être de la communauté d’autres façons, qu’elles se sentent moins compétentes parce qu’elles n’ont pas d’expérience en politique (même si les hommes n’en ont pas plus), et j’en passe. MAIS, la plus grande raison pour laquelle nous sommes minoritaires sur la scène politique c’est qu’UN NOMBRE INSUFFISANT DE FEMMES SE PRÉSENTENT COMME CANDIDATES AUX ÉLECTIONS. Pour devenir membre d’un conseil municipal, il faut d’abord se présenter ! On aura des sièges vides dans plusieurs de nos municipalités lors des prochaines élections. Il y a des outils à votre disposition pour vous aider à vous préparer à l’élection qui vient. Il y a 12 conseillères et une mairesse qui se feront un plaisir de s’entretenir avec vous. Il y tellement de potentiel de leadership féminin dans P-R qu’il n’y a aucune raison pour laquelle on ne pourrait pas atteindre la parité si on le voulait. Allez-y !