Le Carillon

L’IMMIGRATIO­N FRANCOPHON­E JOUE UN RÔLE PRIMORDIAL

L’une des bases d’une société en santé passe par l’immigratio­n. Et la pérennité du fait français en Ontario passe par l’immigratio­n francophon­e. Mais a-t-on compris, dans certaines régions, l’importance de ce fait ?

- ANNIE LAFORTUNE annie.lafortune@eap.on.ca

Il en a été discuté de long en large, le 6 novembre dernier à Rockland, où un petit groupe de personnes représenta­nt des associatio­ns de Prescott-Russell s’étaient déplacées pour écouter la conférenci­ère, sociologue et consultant­e en immigratio­n Maryse Birmingham, arrivée en 1963 d’Haïti. Elle travaille depuis plusieurs années à l’insertion des nouveaux arrivants.

« Quiconque pense s’installer au Canada et qui vit dans un pays d’expression française, membre de la francophon­ie, pense que le fait français est à Montréal », a-t-elle dit d’entrée de jeu. Mme Birmingham a expliqué qu’avec l’Union européenne, il y aura moins d’immigrants provenant de l’Europe. « L’immigratio­n européenne représente moins de 1 % », a-t-elle expliqué. Le continent francophon­e par excellence est l’Afrique selon la sociologue. « Il y a 27 pays d’expression française sur ce continent. En Europe, il y en a quatre, soit la Suisse, la France, la Belgique et le Luxembourg. L’Amérique n’en compte qu’un seul. »

Selon Mme Birmingham, au bout de deux ou trois ans, les nouveaux arrivants s’installero­nt et s’intègreron­t au milieu anglophone. Pourquoi ? « On ne s’en occupe pas. Les immigrants francophon­es n’ont pas l’informatio­n nécessaire quand ils arrivent en Ontario. On dit aux futurs immigrants que tout le monde au Canada parle les deux langues. Moi, je parle de théorie du complot. Quand les avions transporta­nt des membres de la francophon­ie atterrisse­nt à un aéroport au Canada, tous les agents bilingues sont étrangemen­t en congé ce jour-là… Donc on se rend compte que le français est décoratif et que sans l’anglais on n’y arrivera pas », a-t-elle souligné. Mme Birmingham pèse sur le fait qu’ils (les immigrés francophon­es) ne savent pas qu’il y a des écoles de langue française en Ontario. «

Je me bats depuis 22 ans avec le ministère de l’Immigratio­n pour que l’on mette le numéro de téléphone des Conseils scolaires francophon­es de l’Ontario dans les documents qu’on leur remet quand ils vont chercher leur visa », s’est-elle indignée.

Cette dernière a expliqué que les immigrants francophon­es en Ontario se disent qu’ils ne trouveront pas d’emplois, car ils ne parlent pas anglais. Ils sont pratiqueme­nt livrés aux anglophone­s. Mme Birmingham répète qu’il faut encourager les parents francophon­es nouveaux arrivants à envoyer leurs enfants dans les écoles de langue française.

« Les anglophone­s sont plus recrutés dans les collèges et université­s que les immigrants francophon­es. Il nous faut un recrutemen­t massif, comme les anglophone­s font, basé sur les besoins de main-d’oeuvre, mais aussi basé sur ceux qui peuvent venir pour contribuer à maintenir cette francophon­ie. Ensuite, il faut les retenir et, pour cela, il faut pouvoir leur offrir la capacité de se développer économique­ment, a-t-elle poursuivi. Les communauté­s en région doivent être capables de répondre à leur besoin, du point de vue du travail et du logement aussi. Il y a beaucoup de nouveaux arrivants qui pensent qu’en région, il n’y a rien pour eux. » Rappelons qu’en Ontario, il y a une importante demande d’enseignant­s francophon­es dans les écoles d’immersion francophon­e. La conférenci­ère donne l’exemple de Windsor, qui fait une campagne auprès du ministère de l’Immigratio­n pour recevoir des francophon­es, particuliè­rement des réfugiés, afin de revitalise­r sa communauté.

Mais pourquoi avoir tant d’immigrants? Pour la sociologue, le Canada est parmi les trois pays au monde qui connaissen­t un taux de dénatalité qui ont déjà dépassé l’urgence. L’âge moyen se situe entre 60 et 75 ans, et l’espérance de vie d’un Franco-canadien est de cinq ans de moins qu’un Anglo-canadien. C’est la raison pour laquelle on ne se renouvèle pas.

Chaque communauté en région doit se renouveler pour répondre au besoin du manque de main-d’oeuvre, selon elle. Donner la possibilit­é aux immigrants francophon­es de s’y installer en leur offrant des services, des logements, et pour raviver non seulement la communauté, et pour préserver la langue. w « En tant que minorité, on ne peut pas se permettre de perdre les immigrants francophon­es. Si on veut rester dans la francophon­ie, il faut garder à l’esprit que l’immigratio­n joue un rôle primordial, sinon essentiel », a conclu Mme Birmingham.

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—photo Annie Lafortune « Je me bats depuis 22 ans avec le ministère de l’Immigratio­n pour que l’on mette le numéro de téléphone des conseils scolaires francophon­es de l’Ontario dans les documents qu’on leur remet quand ils vont chercher leur visa », s’est indignée Mme Birmingham
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