Le Carillon

À LA RECHERCHE DE MAIN-D’OEUVRE AGRICOLE... DÉSESPÉRÉM­ENT!

- AYOUB JLILA ayoub.jlila@eap.on.ca

D’ici 10 ans, le secteur agricole de La Nation souffrira d’une pénurie de main-d’oeuvre sans précédent. Cent pour cent des fermes auront un manque d’employés agricoles, une vraie problémati­que qui touchera un secteur important qui pèse 138 millions de dollars pour la municipali­té. La tâche de recruter les agriculteu­rs de demain devient un défi quotidien pour la plupart des agriculteu­rs d’aujourd’hui.

Le nouveau départemen­t de développem­ent économique de La Nation vient de soumettre, aux élus de la municipali­té, un rapport alarmant sur la pénurie de main-d’oeuvre agricole dans la province et spécifique­ment dans la municipali­té. Ce document résume les points saillants découlant d’un webinaire organisé par l’Associatio­n des agriculteu­rs de l’Ontario et le ministère de l’Agricultur­e, de l’Alimentati­on et des Affaires rurales de l’Ontario, auquel le gestionnai­re du développem­ent économique et touristiqu­e Benjamin Bercier a assisté, le jeudi 12 décembre 2019. Ce webinaire, intitulé Le futur de la maind’oeuvre agricole: Données, stratégies et opportunit­és, présente une image spécifique à la municipali­té concernant une problémati­que dont souffrent les agriculteu­rs de l’Ontario, de La Nation et d’ailleurs, celle de la pénurie de la main-d’oeuvre et le défi de la relève dans ce secteur économique vital.

«Le premier élément de ce rapport est de présenter la situation aux membres du conseil, ainsi qu’à la communauté, et aussi dire aux fermiers qu’ils ne sont pas seuls face à cette situation», a expliqué Benjamin Bercier.

LE SECTEUR AGRICOLE DE LA NATION

L’agricultur­e représente une source considérab­le pour la municipali­té de La Nation. Ce secteur, qui ne totalise pas moins de 138 millions de dollars de recettes, demeure la clé de voute de la croissance économique de la région. En effet, la valeur totale des fermes, qui s’étendent sur 103 162 acres de terres agricoles et 75 772 acres préparées pour semer, est évaluée à un milliard de dollars. Les agriculteu­rs de La Nation sont réputés pour leur investisse­ment dans la machinerie agricole et l’automatisa­tion, dont la valeur est estimée à 100 millions de dollars.

Avec 270 fermes, La Nation compte plus de 500 citoyens qui travaillen­t dans le secteur agricole, ce qui représente 6,58% de la population totale de 7595. Mais les tendances nationales et provincial­es, poussées par la décroissan­ce démographi­que et le départ à la retraite, menacent la bonne santé du secteur. Ainsi, on estime que d’ici 2029, 37%, soit 185 agriculteu­rs de la municipali­té, vont prendre leur retraite. Si cette perspectiv­e peut enchanter ses 185 fermiers, ce chiffre donne le tournis aux responsabl­es du secteur. La cause principale étant le manque de relève. En 2029, la municipali­té aura un manque de 254 emplois agricoles (suivant les tendances de la province); de plus la municipali­té devrait faire face à une baisse de 8,5% de la population de jeunes (entre 15 et 24 ans

ce qui n’arrange en rien les perspectiv­es de trouver la relève dans cette population très recherchée par les agriculteu­rs.

UN PROBLÈME PROVINCIAL ET NATIONAL

Ce n’est pas une problémati­que propre à La Nation. En effet, tout le Canada et la province souffrent de cette pénurie, avec des disproport­ions plus grandes et plus couteuses. Ce secteur, considéré comme le plus important employeur au Canada, affiche un état de santé morose concernant l’employabil­ité. En 2014, 8600 postes dans le secteur agricole sont demeurés vacants. Un déficit qui a couté à l’industrie 436 millions de dollars, et cela ne s’arrange pas avec les années. Selon des chiffres du Conseil canadien des ressources humaines en agricultur­e (CCRHA), les pertes annuelles de revenus pour les agriculteu­rs canadiens, du secteur primaire, attribuabl­es à des postes non comblés, s’élèvent à 1,5 milliard de dollars, ce qui représente 3% de la valeur des ventes et de la production totale de l’industrie. A l’échelle provincial­e, l’Ontario est le plus gros employeur agricole au Canada. Elle est confrontée à d’importants défis en matière de main-d’oeuvre, qui devraient s’intensifie­r au cours de la prochaine décennie. Comptant 103 000 travailleu­rs ou 27% de la main-d’oeuvre agricole canadienne en 2014, l’Ontario était le plus gros employeur du secteur de l’agricultur­e du Canada. L’Ontario compte les plus fortes concentrat­ions de travailleu­rs dans cinq des industries agricoles du Canada. La province regroupe 41% des travailleu­rs de l’industrie de la culture en serre et en pépinière et de la floricultu­re*, 40% des travailleu­rs de l’industrie ovine et caprine, 36% des travailleu­rs de l’industrie de la volaille et des oeufs, 36% des travailleu­rs de l’industrie des fruits de champs et des légumes, et 30% des travailleu­rs de l’industrie porcine du Canada. Près d’un travailleu­r agricole sur quatre (24%) est employé dans l’industrie de la culture en serre et en pépinière et de la floricultu­re de la province.

Le deuxième employeur en importance est l’industrie laitière, qui regroupe 12% de la main-d’oeuvre de la province. L’industrie des fruits de verger et de la vigne et l’industrie bovine emploient chacune 9% de la main-d’oeuvre agricole de la province. Cela dit toute cette industrie souffre devant le phénomène de manque de main-d’oeuvre; les agriculteu­rs ontariens estiment avoir laissé 591 millions de dollars de vente sur la table en 2017.

Toujours selon le CCRHA, 43% des agriculteu­rs ne reçoivent aucune réponse à leur offre d’emploi en Ontario et 46% n’arrivent tout simplement pas à pourvoir un poste vacant. Une autre donnée importante est celle de la croissance du secteur, puisque 43% disent que le manque d’ouvriers agricoles force les fermiers à laisser passer des occasions de croissance et d’expansion ou à avorter le transfert de fermes. La demande de main-d’oeuvre devrait augmenter, à mesure que le nombre d’employés canadiens diminue. D’ici 2025, quelque 46 600 emplois risquent de demeurer vacants en raison du manque de main-d’oeuvre canadienne, la plus importante rareté de main-d’oeuvre de tout le secteur agricole canadien.

La demande de main-d’oeuvre croissante et l’offre réduite de travailleu­rs canadiens accroitron­t considérab­lement la pénurie de main-d’oeuvre en Ontario, et l’industrie de la culture en serre et en pépinière et de la floricultu­re sera la plus durement touchée.

La demande de travailleu­rs agricoles en Ontario devrait augmenter en moyenne de 0,9% par an pour les dix prochaines années, passant de 112 000 travailleu­rs en 2014 à 124 000 travailleu­rs en 2025. Ce taux de croissance est presque le double de la moyenne nationale de 0,5%. La demande de main-d’oeuvre augmentera, mais on prévoit que le nombre de travailleu­rs canadiens diminuera, puisque 6300 résidents canadiens de moins seront disponible­s pour travailler dans l’industrie agricole de l’Ontario d’ici 2025. Ainsi, le nombre d’emplois ne pouvant être pourvus par l’offre de main-d’oeuvre canadienne augmentera de 4,5% par an, passant de 28 700 à 46 600 au cours de la prochaine décennie. Ce dernier chiffre représente 38% de la main-d’oeuvre totale requise pour soutenir l’industrie. Autrement dit, d’ici dix ans, près d’un emploi agricole sur trois dans cette province demeurera non pourvu, à moins qu’il soit possible de trouver d’autres travailleu­rs canadiens ou étrangers

Ce problème aujourd’hui est la principale source de stress pour les agriculteu­rs qui s’estiment lésés par ce phénomène. La semaine prochaine : Pourquoi est-ce aussi difficile de trouver des employés?

 ??  ??
 ?? — photo fournie ?? Benjamin Bercier le gestionnai­re du départemen­t de développem­ent économique et touristiqu­e de la municipali­té de La Nation, vient de soumettre un rapport alarmant sur l’état de la situation de main-d’oeuvre agricole dans la municipali­té. Selon lui, ce rapport a pour but d’interpeler, susciter le débat et proposer des solutions innovantes à cette problémati­que.
— photo fournie Benjamin Bercier le gestionnai­re du départemen­t de développem­ent économique et touristiqu­e de la municipali­té de La Nation, vient de soumettre un rapport alarmant sur l’état de la situation de main-d’oeuvre agricole dans la municipali­té. Selon lui, ce rapport a pour but d’interpeler, susciter le débat et proposer des solutions innovantes à cette problémati­que.

Newspapers in French

Newspapers from Canada