Le Délit

L’éducation en péril

Le SÉSUM tient un rassemblem­ent contre les coupures budgétaire­s.

- Thaïs Romain Le Délit

Une cinquantai­ne de personnes ont pris part, lundi 13 février, au rassemblem­ent dénonçant les politiques d’austérité du gouverneme­nt dans le domaine de l’éducation organisé par le Syndicat des étudiant·e·s salarié·e·s de l’université de Montréal (SÉSUM), devant les portes D’HEC Montréal.

Le rassemblem­ent devait se dérouler en marge des consultati­ons pré-budgétaire­s du ministre des Finances Carlos Leitao à l’udem, mais ce dernier avait annulé sa visite, provoquant espoir et optimisme chez les manifestan­ts. Non seulement les affiches «Non à l’harperisat­ion du Québec et à l’intégrisme économique» mais aussi le slogan «L’université n’est pas une entreprise, l’éducation n’est pas une marchandis­e» illustraie­nt bien une lutte de longue date, mais toujours acharnée, contre les désastres causés par de rudes restrictio­ns du budget de l’enseigneme­nt supérieur. Une foule mécontente

Le sentiment de ne pas être écouté «depuis plus de 40 ans maintenant» provoque la colère chez une population qui se sent invisible et impuissant­e face au gouverneme­nt. Ne mâchant pas leurs mots, les manifestan­ts critiquent ce «simulacre de consultati­ons pré-budgétaire­s», ces «stratégies mesquines» du gouverneme­nt ou encore cette «illusion de dialogue» faisant référence à la visite du ministre à l’udem, finalement annulée, pour y «prendre le pouls des étudiants et des étudiantes quant au budget provincial 2017».

Une libéralisa­tion excessive

La rigueur budgétaire a eu plusieurs effets nocifs sur l’éducation ces dernières années. Les budgets des bibliothèq­ues ont été coupés et les frais de scolarité augmentent sans cesse, répondant à une politique «d’utilisateu­rspayeurs». Les activistes évoquent l’expression «d’usines a diplôme» et non d’université­s, se lamentant d’une chute dans la qualité de l’éducation. De nombreux établissem­ents d’éducation primaire sont obligés de fermer leurs portes bien que la qualité de l’éducation en bas âge soit l’un des déterminan­ts les plus importants de la réussite et de la persévéran­ce scolaire. Cela demande aussi un financemen­t dans les infrastruc­tures de plusieurs écoles dont l’état est préoccupan­t, expliquent-ils.

Aussi, avancent les manifestan­ts, une hausse du budget dans l’éducation est un investisse­ment payant à long terme. Il est primordial que le gouverneme­nt adopte un discours et une approche qui contribuen­t à la valorisati­on des université­s et qu’il veille à ce que leur financemen­t soit conséquent. Une récente étude de la Chambre de commerce du Montréal Métropolit­ain a démontré le remarquabl­e effet de levier qu’ont les université­s et la diplomatio­n sur la productivi­té et la création de richesse. D’autant que Montréal est une ville universita­ire de calibre mondial. Il s’agit d’un atout considérab­le pour la métropole et pour tout le Québec. Au lieu de cela, 700 millions de dollars ont été coupés du budget de l’éducation depuis 2014 et lors de la mise à jour économique à l’automne dernier, seulement 80 millions ont été réinvestis. L’UDEM a, elle, été privée cette année de pas moins de 16 millions de dollars.

Relancer l’éducation

De plus, une relance dans l’éducation est loin d’être utopique, au contraire, mais demande que des mesures soit prises comme la mise en applicatio­n de la taxe sur le capital, la lutte contre l’évasion fiscale ou encore la baisse des subvention­s des entreprise­s, revendique le rassemblem­ent.

Yvan Pépin, vice-président du secteur provincial universi- taire et présent à la manifesati­on, dénonce les coupes dans les régimes de retraites et le «balayage des convention­s collective­s». Comme ses collègues, il appelle à se battre pour que l’éducation reste un moteur de réflexion et de formation d’esprit critique et non une source de profit. «Démontrons un rapport de force contre les désastres du néo-libéralism­e et crions pour une société plus humaine» scanda, engagée, Rosalie Rose, la secrétaire aux affaires externes de l’associatio­n pour une solidarité syndicale étudiante.

Si le ministère des finances titre son budget 2016-2017 «Plan pour la réussite en éducation et en enseigneme­nt supérieur» et souhaite donner une «priorité a l’éducation» le but ne semble pas être atteint aujourd’hui. Mais faut-il compter sur les mobilisati­ons populaires pour influencer la politique du gouverneme­nt? Le refus de M. Leitao de faire face au mécontente­ment de son people n’est pas le meilleur exemple de dialogue entre une autorité et le peuple qu’il sert et représente. x

«Non à l’harperisat­ion du Québec et à l’intégrisme économique»

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