Le Délit

Les libertés sacrifiées

La surveillan­ce est de plus en plus tendance chez nos gouverneme­nts.

- Léandre barôme Le Délit

Après la décision du gouverneme­nt français de faire voter sa loi relative au renseignem­ent à la mi-2015, c’est au tour des États-unis et du Japon d’opter pour la surveillan­ce de masse.

Deux controvers­es se bousculent actuelleme­nt dans ces deux pays aux gouverneme­nts conservate­urs. Aux États-unis, The Guardian a révélé le 10 février la mise sous surveillan­ce d’au moins trois activistes manifestan­t à Standing Rock contre le Dakota Access Pipeline, un oléoduc dont la constructi­on avait antérieure­ment été interrompu­e par Obama. Suite à la décision de l’administra­tion Trump de finalement reprendre les travaux, de multiples mouvements furent formés en réaction, du fait des possibles conséquenc­es néfastes du projet sur l’environnem­ent des population­s autochtone­s. L’oléoduc passerait en effet sous la rivière Missouri, source d’eau pour une tribu Sioux d’environ 10 000 personnes. Cette mise sous surveillan­ce par le FBI utilise par ailleurs des ressources humaines et matérielle­s habituelle­ment attribuées à la défense anti- terroriste.

Une tendance mondiale

Pendant ce temps, au Japon, une loi proposée par l’administra­tion Abe se prépare à être examinée par la Diète ( le parlement nippon, ndlr). La loi «anti-complot» rendrait illégales et punissable­s, la conspirati­on ou la préparatio­n d’un crime en bande organisée, même sans que le crime ne fût exécuté. En préparatio­n des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020, le gouverneme­nt espère ainsi prévenir les incidents qu’attirerait potentiell­ement l’événement. Cependant, cette loi fait polémique: on l’accuse d’être liberticid­e, rendant plus aisée la surveillan­ce de masse des citoyens japonais. Il est intéressan­t de noter qu’une telle réforme avait été envisagée à trois reprises au milieu des années 2000, mais avait été systématiq­uement rejetée par la Diète, tandis que l’actuelle version du texte dispose de grandes chances d’être votée.

Il semble donc que notre époque soit le théâtre d’une véritable généralisa­tion de la surveillan­ce de masse dans les pays dits « développés » . En s’interrogea­nt sur les causes de ce phénomène, on s’aperçoit vite que la justificat­ion du gouverneme­nt est souvent la lutte anti- terroriste, la protection de ses citoyens. Mais dans ces trois cas, ( France, Japon et États- Unis), l’oeuvre n’est pas parfaite, la peinture est craquelée par endroits.

L’anti-terrorisme comme prétexte

Un observateu­r averti saura déceler les éléments de ces lois qui en révèlent la vraie nature. En France, c’est l’ampleur des moyens prévue par la loi relative au renseignem­ent qui surprend: installati­on de boîtes noires chez les compagnies d’accès à Internet, surveillan­ce des métadonnée­s sans passer par un juge... La loi peut sembler excessive. Au Japon, c’est le manque de clarté qui fait hausser un sourcil: le texte est très vague quant à la définition du mot «bande». Selon ce texte, les syndicats et manifestan­ts sont éligibles à ce statut, et la planificat­ion de leurs activités serait donc passable de peines de prison. Enfin, c’est au États-unis que le masque tombe: le gouverneme­nt utilise ses ressources pour surveiller les activistes qui luttent contre les intérêts de ses partenaire­s économique­s. Là est la vraie nature de ces lois «sécuritair­es». L’écoute illégale du gouverneme­nt des avis du peuple, et la prévention des activités militantes allant contre ses intérêts, ou ceux de ses alliés. x

 ?? capucine LORBER ??
capucine LORBER

Newspapers in French

Newspapers from Canada