Le Délit

Montréal déficitair­e pour 2017

La ville de Montréal a déclaré qu’elle aurait un déficit de $31,4 millions cette année.

- Jacques Simon Le Délit

Voilà qui doit bien embêter Denis Coderre, maire de Montréal et candidat à sa propre réélection le 5 novembre prochain. Pour l’année 2017, la ville arborera un déficit de 31,4 millions de dollars, alors qu’elle avait pourtant fini l’année précédente avec un surplus de 139 millions. Bien qu’en dessous des 46,5 millions de dollars de déficit annoncés en mai dernier, la nouvelle fait tâche.

C’est le prix à payer, entre autres, pour les festivités du 375e anniversai­re de la ville, qui auront coûté aux alentours d’un milliard de dollars, ce que rappelle Valérie Plante, elle aussi candidate aux élections municipale­s prochaines avec Projet Montréal.

La compositio­n d’un déficit

Faisons un bref rappel à vos cours d’économie.

Qu’est- ce qu’un déficit? Au plus simple, c’est la situation financière de quelqu’un ou de quelque chose qui a moins d’en- trées d’argent que de dépenses. Au niveau municipal, quelles sont les entrées de la ville? Tout d’abord, il y a l’aide provincial­e qui revient à la ville, les impôts des citoyens, mais aussi les amendes en tous genres, notamment celles de stationnem­ent, qui viennent remplir les caisses de Montréal chaque année. Or, sur ce dernier point, les recettes se font bien maigres par rapport aux prévisions. En effet, 19,7 millions de dollars séparent la réalité de ce qui avait été projeté en début d’année.

Et en ce qui concerne les sorties? Typiquemen­t, il y a les travaux d’aménagemen­t, nombreux à Montréal, et les salaires des fonctionna­ires municipaux. Sur ce dernier point justement, les syndicats policiers ont réussi à faire augmenter le régime des retraites des forces de l’ordre, et un accord avec les pompiers ajoute une dépense imprévue à la ville — deux nouveautés qui coutent au- delà de 50 millions de dollars supplément­aires par an.

Mises à part les dépenses classiques, il y a aussi les coûts extraordin­aires occasionne­ls. D’une part, la ville a dû couvrir 41% du milliard de dollars dépensés pour les festivités du 375e anniversai­re de la ville, les 59% restants ayant été couverts en majorité par le gouverneme­nt provincial québecois, et le gouverneme­nt fédéral dans une moindre mesure, ainsi que des entreprise­s privées.

D’autre part, la nouvelle entente avec le gouverneme­nt de Québec, un accord appelé Reflexmont­réal et qui donne un statut particulie­r à la métropole, ajoute 22 millions de dollars de dépenses imprévues dans le budget annuel.

Remettre les points sur les « i »

Lors de son annonce, Yves Courchesne, directeur des finances de la ville de Montréal, a tenu à souligner le caractère minime du déficit. Il est vrai qu’avec un budget annuel de 5,2 milliards de dollars, 31,4 millions ne représente­nt qu’environ 0,6% du revenu de la ville, ce qui peut sembler négligeabl­e.

L’année 2017 est donc « une année de transition, qui implique des dépenses imprévues. Mais à long terme, la ville sera gagnante parce qu’elle aura droit à une future subvention qui sera indexée » , a- t- il expliqué, faisant référence à Reflexmont­réal et les possibles bénéfices que cet accord pourrait amener dans le futur.

Conséquenc­es éléctorale­s

Cette nuance n’a pas empêché les adversaire­s politiques du maire de reprendre cette nouvelle à leur avantage. « Nous devons gérer l’argent des Montréalai­s · es plus efficaceme­nt et en toute transparen­ce » , a martelé Projet Montréal, principal adversaire de Coderre, sur Facebook.

Même reproche issu des rangs de Coalition Montréal: Marvin Rotrand, conseillé municipal de la formation et joint par Le Délit se questionne sur les raisons de ce déficit. «Y a- t- il eu des ententes trop généreuses avec les syndicats? Des coûts cachés dans l’organisati­on du Grand Prix de Montréal ou du 375e anniversai­re de la ville? » s’interroge t- il. « Tout cela reste sous forme de questionne­ment, je ne peux pas y répondre, mais c’est inquiétant et ça aurait dû être évité. » .

La loi ne permet pas à la municipali­té montréalai­se d’enregistre­r un déficit, il va donc falloir couper ailleurs pour compenser. « Le fait que nous soyons en période électorale suggère que cela n’était pas prévu » explique Rotrand. Désormais, l’équipe Coderre est en effet dans l’obligation de trouver un domaine où couper des fonds, une démarche rarement appréciée par les électeurs. x

« La loi ne permet pas à la municipali­té montréalai­se d’enregistre­r un déficit, il va donc falloir couper ailleurs pour compenser »

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