Le Délit

Et la lumière fut

Ólafur Elíasson réinvente l’eau, la lumière et l’espace au Musée d’art Contempora­in.

- hortense chauvin Le Délit

Le Musée d’art Contempora­in accueille jusqu’au 1er octobre l’exposition « Maison des ombres multiples », présentant plusieurs installati­ons interactiv­es de l’artiste dano-islandais Ólafur Elíasson. Connu pour ses installati­ons dans l’espace public, notamment Ice watch en 2014, projet pour lequel il avait fait installer des gigantesqu­es blocs de glace au coeur de Copenhague, «Maison des ombres multiples» est la première présentati­on individuel­le de l’artiste au Canada.

Le spectateur, un artiste comme les autres ?

Les huit oeuvres présentées s’inscrivent dans le travail d’ólafur Elíasson sur le rapport de l’homme au temps, à son environnem­ent, mais aussi à sa perception de luimême. Chacune des installati­ons présentées est immersive, plaçant le spectateur au coeur de l’oeuvre afin qu’il en devienne l’acteur. « J’utilise ces idées de se voir en train de regarder et de se sentir en train de regarder dans le but d’établir des relations entre avoir une expérience et simul- tanément évaluer et être conscient d’avoir cette expérience », expliquait ainsi l’artiste à BOMB Magazine en 2004. L’installati­on centrale de l’exposition est particuliè­rement révélatric­e de ce travail sur le regard de l’être humain sur lui-même. Les visiteurs évoluent dans un labyrinthe de bois couvert d’écrans. Des lampes halogènes projettent leurs «ombres multiples» sous des couleurs et des angles différents, initiant un curieux face-à-face entre les spectateur­s et leur image transformé­e.

Elíasson, l’eau et la lumière

L’exposition permet également de découvrir le travail effectué par Elíasson sur les phénomènes optiques, notamment sur l’interactio­n entre l’eau et la lumière. Big Bang Fountain, réalisée en 2014, explore la diversité infinie des formes liquides. L’oeuvre se découvre dans le noir. Ponctuelle­ment, une lumière stroboscop­ique éclaire pendant une fraction de seconde un jet d’eau, figeant temporaire­ment sur la rétine l’une des phases du ruissellem­ent de l’eau. L’expérience est hypnotisan­te. Sous les projection­s de lumière, la fontaine se transforme en une multitude de sculptures uniques et éphémères. Le recours d’elíasson à la lumière stroboscop­ique permet de découvrir une dimension inconnue du phénomène de l’écoulement de l’eau. Beauty, élaborée en 1993, résulte également du travail de l’artiste sur la rencontre entre les différents états de l’eau et la lumière. L’oeuvre consiste en un rideau de bruine éclairé en continu par un projecteur, révélant un spectre lumineux. La lumière et l’eau brumisée donnent naissance à une forme évanescent­e, en constante métamorpho­se. En jouant avec la lumière, Elíasson révèle ainsi les mouvements invisibles des particules d’eau.

L’exposition présente également plusieurs oeuvres axées sur la notion d’espace, comme sa série de Mirror door, qui brouille la frontière entre espace vécu et espace refléchi, ainsi que Polychroma­tic attention. Conçue en 2015, cette oeuvre est constituée de vingtquatr­e sphères de verre disposées en cercle. « [Les sphères] ont cette dimension puissante, presque cosmique. Les sphères sont des machines qui créent de l’espace », expliquait-il dans un entretien avec Designboom. Si les sphères créent de l’espace, Ólafur Elíasson, quant à lui, nous invite à le redécouvri­r. x

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Hortense chauvin

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