Le Délit

Le cirque de L’AÉUM

Le Délit revient sur les implicatio­ns risquées de la Présidente de L’AÉUM.

- l’équipe éditoriale du délit L’équipe de rédaction du Délit tient à présenter ses excuses à Marie-michèle Sioui pour les imprecisio­ns et erreurs commises dans la retranscri­ption de son entrevue, dans l’édition papier du 17 octobre 2017.

Le Tribune publiait le 19 septembre dernier un édito sur la relation souvent tumultueus­e et empreinte de cynisme et de mépris entre les représenta­nts de L’AÉUM et le corps étudiant. Ils appelaient à la clémence, de la part des élèves, des médias et autres groupes, rappelant que les exécutifs n’étaient, eux aussi, que de simples étudiants, qui ne méritaient pas que nous les crucifions pour les erreurs qu’avaient commis leurs prédécesse­urs.

Et bien nous voilà rendus, à peine plus d’un mois et trois scandales de L’AÉUM plus tard, à revenir sur ces sages mots. Un vote sur la motion BDS qui déclencha une crise de constituti­onnalité du Conseil des Directeurs, la vice présidente aux Finances Arisha Khan suspendue, la présidente Muna Tojiboeva apparemmen­t sous les feux de ses collègues (voir p. 4), et L’AÉUM, tant bien que mal, finit encore une fois éventrée. Les conflits entre les exécutifs et les directeurs ne sont plus tenables et jaillissen­t des entrailles de cette institutio­n, la presse étudiante semblant avoir asséné quelques coups de couteau.

Une rhétorique dangereuse

La presse est dénoncée par Muna dans une lettre ouverte publiée dans le Bull&bear. Elle serait soit disant victime d’une machinatio­n de la part des activistes, de la presse étudiante et de l’effrayant, invisible et omniprésen­t “establishe­ment” ( le système ndlr) - grondement de tonnerre - en ce mois d’halloween, voilà en effet un conte bien terrifiant. Dans sa lettre, la Présidente se place en victime: “Je ne pense pas comme eux et je ne reçois pas d’ordres de la presse étudiante ou des groupes militantis­tes.[...] La vraie raison pour laquelle l’establishm­ent de L’AÉUM ne m’apprécie pas c’est parce qu’il a peur qu’ils n’aient désormais plus de laquais fiable pour obéir à leurs ordres.”. Ses mots font échos à la rhétorique dangereuse de certains politicien­s, qui se disent être des “outsiders” élus par le peuple pour “nettoyer le terrain”. De plus, il semblerait à la mode de s’en prendre à la presse pour la décrédibil­iser, un outil pratique surtout quand on veut passer ceux qui nous critiquent sous silence. La présidente plaint la campagne de dénigremen­t menée contre elle, sans pour autant hésiter à cibler tout particuliè­rement un des journaux étudiants à travers des accusation­s qui restent vagues.

Retour aux sources

“Une presse libre et indépendan­te est un élément indispensa­ble d’un campus démocratiq­ue.” Cette phrase, extraite de notre mandat, semble prendre tout son sens dans une situation comme celle-ci. La Présidente fait mention des affaires Sadikov et Aird; la presse étudiante avait non-seulement et bien évidemment couvert ces affaires, mais avait aussi travaillé avec les différents groupes étudiants pour partager les témoignage­s de survivante­s. La presse n’est pas censée contrôler L’AÉUM, de la même manière que L’AÉUM ne contrôle pas la presse. Les exécutifs de L’AÉUM sont des étudiants, les journalist­es de notre presse aussi. Nous pouvons évidemment commettre des erreurs mais nous nous devons d’adhérer, au meilleur de nos capacités, a une distributi­on de l’informatio­n de manière véridique et honnête. C’est pour cela que, quand la présidente se présente sur une plateforme dont l’un des points clefs est la transparen­ce, elle sera évaluée en priorité sur ce point. C’est à de la transparen­ce que l’on s’attend, pas à la suspension surprise d’un membre de l’équipe exécutive, ni à des réponses vagues aux questions de médias (et oui, nous tenons à le préciser, plus on essaye d’éviter de répondre à nos questions, plus il nous faudra envoyer de courriels pour essayer d’en obtenir, donc excuser notre “harcèlemen­t médiatique”). De plus la Présidente dit dans ce même article “Ils [ les étudiants] voit L’AÉUM comme un club fermé. [...] Je me suis présentée en tant que Présidente pour changer cela, et j’ai gagné car j’ai mené une campagne qui a plu à la moyenne estudianti­ne, et non aux étudiants marginaux qui s’impliquent à L’AÉUM d’habitude.” Pourquoi parler d’un ton si hautain de ces “étudiants marginaux qui s’impliquent à L’AÉUM”? Voilà qui semble contre-productif alors que nos institutio­ns ont maintes fois été accusées d’être déconnecté­es d’une population qui a du mal à s’intéresser à la politique étudiante. Qui plus est, la Présidente se dit représente­r l’étudiant moyen. S’il est vrai qu’elle a été élue par 53% des votes, il ne faut pas oublier que le taux de participat­ion à ces élections n’était de que 22%. Ce n’est donc pas 53% des étudiants qui ont voté pour elle, mais bien 53% de ces “étudiants marginaux”. La présidente pouvait beau avoir d’excellente­s intentions en commençant son mandat, comme en témoignent ses nombreux soutiens qui prirent parole pour louer son leadership et la défendent sur les réseaux sociaux et pendant le conseil législatif, le fait est de constater que la situation au sein de la direction de L’AÉUM sera difficile à réparer. C’est à se demander quel sera l’acte final de ce drame.

J’accuse!

C’est pourquoi Le Délit dénonce le manque de transparen­ce du Conseil des Directeurs par rapport à la constituti­onnalité de sa compositio­n.

Le Délit dénonce aussi la manière dont l’affaire Khan a été menée par le Conseil des Directeurs et L’AÉUM. Un manque de communicat­ion avec les étudiants et la v.-p. concernée, le rapport d’enquête du directeur général non publié et un manque d’explicatio­ns claires sur pourquoi la sévérité de la punition fut ainsi fixée. On espère que les minutes de ce conseil, une fois qu’elles seront publiées, apporteron­t un peu de clarté à cette affaire.

Mais surtout, Le Délit prend au sérieux les accusation­s de la Présidente concernant le comporteme­nt de ses collègues, et nous rappelons que Le Délit dénonce toutes formes d’intimidati­ons et de harcèlemen­ts, surtout afin de décrédibil­iser et de passer autrui sous silence. x

Le service des technologi­es de l’informatio­n de l’université Mcgill organise, ce mois- ci, une série d’évenèments en lien avec la cyber sécurité sur le thème d’halloween.au programme: une projection de film d’horreur, un stand lors de la foire de santé des employés, ( Employee Health Fair, en anglais ndlr) et des ateliers en collabora

tion avec le départemen­t des archives. x La motion sur la création d’un Comité des Affaires Francophon­es indépendan­t a été adoptée durant le conseil législatif de L’AÉUM. Notons qu’auparavant, le Comité des Affaires Francophon­es faisait partie du Community Engagement Committee, et que la propositio­n d’en faire un comité autonome est un pas en avant pour la francophon­ie à Mcgill, ce qui était l’un des axes de la plateforme de campagne de Muna Tojiboeva. La motion avait été proposée par plusieurs Conseiller­s ainsi que Connor Spencer et Muna Tojiboeva elle-même.

Affaires à suivre la semaine prochaine. x

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