Le Délit

Il les a tous battus

Loud lance Une Année Record, son premier album qui s’annonce prometteur.

- MARGOT HUTTON Le Délit

Après avoir fait sonner son premier EP solo New Phone tout l’été, le rappeur montréalai­s Loud sort Une année record, un album marquant pour son originalit­é. Prévu le 10 novembre, il est possible de l’écouter sur les plateforme­s de streaming depuis le 27 octobre.

Jusqu’ici tout va bien

L’album a été réalisé par Ajust et Ruffsond, avec qui il avait déjà travaillé pour son EP. Du côté production on retrouve Ride Record, coordonné avec Caroline Internatio­nal France, pour prévoir une sortie outre-atlantique simultanée, mais aussi quelques dates de concerts en France. Il y aurait également un contrat avec la compagnie européenne Auguri Production­s, ce qui est plutôt exceptionn­el pour un premier album solo. Affaire à suivre donc.

Si Loud Lary Ajust, l’ancien groupe de l’artiste, n’est plus d’actualité, ce n’est pas pour autant qu’il faut complèteme­nt tirer un trait dessus. Le rappeur souligne dès So far so good que ses origines s’y trouvent, même s’il y annonce son chemin divergeant. L’on retrouve par ailleurs Lary Kidd sur deux chansons de l’album ainsi que 20Some, membre des Dead Obies en collaborat­ion sur une piste.

Traverser les frontières

Loud se démarquait déjà par un style fluide, vulnérable et poétique. Ce style est plutôt bien conservé tout au long d’une année record, et particuliè­rement dans Devenir immortel (et puis mourir). À cette légèreté viennent s’ajouter des punchlines marquantes, et des images fortes, presque clichées. Tout cela est souligné par des beats d’ajust et Ruffsound, avec lesquels on obtient finalement un cocktail explosif.

L’un des aspects frappants de l’album est aussi le côté autobiogra­phique et la franchise de ses chansons. Une année record est un album qui tourne beaucoup autour des phénomènes qui font le quotidien d’un artiste de renom: la gloire, le succès, la réussite. Le rappeur ne se détache pas de ses origines pour autant. Dans Il était moins une, il ressasse des élé- ments (évènements, albums, clichés) qui ont fait partie de sa vie alors qu’il grandissai­t à Athunsic.

Officielle­ment dans le game

Ce triomphe ne lui est pas tombé dessus par hasard, comme en témoigne TTTTT , où Loud parle des défis liés à son art, notamment gérer simultaném­ent sa vie privée et sa vie d’artiste.

Cette seconde vie apporte tout de même son lot de désagrémen­ts, énumérés dans Hell, what a view: les envieux, les groupies, avec qui le rappeur ne veut plus avoir affaire. C’est pourquoi il s’élève au-dessus d’eux. Malgré son énorme succès, le rappeur n’hésite pas à dénoncer les dérives dans les comporteme­nts de certains artistes dans SWG, où il est secondé par Lary Kidd.

Dans Une année record, qui conclut l’album, l’artiste revient sur le chemin qu’il a parcouru, avec «Le rap de garderie [qui] s’apprête à graduer le collège», même si certains étaient persuadés que le rap québécois était voué à l’échec. Nul doute que l’ambitieux rappeur ne s’arrêtera pas là, et qu’il a mérité sa place parmi les plus grands. x

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JOACHIM DOS SANTOS

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