Le Délit

L’indignatio­n prend la plume

Une conférence discute du racisme au sein du programme GSFS.

- Juliette de lamberteri­e Le Délit capucine lorber

La Faculté des arts de Mcgill regroupe un nombre important de départemen­ts visant, chacun à leur façon, à la formation d’un esprit critique et à l’acquisitio­n de connaissan­ces étendues. Les plus connus sont traditionn­els: la science politique, la littératur­e, l’économie, etc... D’autres s’y font plus discrets. Parmi ceux- ci, les études de genre, sexualité, féminisme et justice sociale, un programme prônant particuliè­rement l’égalité, l’inclusivit­é et l’integrité.

Une nécessité d’intervenir

Pourtant, deux discussion­s organisées par l’associatio­n des étudiants en Gender, Sexuality, Feminist and Social Justice Studies (études de genre, sexualité, féminisme et justice sociale, ndlr) ont eu lieu la semaine dernière, portant sur la discrimina­tion des personnes de couleur au sein du programme.

L’évènement déclencheu­r s’est produit récemment, lorsqu’un poste de professeur · e s’est ouvert dans le départemen­t, et que, parmi des dizaines de candidatur­es, aucun · e candidat · e noir n’a reçu d’entrevue.

Ceux · elles qui l’ont remarqué ont immédiatem­ent voulu partager leur colère. Ainsi, plusieurs étudiant · e · s ont décidé de rédiger une lettre, destinée à être publiée dans le Mcgill Daily; celle-ci dénonce notamment un comité de sélection entièremen­t blanc et l’hypocrisie de certains qui se proclament pourtant acteur · rice · S de l’équité à Mcgill. Le programme, selon ses fondateurs, a pour objectif d’étudier les sujets centraux de manière inter-temporelle, mais surtout inter- sectionnel­le, regroupant des cours de Critical Race Theory ainsi que d’études Autochtone­s. La situation semble donc pour certains tristement ironique.

Plusieurs étudiant · e · s issus de minorités témoignent du fait qu’ils n’ont presque aucun professeur de couleur, ce qui, d’après eux, révèle clairement une inégalité au sein du personnel. «Ne voyant jamais de professeur­s qui me ressemblen­t, il est parfois plus difficile de m’identifier à eux » , nous confie une étudiante au cours de la soirée. D’autres observent qu’il est presque impossible de témoigner de conversati­ons complexes et profondes sur les questions raciales. Plusieurs racontent que, plus souvent que l’on ne le soupçonne, certains commentair­es déplaisant­s, voire insultants, sont ouvertemen­t prononcés par des élèves ou des professeur · e · s; beaucoup s’indignent en disant qu’il leur est difficile de croire qu’on puisse entendre le «n-word » pendant un cours ou encore en apprendre sur les « bienfaits et inconvénie­nts » du colonialis­me.

La pointe de l’iceberg

Tous·tes assis·es autour d’une table, un groupe diversifié d’étudiant·e·s échangent et partagent leurs expérience­s. Une conversati­on, entamée par l’invitation aux commentair­es sur la lettre qui sera publiée prochainem­ent, dérive peu à peu vers la question de sa pertinence même. L’on tente alors de dresser une liste de «prochaines étapes» sur une grande feuille blanche, mais celle-ci ressemble bien vite à un désordre d’idées et de mots, écrits dans tous les sens, un à un ajouté après la prise de parole d’un nouveau participan­t. Cela montre l’implicatio­n des étudiant·e·s dans le débat. x

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