Le Délit

Botero en documentai­re

Don Millar propose un récit biographiq­ue simple de l’artiste.

- Vincent morreale Contribute­ur

Vous avez probableme­nt déjà croisé une oeuvre de Fernando Botero ; le style est unique en son genre, les formats des toiles sont impression­nants et les sujets nous poussent au rire. Botero est celui qui peint ces énormes personnage­s : il reproduit des scènes mythiques de l’histoire de l’art en y ajoutant une touche d’humour. À travers ses caricature­s aux gros traits, il s’approprie des oeuvres d’artistes qu’il admire et donne une seconde vie à des toiles bien connues du public. La caractéris­tique clef de son oeuvre : des portraits reproduits par de gros traits et des personnage­s aux formes de ballons sans lignes droites (pensons à la Mona Lisa aux trois mentons, 1978).

Don Millar et Botero

Le documentai­re de Don Millar explore la vie de Fernando Botero d’une façon simple et accessible, ce qui est bon et mauvais (selon les points de vue). Le documentai­re est simple dans le sens où le·la spectateur·rice ne sera pas surpris·e par la forme : nous commençons par une exposition de l’enfance de Botero avec des entrevues avec l’artiste, des photos de famille, de courtes vidéos, bref, un survol biographiq­ue intéressan­t pour ceux et celles qui ne connaissen­t pas l’artiste. Bien que ce survol soit intéressan­t et nécessaire pour ce genre de documentai­re, nous sommes malheureus­ement confrontés à cette forme tout au long du film. Millar est un ami de longue date de Botero et de sa famille, ce qui lui donne accès à une intimité profonde avec son sujet. Le documentai­re présente une ouverture sur des informatio­ns qui viennent directemen­t du cercle intime de l’artiste et de celui-ci même, ce qui est rafraîchis­sant, considéran­t que la plupart des documentai­res qui explorent la vie et l’oeuvre d’un artiste sont produits après le décès de ceux-ci.

Un documentai­re agréable

La simplicité du documentai­re n’enlève rien au fait qu’il soit agréable à regarder. C’est une excellente introducti­on à la vie et l’oeuvre de Botero. Les images d’archives font en sorte que la trame narrative soit vibrante : nous voyons évoluer physiqueme­nt et artistique­ment Botero, alors que l’artiste luimême, sa famille, et les différents conservate­urs de musées à travers le monde expliquent succinctem­ent le processus créatif derrière les différente­s oeuvres.

Ce que je reproche à cette forme, bien qu’agréable et optimiste, est le fait que nous ne voyons qu’une version de la carrière de Botero : celle que ses amis et sa famille veulent montrer. Nous sommes constammen­t rappelés que Botero est un peintre et sculpteur incroyable et qu’il est l’artiste le plus important de mémoire récente. Les conservate­ur · rice · s et autres personnali­tés du champ de l’art balaient rapidement du revers de la main toutes les critiques négatives envers Botero et orientent le discours vers l’aspect quasi divin des oeuvres présentées. ⊘

 ??  ?? « Mona lisa », Fernando Botero
« Mona lisa », Fernando Botero

Newspapers in French

Newspapers from Canada