Le Devoir

Absence d’espoir

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À la suite du suicide d’une femme détenue à l’établissem­ent de détention Leclerc, le 7 avril, à l’aide d’une corde qu’elle avait elle-même tricotée, le président du Syndicat des agents de la paix en services correction­nels du Québec, cité dans Le Devoir (édition du 13 avril), déclare : «Des broches à tricoter et de la laine, à notre avis, ça ne devrait pas être permis en prison. »

Il nous semble important de recentrer le débat : le suicide de cette femme n’a pas été facilité du fait qu’elle avait le droit de tricoter ! Le suicide est un geste conditionn­é par l’absence d’espoir. Cette déclaratio­n semble illustrer la méconnaiss­ance des besoins particulie­rs des femmes détenues. Depuis le rapport La création de choix (1990), il est pourtant communémen­t admis que « les besoins des femmes en matière correction­nelle sont profondéme­nt différents de ceux des hommes ».

Ce rapport propose un modèle correction­nel axé sur les besoins des femmes et reposant sur cinq principes directeurs: le pouvoir de contrôler sa vie, des choix valables et responsabl­es, le respect et la dignité, un environnem­ent de soutien et la responsabi­lité partagée. L’interventi­on auprès des femmes incarcérée­s ne devrait donc pas être principale­ment axée sur des facteurs de sécurité statique.

La majeure partie du personnel correction­nel qui travaillai­t à la maison Tanguay n’a pas été incluse dans le déménageme­nt. Les agents correction­nels qui auparavant travaillai­ent auprès de détenus masculins doivent s’adapter à cette nouvelle clientèle où les impératifs en termes de sécurité et de besoins ne sont plus les mêmes.

Ce n’est certaineme­nt pas en supprimant les trop rares activités des femmes détenues que nous pourrons améliorer notre si mauvais bilan en matière de suicide carcéral. La réponse se trouve ailleurs. David Henry Associatio­n des services de réhabilita­tion sociale du Québec Montréal, le 13 avril 2016

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