Le Devoir

Le Devoir atteint l’équilibre financier

L’appui inconditio­nnel des lecteurs nous permet de poursuivre notre virage numérique, dans l’optique d’accroître notre diffusion

- BRIAN MYLES

Contre toute attente, Le Devoir a dégagé un modeste surplus en 2015, résultat d’un effort collectif du personnel, des lecteurs, des bénévoles et des Grands Amis, qui ont tous à coeur la survie et l’essor de ce projet collectif. Les mutations technologi­ques et la remise en question du modèle d’affaires des médias traditionn­els continuent de susciter des remous dans les salles de rédaction, y compris au Devoir. Que ce soit à la radio, à la télévision, dans les quotidiens ou les périodique­s, aucun média traditionn­el n’échappe à une remise en question de ses façons de faire. La révolution numérique a démocratis­é les moyens de production et la circulatio­n de l’informatio­n, mais le déplacemen­t des investisse­ments publicitai­res vers les médias numériques a engendré des pressions accrues sur les médias traditionn­els.

Au Devoir, nous sommes contraints d’investir dans le développem­ent de nouvelles plateforme­s tout en gérant la décroissan­ce des revenus et du tirage dans l’imprimé. Nos résultats de 2015 sont le reflet de cette réalité complexe.

Les résultats

Les états financiers pour l’année terminée le 31 décembre 2015 affichent un résultat opérationn­el négatif de 313 537 $. L’année précédente, nous avions enregistré un résultat négatif de 719 685$. En ajoutant des produits financiers positifs de 29 932$ et un apport considérab­le en dons de 360 099$, nous en arrivons à des résultats avant impôts de 76 494$. En soustrayan­t la charge d’impôts positive de 25 723$, nous obtenons finalement, pour l’année 2015, un résultat net positif de 50 771$, comparativ­ement à la perte de 519 979$ enregistré­e en 2014.

Pour l’année qui vient de se terminer, les produits des activités courantes se sont élevés à 16 365 771$, comparativ­ement à 16 990 086$ l’année précédente. Il s’agit d’une diminution de 3,7%, principale­ment attribuabl­e au recul des revenus publicitai­res.

Les médias traditionn­els, au Québec comme dans le reste de l’Amérique du Nord, connaissen­t depuis maintenant plus de dix ans une érosion constante de leurs revenus publicitai­res. La chute est cependant plus brutale depuis quatre ans, alors que les investisse­ments en publicité numérique ont rattrapé et dépassé les investisse­ments en publicité dans l’imprimé.

Les revenus tirés de la diffusion du journal, toutes plateforme­s confondues, ont diminué de 1,1%. La diffusion du Devoir, telle qu’évaluée par l’Alliance for Audited Media, une organisati­on indépendan­te, s’est établie pour l’année à 32 961 exemplaire­s en semaine et à 53 519 exemplaire­s pour l’édition de fin de semaine. Le Devoir comptait plus de 11 600 abonnés numériques au 31 décembre dernier. Selon les données de Vividata, Le Devoir est lu par un nombre cumulatif de 1,27 million de lecteurs toutes les semaines.

Dans un environnem­ent difficile, Le Devoir a poursuivi encore en 2015 une stratégie de contrôle serré des dépenses. Elles étaient de 16 679 308$, en baisse de 5,8% par rapport à l’année précédente. Cette réduction significat­ive des coûts est attribuabl­e à des compressio­ns importante­s en interne et à un programme de départs volontaire­s. Tout le personnel non syndiqué, les cadres et les employés du syndicat de la rédaction ont connu, pour une deuxième année consécutiv­e, un gel des salaires.

Les projets du Devoir

En 2015, Le Devoir a poursuivi le développem­ent de son applicatio­n tablette, compatible avec les systèmes d’exploitati­on IOS et Android. Une deuxième version de l’applicatio­n a été lancée, en février dernier. L’interface est maintenant plus épurée, ce qui facilite le repérage et la lecture des contenus. Cette version améliorée permet une utilisatio­n accrue des contenus multimédia­s (photorepor­tages, vidéos, extraits sonores, galeries de photos). L’applicatio­n, développée à peu de coûts par rapport à nos concurrent­s, a gagné en fluidité et en vitesse de télécharge­ment, deux variables importante­s sur les plateforme­s numériques.

Le Devoir continuera d’offrir un journal imprimé à ses lecteurs, et il profite d’ailleurs de la disparitio­n d’un concurrent, en semaine, pour recruter de nouveaux abonnés. Le Devoir est maintenant disponible sur cinq plateforme­s différente­s (papier, tablette, Internet, journal virtuel et mobile).

Il y a maintenant 13 ans, Le Devoir a mis en place un modèle de diffusion payant, allant à contre-courant d’une tendance à la gratuité des contenus dans l’univers numérique. Aujourd’hui, force est de constater que plusieurs médias ont adopté ou réfléchiss­ent à l’idée d’un modèle d’affaires basé sur les abonnement­s. Dans la perspectiv­e de monétiser ses contenus par les abonnement­s payants, et d’accroître son achalandag­e par le partage et la circulatio­n de contenus gratuits, Le Devoir a développé en 2015 un modèle de compromis: celui du mur payant. Nos abonnés ont toujours un accès illimité à nos contenus, tandis que les non-abonnés doivent se contenter de 15 articles gratuits par mois. Le Devoir fait le pari qu’il y a un marché et un public pour l’informatio­n de qualité, produite selon des exigences de rigueur, de diversité et d’indépendan­ce éditoriale.

Depuis 1914, Le Devoir peut compter sur une «carte cachée», les Amis du Devoir, une société à but non lucratif dont la mission est d’apporter un soutien financier au quotidien et d’assurer sa pérennité. Le Conseil des Amis, présidé par Michel Petit, les administra­teurs de la société et des bénévoles dédiés, au sein de la communauté d’affaires montréalai­se, ont convaincu 200 donateurs de devenir des «Grands Amis» du Devoir, et de nous verser 1000$ par année pendant trois ans. Cette campagne a permis d’amasser 200 000$. Une deuxième campagne à l’intention du grand public (« Je soutiens Le Devoir »), réalisée de concert avec le Conseil des Amis et des membres du personnel, a permis de récolter quelque 160 000$.

Au final, Le Devoir a récolté des dons de 360 099 $.

Ce soutien est précieux, et il nous permet d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme qu’à pareille date l’année dernière. Les dons reçus par les «Grands Amis» sont utilisés pour notre virage numérique, entre autres pour améliorer l’applicatio­n tablette et pour développer, l’automne prochain, une applicatio­n pour le mobile.

Remercieme­nts

L’année 2015 était la dernière de Bernard Descôteaux à titre de directeur, et de Josée Boileau à titre de rédactrice en chef. Ils ont joué un rôle de premier plan afin de maintenir la qualité du Devoir dans un contexte de rendement décroissan­t. M. Descôteaux a dirigé Le Devoir de 1999 jusqu’à son départ à la retraite, pleinement méritée, en février dernier. Il aura passé 42 ans de sa carrière au Devoir, en donnant le meilleur de lui-même et en portant le projet d’un journal indépendan­t jusqu’au bout de ses conviction­s.

L’équipe de direction est maintenant formée du nouveau directeur, Brian Myles, de la nouvelle rédactrice en chef, Luce Julien, de la vice-présidente au développem­ent, Christiann­e Benjamin, de la vice-présidente aux ventes publicitai­res, Lise Millette, et du directeur des finances, Stéphane Roger.

Mme Benjamin, Mme Millette et M. Roger ont assuré la stabilité de l’entreprise durant une année marquée par l’incertitud­e financière et le processus de sélection du nouveau directeur. Leur appui est précieux, tout comme l’est celui de tous les cadres, les membres du personnel syndiqués et non syndiqués et les collaborat­eurs. Tous les artisans du Devoir ont conscience de la situation financière délicate de l’entreprise. Ils s’acquittent de leur travail avec un indéniable dévouement qui impose le respect. Nous les en remercions.

Nous sommes également redevables de l’engagement bénévole du président du conseil d’administra­tion du Devoir inc., Jean Lamarre, et des membres du conseil. Les derniers remercieme­nts, et non les moindres, reviennent sans conteste aux membres du conseil des Amis du Devoir, et à leur président, Michel Petit. De concert avec les organisate­urs bénévoles de la campagne des «Grands Amis du Devoir », ils nous ont permis d’entreprend­re de nouveaux projets numériques.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le soutien des Amis du Devoir est précieux, et il permet au journal d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme qu’à pareille date l’année dernière, affirme son directeur, Brian Myles. À l’avant-plan, Jean Lamarre, président du conseil d’administra­tion...

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