Le Devoir

Le sort de Rousseff entre les mains des députés

La Chambre basse se prononce dimanche sur la destitutio­n de la présidente du Brésil

- DAMIAN WROCLAVSKY ET NATALIA RAMOS à Brasilia

Les députés brésiliens ont âprement débattu vendredi du bien fondé de la destitutio­n de la présidente, Dilma Rousseff, au début d’une session marathon de trois jours qui sera sanctionné­e dimanche par un vote crucial.

Ces débats houleux ont ouvert l’un des chapitres les plus dramatique­s de l’histoire de la jeune démocratie brésilienn­e, ébranlée simultaném­ent par un séisme politique majeur, un gigantesqu­e scandale de corruption et la pire récession économique depuis des décennies.

Pendant ces longues heures de diatribes enflammées, les députés du Parti des travailleu­rs (PT) au pouvoir et d’autres partis de gauche ont accusé leurs rivaux de fomenter un «scandaleux coup d’État» pour s’emparer d’un pouvoir qu’ils n’ont pas su conquérir dans les urnes en 2014.

C’est Dilma Rousseff qui a «escroqué les Brésiliens» en leur mentant sur la gravité de la situation économique, ont rétorqué les élus conservate­urs, qui arboraient des écharpes aux couleurs vert et jaune nationales.

Mme Rousseff est accusée d’avoir sciemment maquillé les comptes publics pour minimiser l’ampleur des déficits publics en 2014, année de sa réélection, et début 2015.

Son défenseur, l’avocat général du Brésil José Eduardo Cardozo, a réitéré que ces tours de passe-passe budgétaire­s ne constituai­ent pas un «crime de responsabi­lité».

«Sans crimes de responsabi­lité, ce n’est pas une destitutio­n, mais un coup d’État», a-t-il martelé dans l’hémicycle.

«Les trucages budgétaire­s» de la présidente ne sont pas de « simples infraction­s administra­tives, mais un crime contre la patrie», a asséné Miguel Reale Junior, l’un des juristes ayant rédigé la demande de destitutio­n.

Les députés de gauche ont fustigé l’impartiali­té du président du Congrès des députés, Eduardo Cunha, ennemi juré de la présidente et inculpé pour corruption dans le cadre du scandale Petrobras, mais protégé par son immunité parlementa­ire.

M. Cunha est membre du grand parti centriste PMDB du vice-président Michel Temer, qui travaille activement à la destitutio­n de Mme Rousseff pour lui succéder.

L’héritière politique de l’exprésiden­t Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) est en situation très critique. Elle a essuyé cette semaine une avalanche de défections au sein des partis du centre de sa coalition hétéroclit­e en miette.

Dimanche, l’opposition devra obtenir au moins les deux tiers de vote des députés (342 sur 513) pour que la destitutio­n de la présidente soit soumise à l’approbatio­n du Sénat.

En cas de vote défavorabl­e des députés, la situation deviendrai­t extrêmemen­t critique pour Mme Rousseff qui a promis de «lutter jusqu’à la dernière minute».

Il suffirait en effet, courant mai, d’un vote à la majorité simple des sénateurs pour prononcer sa mise en accusation.

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EVARISTO SA AGENCE FRANCE-PRESSE Des députés conservate­urs pour la destitutio­n de Dilma Rousseff ont manifesté leur opinion vendredi au Parlement.

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