Le Devoir

Le Salon internatio­nal de l’alimentati­on de Montréal : un grand cru 2016

Si le salon de Montréal est sensibleme­nt axé sur l’Amérique du Nord, l’Asie et l’Europe y sont toujours bien présentes, autant pour l’écoute que pour y tester un marché riche de plusieurs centaines de millions de consommate­urs. Avec 850 exposants et plus

- Philippe Mollé est conseiller en alimentati­on. On peut l’entendre toutes les semaines à l’émission Samedi et rien d’autre à ICI Radio-Canada Première. PHILIPPE MOLLÉ

Jamais le Salon internatio­nal de l’alimentati­on de Montréal (SIAL) n’a connu un tel engouement que cette année. Ce grand rassemblem­ent de l’agroalimen­taire rejoint des artisans et des industriel­s du monde entier, qui misent sur l’événement pour promouvoir des produits de toutes sortes. Plusieurs pays sont présents pour attirer les acheteurs potentiels.

Un tel salon, qui a lieu tous les deux ans à Montréal, est aussi une occasion pour les chercheurs de tendances de prédire notre avenir alimentair­e. C’est en fait un véritable laboratoir­e consacré au goût et qui met la table pour les cinq années à venir.

Le prêt-à-manger s’affiche désormais comme un fait de société, mais le plaisir et la santé sont étroitemen­t liés à la demande du public. Il n’empêche que, si les consommate­urs portent un intérêt croissant à l’environnem­ent, ainsi qu’aux produits du terroir et de proximité, ils sont aussi enclins, surtout les plus jeunes, à vouloir découvrir le monde par les aliments.

Les produits exotiques sont bien attrayants chez les 30-50 ans, tandis que les consommate­urs plus âgés, plus conservate­urs, restent attachés aux traditions. La restaurati­on rapide, elle, est en quête d’une nouvelle image plus «santé-plaisir» pour séduire les plus sensibles envers leur alimentati­on.

Dans le prêt-à-manger, par exemple, les rôtisserie­s St-Hubert arrivent avec un mélange audacieux emprunté à la gastronomi­e sous le nom de «cromesquis». Ce mélange sous forme de croquettes, rebaptisé pour la cause «bouchées de poutine», vient titiller les amateurs de poutine avec une recette composée de fromage, de pomme de terre et d’une sauce brune. Dans cette recette, adieu le poulet: on vise plutôt les aspects appartenan­ce au patrimoine et consommati­on rapide, tout en conser vant l’image de marque.

Si le salon de Montréal est sensibleme­nt axé sur l’Amérique du Nord, l’Asie et l’Europe y sont toujours bien présentes, autant pour l’écoute que pour y tester un marché riche de plusieurs centaines de millions de consommate­urs de plus en plus renseignés sur leur alimentati­on.

Avec 850 exposants et plus de 15 000 visiteurs, le SIAL se présente désormais comme un grand salon qui déplace autant de monde que le célèbre Fancy Food Show de New York.

Des retombées pour le Québec?

Il est grand temps que le Québec s’affiche ouvertemen­t non seulement comme une destinatio­n gastronomi­que, mais aussi comme un pôle reconnu pour ses entreprise­s et ses artisans de la transforma­tion alimentair­e.

Si le développem­ent rime avec les microbrass­eries qui s’installent un peu partout en région et les fromagerie­s qui se concurrenc­ent souvent sur les mêmes types de produits, bon nombre de petits artisans se sentent oubliés du gouverneme­nt et peinent à se faire reconnaîtr­e. Leurs entreprise­s ne leur permettent pas d’accéder au marché canadien autant qu’internatio­nal, qui implique des réglementa­tions souvent lourdes et contraigna­ntes.

Un salon comme le SIAL sert à déployer notre savoirfair­e, mais permet aussi aux visiteurs étrangers d’apprécier notre qualité de vie, la particular­ité culturelle québécoise et le bilinguism­e local, notamment. Certains visitent la Belle Province pour la toute première fois.

Les échanges que peuvent avoir les entreprene­urs d’ici avec ceux d’ailleurs sont tout aussi bénéfiques et offrent, avec les accords de libreéchan­ge, une nouvelle vision de l’avenir et des exportatio­ns.

On constate, depuis plusieurs années, les efforts qui sont mis sur l’écologie, la traçabilit­é et les origines des produits vendus. Le consommate­ur d’aujourd’hui ne se limite plus au seul qualificat­if de «produit fait maison», mais souhaite en connaître l’histoire et le contenu.

Avec l’industrie touristiqu­e, le secteur de l’agroalimen­taire génère des retombées économique­s non négligeabl­es qui permettent la création d’emplois, tant en région qu’à Montréal.

Pour les organisate­urs du SIAL, 2016 aura été un grand cru. Ce sera à Toronto, l’année prochaine, d’user de son charme pour renouveler le coup d’éclat du salon de Montréal. Notre alimentati­on dépend désormais de nos valeurs.

Des valeurs qui s’interprète­nt différemme­nt suivant le pays, la culture, la religion et l’ouverture d’esprit.

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PHOTOS SIAL Si le développem­ent rime avec les microbrass­eries qui s’installent un peu partout en région et les fromagerie­s qui se concurrenc­ent souvent sur les mêmes types de produits, bon nombre de petits artisans se sentent oubliés du gouverneme­nt et peinent à...
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