Le Devoir

Deux candidats qui se disent ragaillard­is par le débat.

- IVAN COURONNE à Raleigh, Caroline du Nord

Au lendemain d’un débat réussi, Hillary Clinton est partie à l’assaut du vote des jeunes, un électorat peu engagé et dont elle aura besoin le 8 novembre pour battre son rival républicai­n à la présidenti­elle, Donald Trump.

Sûre d’avoir dominé le milliardai­re lors du débat de lundi soir, qui a été suivi par 84 millions de téléspecta­teurs, la candidate estime avoir prouvé que le magnat de l’immobilier n’avait ni le caractère ni les compétence­s pour succéder à Barack Obama.

«Tout le monde a pu voir son attitude, son caractère, son comporteme­nt sur le plateau et les gens ont pu en tirer leurs conclusion­s », a-t-elle dit, joviale, en rendant visite quelques minutes aux journalist­es qui voyagent dans son Boeing 737, avant un meeting en Caroline du Nord, champ de bataille électoral.

Elle n’a pas manqué d’épingler son adversaire, qui s’est plaint après le débat d’avoir eu des problèmes de micro. «Si on se plaint du micro, c’est qu’on ne passe pas une bonne soirée », a lâché la candidate avant de tourner les talons.

Ses plus proches conseiller­s, ostensible­ment radieux, étaient aussi de ce voyage en forme de tour de piste victorieux. Ils estiment que Donald Trump a commis plusieurs fautes, provoquées par des piques d’Hillary Clinton. « Votre président», a-t-il dit de Barack Obama et non «notre». Il a sous-entendu que payer moins d’impôts grâce à des astuces fiscales était une preuve d’intelligen­ce.

John Podesta, président de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton, a insinué que le milliardai­re était sorti de ses gonds. «Et avec cette tendance à renifler, à boire plein d’eau et à agripper le pupitre, il a semblé vraiment en manque de carburant », a persiflé ce transfuge de la Maison-Blanche.

«Un de fait, plus que deux!» a ensuite lancé Hillary Clinton dans un institut de formation technique à Raleigh, acclamée par 1400 supporteur­s. Elle a encouragé les jeunes à s’inscrire sur les listes électorale­s et à se mobiliser, alors que dans plusieurs États le vote par correspond­ance a déjà commencé.

Elle a puisé avec gourmandis­e dans le débat de la veille pour noircir le portrait du républicai­n. « Il s’est vanté de profiter du système pour ne pas payer sa part d’impôts», a-t-elle dit à son meeting. « Il n’a probableme­nt jamais payé un centime pour soutenir nos soldats, nos anciens combattant­s ou nos écoles ».

L’homme du changement

«Je crois qu’on s’en est très bien tiré», a dit de son côté Donald Trump à Miami. « Nous avons gagné tous les sondages, presque tous, sauf CNN. Mais personne ne regarde CNN. »

En fait, le républicai­n cite des sondages à la fiabilité variable, réalisés sur Internet. Le sondage immédiat de CNN montre que 62 % des personnes interrogée­s ont accordé la victoire à Hillary Clinton.

Il faudra plusieurs jours pour mesurer l’impact du débat sur les nombreux électeurs qui restent indécis à 42 jours du scrutin.

À ce jour, l’ex-première dame recueille 43% des intentions de vote contre 41,5% pour l’homme d’affaires, selon la moyenne calculée par le site Real Clear Politics.

Des chiffres qui ne sont pas de nature à contrarier M. Trump, en campagne dans l’État clé de la Floride mardi, où il a annoncé avoir levé ces 24 dernières heures pas moins de 13 millions de dollars pour sa campagne: «Et nous continuons à lever des fonds ! Merci l’Amérique ! » a-til dit sur Twitter.

Politiquem­ent, Donald Trump a fait passer son message lors du débat, se présentant comme l’homme du changement contre la candidate du statu quo, engagée en politique depuis les années 1970 avec son mari.

Mais, signe de son mécontente­ment, il a promis de « taper plus fort» lors du prochain débat, le 9 octobre.

Le milliardai­re, ancien organisate­ur du concours de Miss Univers, est aussi tombé dans un piège tendu par la candidate, qui a rappelé ses critiques contre la gagnante du concours 1996 parce qu’elle avait pris du poids, Trump la qualifiant de «Miss Piggy» (« Miss Peggy la cochonne »).

Au lieu d’ignorer la polémique, Donald Trump est revenu à la charge en martelant que l’ancienne Miss « avait beaucoup grossi, c’était un vrai problème ».

Mardi l’équipe de campagne de Mme Clinton a diffusé une vidéo sur Twitter: «Il me disait que j’étais laide, grosse»,y explique en espagnol l’ancienne reine de beauté.

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JEWEL SAMAD AGENCE FRANCE-PRESSE Hillary Clinton et Donald Trump ont repris la campagne mardi.
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BRENDAN SMIALOWSKI AGENCE FRANCE-PRESSE

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