Laurent Lessard encore dans l’embarras
Son ancien conseiller politique Yvon Nadeau se serait placé pour une troisième fois dans une situation de conflit d’intérêts
Pendant qu’il était conseiller politique au bureau de circonscription de Laurent Lessard, son ami Yvon Nadeau occupait une fonction dans une entreprise, Innoltek, qui cherchait à obtenir de l’aide gouvernementale, en plus de détenir des intérêts dans l’entreprise subventionnée Pyrobiom Énergies, a découvert l’opposition.
À l’Assemblée nationale, la députée péquiste Agnès Maltais et le député caquiste Simon Jolin-Barrette ont mis sur la sellette le ministre des Transports, Laurent Lessard, en soulevant un troisième cas de conflit d’intérêts, selon eux, concernant Yvon Nadeau.
Agnès Maltais a demandé à Laurent Lessard s’il avait donné son aval à Yvon Nadeau pour qu’il siège au conseil d’administration d’Innoltek à compter de mars 2015, tandis que Simon Jolin-Barrette a voulu savoir si le ministre avait demandé un avis à ce sujet au Commissaire à l’éthique et à la déontologie des membres de l’Assemblée nationale, Jacques SaintLaurent, comme il l’avait fait pour Pyrobiom. Ils n’ont pas obtenu de réponse du ministre.
L’opposition a rappelé que pendant qu’il travaillait au bureau de circonscription de l’élu libéral, Yvon Nadeau assurait la gestion locative de chalets, propriété du promoteur Mario Côté, qui furent construits au pied du mont Adstock après que la station de ski, exploitée par une coopérative, eut reçu une subvention de 1,1 million en 2008. Elle a aussi rappelé que l’entreprise Pyrobiom était engagée dans une démarche en vue d’obtenir une subvention du ministère des Ressources naturelles alors que Laurent Lessard était ministre des Forêts et qu’Yvon Nadeau travaillait à son bureau de circonscription. À la demande du Parti québécois, le commissaire à l’éthique procède à une enquête sur le rôle qu’aurait joué le ministre dans l’octroi d’une subvention de 3 millions à Pyrobiom à l’été de 2016.
Yvon Nadeau a travaillé comme conseiller politique de Laurent Lessard d’avril 2003 à juillet 2013. En novembre 2013, il occupait un poste de développement des affaires et finance chez Innoltek jusqu’à sa réembauche par le ministre en mai 2014, selon son profil LinkedIn. L’homme d’affaires a quitté le bureau du député en mai 2015, soit un mois après avoir accédé au CA d’Innoltek. En mai 2015, Simon Doray, d’Innoltek, s’est inscrit au registre des lobbyistes relativement à une démarche en vue d’obtenir un incitatif fiscal plus avantageux pour le biodiesel.
Les deux députés de l’opposition ont fait le lien entre Innoltek et Oleotek, un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au cégep de Thetford Mines. Innoltek commercialise une technologie développée par Oleotek qui, par ailleurs, tout comme CCTT, compte sur des subventions de l’État pour poursuivre ses activités. En 2011, Laurent Lessard a annoncé une subvention de 5 millions à Oleotek. L’opposition a mentionné qu’en octobre 2014, le conseiller politique siégeait aussi au CA d’Oleotek.