Le Devoir

Le commissair­e à l’éthique critiqué pour son manque de mordant

- ROBERT DUTRISAC Correspond­ant parlementa­ire à Québec

En n’imposant aucune sanction aux députés ou ministres qui ont contrevenu aux valeurs que doivent respecter des membres de l’Assemblée nationale, le commissair­e à l’éthique et à la déontologi­e, Jacques SaintLaure­nt, n’est pas à la hauteur de sa fonction.

C’est du moins le jugement qu’a porté le professeur de l’Institut d’éthique appliquée (IDEA) de l’Université Laval Luc Bégin devant la Commission des institutio­ns qui se penche sur le rapport annuel 2015-2016 du commissair­e à l’éthique. «On a été dans des situations où les affirmatio­ns du commissair­e étaient suffisamme­nt claires pour qu’il y ait sanction, estime l’universita­ire. Il [Jacques Saint-Laurent] ne sert pas adéquateme­nt la fonction qu’il occupe et contribue à susciter une interrogat­ion quant à la valeur de l’exercice, même à l’existence, de cette institutio­n. »

Sans nommer le ministre déchu Sam Hamad, Luc Bégin a cité le numéro de la décision du commissair­e concernant cet élu. Jacques Saint-Laurent avait conclu que le ministre s’était montré, dans le cas d’une subvention accordée à Premier Tech par l’entremise de son ami Marc-Yvan Côté, «plus qu’imprudent en contrevena­nt aux principes éthiques de base dans la gestion des fonds publics».

Mais le commissair­e, qui est le premier et seul titulaire à ce jour de la fonction, ne lui a pas imposé de sanction, comme à aucun élu depuis qu’il est en poste, soit depuis 2010. Ces sanctions vont de la simple réprimande à la destitutio­n en passant par l’amende. «À partir du moment où le législateu­r a choisi d’inscrire ces valeurs et principes dans le Code, un manquement à leur endroit ne peut être considéré comme anodin», croit Luc Bégin.

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