Le Devoir

Les villes s’inquiètent de l’échéancier « déraisonna­ble »

Des municipali­tés des couronnes nord et sud veulent plus de stations

- PHILIPPE ORFALI

L’ambitieux projet de Réseau électrique métropolit­ain (REM) est doté d’un échéancier «déraisonna­ble», et les liens censés le raccorder au métro de Montréal sont loin d’être à la hauteur, soutiennen­t maintenant les villes de l’île de Montréal et Laval, tandis que d’autres municipali­tés, situées dans les couronnes nord et sud de la métropole, revendique­nt elles aussi leurs propres stations.

Groupes, citoyens et municipali­tés se sont succédé, mardi, au second jour de la deuxième partie des rencontres du Bureau d’audiences publiques en environnem­ent (BAPE) sur le REM, le mégaprojet d’infrastruc­tures de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ).

Le maire de Laval Marc Demers a souligné le «grand inconfort » de sa ville quant au projet, qui comporte «trop d’inconnus», en plus d’être doté d’un échéancier — 2021 — « déraisonna­ble » selon lui. «Personne ne connaît la teneur exacte du projet, parce qu’encore à ce jour, beaucoup d’éléments restent inconnus. On a un grand inconfort quant au manque d’informatio­n », a-t-il indiqué.

Emballées par le projet, la Ville de Montréal et les autres municipali­tés de l’île insistent toutefois pour que la première phase du projet comprenne des points de correspond­ance avec le métro aux stations McGill et Édouard-Montpetit, en plus de celui prévu à la gare Centrale, afin de réduire la pression sur cette station et mieux répartir le volume d’utilisateu­rs du transport en commun. «La gare Centrale ne pourra absorber 100 000 arrivées et jusqu’à 50 000 durant la seule heure la plus achalandée, ont-elles expliqué. Une station unique au centre-ville sera nettement insuffisan­te et constituer­ait un facteur limitant qui empêcherai­t [le REM] de progresser graduellem­ent vers l’atteinte de sa pleine capacité. Nous estimons ces trois stations essentiell­es dès 2021.»

Elles demandent également d’intégrer la station BassinPeel, située dans le secteur Griffintow­n, au projet initial plutôt que dans une seconde phase, afin de mieux desservir ce quartier en ébullition.

À Chambly, Saint-Jeansur-Richelieu et… Mirabel

Mais alors que la veille, l’Union des producteur­s agricoles (UPA) dénonçait l’étalement urbain qui pourrait découler du projet, notamment en raison du positionne­ment de son terminus Rive-Sud au sud de l’autoroute 30, en plein territoire agricole, les municipali­tés de Chambly, Saint-Jean-sur-Richelieu et Mirabel souhaitent voir le REM se rendre jusque chez elles, ce qui prolongera­it le REM de quelques dizaines de kilomètres, autant au nord qu’au sud.

Le projet actuel incitera les résidants de Saint-Jean-sur-Richelieu à conduire jusqu’à la gare de Brossard, plutôt qu’à emprunter l’autobus à proximité de leur domicile en direction de Montréal, a souligné le maire de la localité, Michel Fecteau. CDPQ Infra s’est jusqu’à maintenant montrée peu encline à donner suite à ces revendicat­ions, rappelant que c’est le gouverneme­nt du Québec qui a déterminé les modalités du projet.

Rappelons que le réseau proposé compterait 24 stations, 13 stationnem­ents incitatifs et neuf terminus d’autobus permettant de relier la Rive-Sud, la Rive-Nord, Laval et l’Ouest-del’Île à la gare Centrale de Montréal. Le coût de ce projet de transport collectif est estimé à 5,5 milliards et serait mis en service au quatrième trimestre de 2021, un échéancier critiqué par un grand nombre d’intervenan­ts au cours des derniers jours, qui font également valoir que les fonds accordés au projet auraient pu être investis dans le réseau existant de la Société de transports de Montréal (STM) et de l’Agence métropolit­aine de transport (AMT). Les audiences du BAPE se poursuiven­t jusqu’au 30 septembre.

«On a un grand inconfort quant au manque d’informatio­n»

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