Le PIB augmente au Québec pendant qu’il recule au Canada
L’économie du Québec a fait fi de la décroissance observée au Canada au deuxième trimestre. Le redressement des investissements des entreprises surprend et va jusqu’à forcer une révision à la hausse du PIB au premier trimestre.
Le PIB québécois a augmenté de 0,2 % au deuxième trimestre, soit une hausse annualisée de 0,8%. Dans l’intervalle, au Canada, le PIB s’est replié de 0,4%, soit au rythme annualisé de 1,6%. Au cumul, «en regard du premier semestre 2015, le PIB réel augmente de 1,3% au Québec et de 1% au Canada», indique l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
L’agence relève que la croissance du PIB est soutenue par la demande intérieure finale mais déplore que le déficit du solde du commerce extérieur se soit amplifié. «Au deuxième trimestre, la demande intérieure finale progresse de 0,4%, suivant une croissance de 0,6 % au premier […] L’investissement en capital fixe est également en croissance (+ 0,3%), suivant sept trimestres de contraction consécutifs », précise-t-elle. «La hausse de l’investissement en capital fixe est attribuable à la reprise de l’investissement des entreprises (+ 0,5 %), tandis que celui des administrations publiques se contracte de 0,5%.»
«Les investissements des entreprises se sont enfin redressés après deux années de reculs. Les sommes dépensées en machines et en matériel ont fait un bond annualisé de 6,8%, alors que la construction non résidentielle est demeurée stable », s’est réjouie Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.
Quant au secteur extérieur, les exportations totales de biens et services ont diminué de 1,1% au deuxième trimestre et les importations totales ont augmenté de 0,3%. Sous l’effet conjugué de la hausse des importations et de la baisse des exportations, « le solde déficitaire du commerce extérieur s’amplifie de 2,2 milliards de dollars pour s’établir à 9,8 milliards », ajoute l’ISQ.
«Le redressement des investissements des entreprises s’avère le principal point positif tandis que le second repli trimestriel des exportations est préoccupant », a résumé Hélène Bégin.
Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale Marchés financiers, retient également que «la véritable surprise du rapport est la forte révision haussière du PIB réel au premier trimestre, particulièrement sentie sur le plan de la demande finale. En particulier, selon cette révision, les investissements des entreprises en machines et équipement ont crû de 0,7% en rythme annuel au premier trimestre, alors qu’on avait d’abord annoncé une diminution de 9,8%. Les autres catégories d’investissements des entreprises ont aussi été revues en hausse, quoique dans une moindre mesure […] La stabilisation des investissements des entreprises durant la première moitié de l’année, au lieu de la dégringolade estimée initialement, conforte notre scénario d’une croissance économique de 1,3% au Québec en 2016.»
La semaine dernière, en réaction à un nouveau recul des exportations en juillet, l’économiste craignait que le solde commercial soit en voie de retrancher à nouveau à la croissance pour un troisième trimestre de suite. « Si cette dernière éventualité se concrétisait, une révision en baisse de notre prévision de croissance économique du Québec en 2016, actuellement à 1,3%, serait à considérer », disait-il.
Pour Hélène Bégin, « dans l’ensemble, l’évolution de l’économie du Québec est conforme à nos attentes. La hausse prévue du PIB réel de 1,2% pour l’année 2016 est par conséquent maintenue».