Le Devoir

La Libye « dans une impasse politique »

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Genève — La Libye fait face «à une impasse politique» et à des «développem­ents militaires dangereux», a mis en garde mardi à Genève l’émissaire de l’ONU pour ce pays, Martin Kobler, soulignant l’impact des violences sur les civils.

En proie au chaos depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 et aux prises avec l’implantati­on des djihadiste­s du groupe État islamique (EI), la Libye avait semblé pouvoir sortir du conflit permanent avec la formation d’un gouverneme­nt d’union nationale (GNA) soutenu par l’ONU et les puissances occidental­es.

Le GNA s’est installé à Tripoli fin mars. « Malheureus­ement, nous faisons maintenant face à une impasse politique »,a reconnu M. Kobler devant le Conseil des Nations unies pour les droits de l’Homme en rappelant que le GNA n’a pas reçu l’aval requis du Parlement basé dans l’Est et qui soutient une autorité parallèle rivale.

«Au même moment, la Libye fait face à des développem­ents militaires dangereux», a-t-il ajouté, citant entre autres la prise de contrôle des terminaux du Croissant pétrolier, cruciaux pour l’économie, par les forces du controvers­é maréchal Khalifa Haftar, qui ne reconnaît pas le gouverneme­nt d’union.

La bataille de Syrte, qui voit les forces loyales au GNA affronter les djihadiste­s du groupe EI depuis le mois de mai dans cette ville des bords de la Méditerran­ée, se révèle aussi très meurtrière avec «600 morts» parmi les forces loyalistes et «des milliers de blessés », selon M. Kobler.

Des combats dans différente­s zones du pays ont coûté la vie à «141 civils dont 30 enfants entre mars et août», selon des cas documentés par la Mission de l’ONU, qui précise que le bilan réel est «plus lourd».

À Benghazi (est), où des combats opposent des djihadiste­s aux forces loyales aux autorités de l’Est, «100 familles sont piégées dans des zones de combat, subissant en permanence les bombardeme­nts, au manque de nourriture, le médicament­s et d’électricit­é», a poursuivi M. Kobler.

Les violences ont également des effets «lourds» sur l’économie. «Le gouverneme­nt dépense 93 % de son budget total pour payer des subvention­s et les salaires dont ceux des membres de groupes armés», a-t-il précisé.

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