Le Devoir

Tous pour tous

Une coalition de médias québécois réclame l’aide de l’État

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

Des journaux du Québec réclament en groupe un programme d’aide étatique temporaire pour mieux négocier leur virage numérique. Le regroupeme­nt évoque une «exception culturelle» pour l’industrie de la presse semblable à celle déjà accordée aux secteurs de la télé et du cinéma.

La Coalition pour la pérennité de la presse d’informatio­n (c’est son nom officiel) rassemble Groupe Capitales Médias (Le Soleil, Le Droit, etc.), Hebdos Québec (31 journaux indépendan­ts), TC Continenta­l (Le journal Métro, Les Affaires, des dizaines d’hebdos…) et Le Devoir.

«Au lieu d’intervenir un derrière l’autre, nous réagissons ensemble parce que la dynamique de crise est la même pour tous, dit au Devoir Claude Gagnon, président-directeur général de Groupe Capitales Médias. […] L’informatio­n est toujours populaire. Nous n’avons jamais eu autant de lecteurs. Mais notre modèle d’affaires doit s’adapter.»

Le regroupeme­nt existe depuis quelques semaines seulement. Il fera sa première sortie publique jeudi à Ottawa devant un comité sénatorial. Les demandes ajustées à la réalité fédérale seront défendues par Brian Myles, directeur du Devoir, et Martin Cauchon, propriétai­re de Groupe Capitales Médias. Une délégation rencontrer­a le ministre de la Culture et des Communicat­ions du Québec début novembre.

La coalition demande notamment au gouverneme­nt du Québec de «mettre rapidement sur pied un programme d’aide financière temporaire de cinq ans pour les journaux », selon un communiqué diffusé ce mercredi. Le document présente cinq demandes précises :

Production. Un programme et/ou un crédit d’impôt remboursab­le couvrant 40% des coûts de production de l’informatio­n, dont les salaires des journalist­es. Numérique. Un programme et/ou un crédit d’impôt remboursab­le couvrant 50% des investisse­ments numériques, dont l’achat de logiciels et la création d’applicatio­ns.

Recyclage. Une exemption de la contributi­on en argent au service de collectes sélectives. Cette facture a augmenté de plus de 1000% en une décennie.

Taxes. L’abolition des taxes de vente pour les journaux.

Pubs. Une augmentati­on «significat­ive » du budget gouverneme­ntal pour les placements publicitai­res dans les journaux.

«Ce sont des options offertes au gouverneme­nt, dit encore M. Gagnon. Nous identifion­s des pistes pour lui permettre d’intervenir. »

Programme d’aide

Monde disparate

La mutation numérique n’affecte pas tous les joueurs de la même manière. Certains (comme La Presse et sa version pour tablettes) ont déjà quasiment abandonné le papier en étant appuyé par un propriétai­re richissime. Le consensus pourra-t-il émerger dans ce contexte disparate ?

«Tout le monde vit les mêmes situations, les mêmes problèmes en ce moment, répond M. Gagnon. Est-ce que La Presse, parce qu’elle a pris de l’avance, est prémunie par rapport à ce qui se passe actuelleme­nt ? Je ne pense pas. Chacun fait ses propres choix et tout le monde est le bienvenu dans la coalition. L’idée, c’est de créer une situation qui va nous permettre de passer à travers cette période extrêmemen­t exigeante en matière d’argent et de ressources. »

Nature particuliè­re

La coalition plaide aussi pour la nature particuliè­re des activités journalist­iques, qui servent à informer, éduquer et cultiver. «Ce sont des véhicules de la liberté d’expression, des carrefours incontourn­ables lors des débats publics, essentiels à la vitalité démocratiq­ue de leurs milieux de vie», résume le communiqué. Le texte rappelle finalement que plusieurs pays du monde soutiennen­t leur presse écrite, y compris les États-Unis.

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