Le Devoir

Économie › Banque Laurentien­ne. Abolition de 300 emplois et fusion de 50 succursale­s.

La banque éliminera 300 postes et fusionnera 50 succursale­s, mais le syndicat l’accuse de chercher à diviser pour mieux imposer son modèle

- JULIEN ARSENAULT JEAN PHILIPPE ANGERS

La Banque Laurentien­ne abolira quelque 300 postes au cours des 18 prochains mois dans le cadre d’une restructur­ation au cours de laquelle 50 succursale­s seront fusionnées.

L’annonce a été faite mercredi, après la fermeture des marchés, alors que la haute direction de l’institutio­n financière rencontrai­t plusieurs centaines de ses employés dans le cadre d’une réunion au Palais des congrès de Montréal.

Le président et chef de la direction, François Desjardins, a souligné que le fonctionne­ment du modèle bancaire traditionn­el était « désuet ».

Selon la Banque Laurentien­ne, la majorité des postes seront éliminés par «attrition naturelle». En date du 31 juillet, la Banque Laurentien­ne comptait 148 succursale­s — au Québec et en Ontario — et l’équivalent de 3631 employés à temps plein à travers le pays.

Mardi, les syndiqués avaient obtenu une ordonnance provisoire auprès du Conseil canadien des relations industriel­les (CCRI) pour empêcher l’institutio­n financière de déployer un projet pilote visant à tester un nouveau modèle de succursale à partir du 1er janvier 2017.

Dans sa décision, le Conseil a suspendu «dans son entièreté» le projet Mascouche jusqu’à ce que la cause soit débattue sur le fond ou que la banque soit en mesure de s’entendre avec les représenta­nts du Syndicat des employées et employés profession­nels et de bureau (SEPB-Québec), affilié à la Fédération des travailleu­rs du Québec, représenta­nt près de 1800 employés.

Selon la partie syndicale, le nouveau projetpilo­te offrirait principale­ment des servicesco­nseils en éliminant les services transactio­nnels bancaires, et la direction voudrait rouvrir la convention collective qui vient à échéance le 31 décembre 2017 en éliminant la sécurité d’emploi. Le syndicat disait déjà craindre d’importante­s réductions d’effectifs.

À la sortie de la rencontre extraordin­aire,

mercredi, l’exécutif syndical disait croire que M. Desjardins avait surtout voulu créer de la division parmi les employés.

«Négocier avec un fusil derrière ta tête, ce n’est pas une façon de négocier. Ça fait déjà des années qu’ils ferment des succursale­s. Cette année, ils en ont fusionné, et ils vont en fusionner chaque année, donc de dire que c’est parce que le syndicat n’a pas embarqué dans son plan, c’est totalement faux», a soutenu en entrevue la présidente de l’exécutif syndical local 434 du SEPB-Québec, Josée Ciof fi.

Mme Cioffi disait avoir peu de détails, affirmant que « possibleme­nt des caissières, des gens au comptoir seraient touchés» et peut-être aussi des conseiller­s.

La vice-présidente de l’exécutif syndical local, Jocelyne Lacroix, a renchéri en disant que l’informatio­n avait été « manipulée ». «On nous accusait de pratique déloyale au CCRI, mais c’est exactement ce qu’il a fait aujourd’hui, de la pratique déloyale », a-t-elle fait valoir.

Nadia Yala, employée de la Banque Laurentien­ne, présente à la rencontre extraordin­aire, a affirmé que ses cllègues et elle-même s’« attendaien­t un peu à des mesures drastiques » si le syndicat et la banque n’arrivaient pas à s’entendre. «Il faut rester positif et on espère qu’ils vont trouver un terrain d’entente, parce que fermer 50 succursale­s en une année, ce n’est pas la meilleure solution pour les employés, et pour nos clients », a-t-elle souligné.

Aussi présent sur place, un conseiller financier qui aurait fait partie du projet pilote, et qui a préféré conserver l’anonymat, a dit croire qu’il y avait « 40 % de la salle du côté de la banque, et 60 % pour le syndicat ». « C’était beau le projet qui s’en venait, c’est juste triste qu’ils vont fusionner 50 succursale­s. […] Ça aurait dû se passer autrement », a-t-il fait valoir.

Selon la présidente de l’exécutif syndical local, il y aurait moyen de faire autrement en misant sur la formation.

«Si la banque veut garder sa clientèle, il s’agit de se réinventer et de former ses propres employés […] pour offrir un meilleur service. Ça ne veut pas dire qu’il faut fermer nos succursale­s, […] ça peut se faire dans le respect. Et ceux qui doivent être coupés, on peut les recycler, ce sont des gens qui ont toutes les compétence­s nécessaire­s », a dit Mme Cioffi.

Déménageme­nt

Dans le but de réduire ses dépenses, la Banque Laurentien­ne avait annoncé le mois dernier son intention de déménager son siège social — actuelleme­nt situé sur l’avenue McGill College — dans la Cité du commerce électroniq­ue, au centre-ville de la métropole, en 2018.

Le plan de transforma­tion de M. Desjardins vise notamment à doubler, à 70 milliards, la taille de l’actif de la Banque Laurentien­ne.

« Nous devons nécessaire­ment adapter les services aux particulie­rs à cette réalité pour optimiser l’efficacité de nos opérations tout en répondant aux demandes changeante­s de nos clients », a déclaré M. Desjardins, mercredi, dans un communiqué.

L’institutio­n financière n’est pas la première à annoncer des licencieme­nts afin de réduire ses coûts. La semaine dernière, le Mouvement Desjardins a aboli 83 postes de directeur, soit huit pour cent des postes de directeur au sein de la coopérativ­e, ce qui vient s’ajouter l’éliminatio­n, à la fin août, de 28 postes de vice-président.

L’an dernier, la Banque Nationale avait également annoncé son intention de supprimer des centaines d’emplois.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Les employés de la Banque Laurentien­ne se sont déplacés par centaines au Palais des congrès de Montréal pour entendre le président et chef de la direction expliquer les intentions de l’entreprise.
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