Le Devoir

Lessard est accusé de népotisme. L’opposition exige sa démission.

L’entreprise pour laquelle travaille la conjointe du ministre aurait bénéficié de subvention­s pour des projets de HLM

- ROBERT DUTRISAC Correspond­ant parlementa­ire à Québec

L’opposition a lancé une nouvelle charge contre le ministre des Transports, Laurent Lessard, dont elle réclame la démission, cette foisci en l’accusant de népotisme en faveur de sa conjointe.

Tant la porte-parole péquiste en matière d’éthique, Agnès Maltais, que le critique caquiste pour la justice, Simon Jolin-Barrette, ont repris les informatio­ns, publiées mercredi dans les quotidiens de Québecor, qui impliquent Johanne Binette, la conjointe du ministre, et son employeur, Groupe ressources techniques Beauce-Appalaches (GRTBA), une entreprise d’économie sociale qui échafaude des projets d’habitation­s à loyer modique. Pour ce faire, l’entreprise communauta­ire sollicite des subvention­s du programme Accès-Logis administré par la Société d’habitation du Québec (SHQ). Selon les quotidiens, le GRTBA, basé à Thetford Mines, dans la circonscri­ption

«Quand on “blaste ” nos conjoints, c’est dur, ça fait mal Jean-Marc Fournier, s’en prenant aux médias

de Laurent Lessard, a obtenu un total de 12,7 millions pour cinq projets d’habitation­s entre 2009 et 2012, quand Laurent Lessard était titulaire du ministère des Affaires municipale­s dont relève la SHQ.

Pour l’opposition, il s’agit encore d’une apparence de conflit d’intérêts qui s’ajoute à trois autres cas : la subvention de 3 millions à Pyrobiom Énergies, l’entreprise de l’ex-attaché politique du ministre dans sa circonscri­ption, Yvon Nadeau, les chalets dont celui-ci gère la location au mont Adstock pour le compte du propriétai­re Mario Côté, qui ne lui réclame étrangemen­t aucun revenu, et des entreprise­s dont il s’occupait, Innoltek et Oleotek, pendant qu’il travaillai­t pour Laurent Lessard.

Agnès Maltais a critiqué « l’attitude » qu’adopte le premier ministre Philippe Couillard quand des controvers­es éclabousse­nt un de ses ministres. «Ça prend la pression populaire, ça prend des questions de l’opposition, ça prend l’indignatio­n totale du Québec pour qu’il retrouve le minimum de sens éthique qui est nécessaire dans cette Assemblée », a-t-elle clamé lors de la période de questions.

Pour sa part, Simon Jolin-Barrette, qui réclame que la vérificatr­ice générale enquête sur Pyrobiom, sur le mont Adstock, sur Innoltek et maintenant sur le GRTBA, estime que «partout où les amis et la famille du ministre des Transports sont présents, ça semble garant de l’obtention de subvention­s du gouverneme­nt».

Fournier en colère

Le leader parlementa­ire du gouverneme­nt, Jean-Marc Fournier, fulminait. Il s’en est d’abord pris aux médias. «Je trouve qu’il commence à y avoir un certain acharnemen­t sur mon collègue, a-t-il décrié. Quand on “blaste” nos conjoints, c’est dur, ça fait mal.»

À l’Assemblée nationale, Jean-Marc Fournier a soutenu qu’il n’y avait rien d’irrégulier dans le fait que l’épouse d’un ministre travaille pour une entreprise d’économie sociale qui reçoit des subvention­s d’un programme «normé» et administré par des fonctionna­ires de la SHQ. «Vous êtes en train d’imposer à nos conjoints un fardeau qui n’a jamais été mis dans notre code d’éthique, celui de ne plus pouvoir travailler. […] Honte à vous», a-t-il lancé à l’opposition.

Dans un point de presse, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a rappelé que Jean-Marc Fournier s’était acharné sur le mari de Pauline Marois, Claude Blanchet, pour son rôle à la Société générale de financemen­t.

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Pour l’opposition, il s’agit d’une apparence de conflit d’intérêts concernant le ministre Lessard, qui s’ajoute à trois autres cas auxquels est mêlé son ex-employé Yvon Nadeau.

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