Lessard est accusé de népotisme. L’opposition exige sa démission.
L’entreprise pour laquelle travaille la conjointe du ministre aurait bénéficié de subventions pour des projets de HLM
L’opposition a lancé une nouvelle charge contre le ministre des Transports, Laurent Lessard, dont elle réclame la démission, cette foisci en l’accusant de népotisme en faveur de sa conjointe.
Tant la porte-parole péquiste en matière d’éthique, Agnès Maltais, que le critique caquiste pour la justice, Simon Jolin-Barrette, ont repris les informations, publiées mercredi dans les quotidiens de Québecor, qui impliquent Johanne Binette, la conjointe du ministre, et son employeur, Groupe ressources techniques Beauce-Appalaches (GRTBA), une entreprise d’économie sociale qui échafaude des projets d’habitations à loyer modique. Pour ce faire, l’entreprise communautaire sollicite des subventions du programme Accès-Logis administré par la Société d’habitation du Québec (SHQ). Selon les quotidiens, le GRTBA, basé à Thetford Mines, dans la circonscription
«Quand on “blaste ” nos conjoints, c’est dur, ça fait mal Jean-Marc Fournier, s’en prenant aux médias
de Laurent Lessard, a obtenu un total de 12,7 millions pour cinq projets d’habitations entre 2009 et 2012, quand Laurent Lessard était titulaire du ministère des Affaires municipales dont relève la SHQ.
Pour l’opposition, il s’agit encore d’une apparence de conflit d’intérêts qui s’ajoute à trois autres cas : la subvention de 3 millions à Pyrobiom Énergies, l’entreprise de l’ex-attaché politique du ministre dans sa circonscription, Yvon Nadeau, les chalets dont celui-ci gère la location au mont Adstock pour le compte du propriétaire Mario Côté, qui ne lui réclame étrangement aucun revenu, et des entreprises dont il s’occupait, Innoltek et Oleotek, pendant qu’il travaillait pour Laurent Lessard.
Agnès Maltais a critiqué « l’attitude » qu’adopte le premier ministre Philippe Couillard quand des controverses éclaboussent un de ses ministres. «Ça prend la pression populaire, ça prend des questions de l’opposition, ça prend l’indignation totale du Québec pour qu’il retrouve le minimum de sens éthique qui est nécessaire dans cette Assemblée », a-t-elle clamé lors de la période de questions.
Pour sa part, Simon Jolin-Barrette, qui réclame que la vérificatrice générale enquête sur Pyrobiom, sur le mont Adstock, sur Innoltek et maintenant sur le GRTBA, estime que «partout où les amis et la famille du ministre des Transports sont présents, ça semble garant de l’obtention de subventions du gouvernement».
Fournier en colère
Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, fulminait. Il s’en est d’abord pris aux médias. «Je trouve qu’il commence à y avoir un certain acharnement sur mon collègue, a-t-il décrié. Quand on “blaste” nos conjoints, c’est dur, ça fait mal.»
À l’Assemblée nationale, Jean-Marc Fournier a soutenu qu’il n’y avait rien d’irrégulier dans le fait que l’épouse d’un ministre travaille pour une entreprise d’économie sociale qui reçoit des subventions d’un programme «normé» et administré par des fonctionnaires de la SHQ. «Vous êtes en train d’imposer à nos conjoints un fardeau qui n’a jamais été mis dans notre code d’éthique, celui de ne plus pouvoir travailler. […] Honte à vous», a-t-il lancé à l’opposition.
Dans un point de presse, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a rappelé que Jean-Marc Fournier s’était acharné sur le mari de Pauline Marois, Claude Blanchet, pour son rôle à la Société générale de financement.