Le Devoir

Élections Canada veut plus de dents

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le directeur général des élections, Marc Mayrand, demande au gouverneme­nt de nouveaux pouvoirs. Il aimerait avoir le droit d’imposer des amendes à ceux qui ne respectent pas la volumineus­e Loi électorale. Car pour l’instant, plusieurs écarts de conduite demeurent impunis, faute de peines adéquates.

Le patron d’Élections Canada déplore qu’en cas d’entorse à la Loi électorale, il ne dispose que d’un outil: entamer une poursuite pénale. «Il y a plus de 200 infraction­s dans la Loi électorale et il y en a effectivem­ent qui sont assez mineures, par exemple le fait d’être en retard pour déposer un rapport. […]. On estime que ces dispositio­ns seraient mieux encadrées si on pouvait simplement donner une contravent­ion plutôt que d’engager des poursuites pénales qui sont lourdes et coûteuses», a expliqué M. Mayrand en conférence de presse.

Selon lui, certains écarts de conduite restent impunis à cause de ce déséquilib­re. «Y a-t-il impunité? C’est certain qu’il y a certaines infraction­s aujourd’hui qui […] peuvent ne pas être poursuivie­s et déboucher seulement à une lettre de réprimande.»

Or, même banales, ces infraction­s ne sont pas sans conséquenc­e. «Quand les rapports de financemen­t politique sont en retard, les Canadiens ne peuvent pas savoir qui a contribué à quelle hauteur et comment les fonds ont été dépensés. Alors ça a une certaine importance.»

Marc Mayrand suggère que l’amende atteigne «quelques milliers de dollars» selon la gravité de l’infraction. Au Québec, le Directeur général des élections a le pouvoir de donner un avis d’infraction. Si le fautif reconnaît son tort, une amende est donnée, sans passer par les tribunaux. La Loi électorale fédérale prévoit certes des amendes, mais au terme d’un processus judiciaire seulement.

Par ailleurs, Marc Mayrand prédit que sa recommanda­tion de tenir les élections la fin de semaine plutôt que les lundis — pour faciliter le recrutemen­t de travailleu­rs électoraux et la location de salles — aura un effet bénéfique sur le taux de participat­ion.

En 2011 et en 2015, le vote par anticipati­on a été tenu pendant le long week-end de Pâques et de l’Action de grâce, respective­ment. « Aux deux occasions, on a enregistré des taux de participat­ion records », a-t-il fait valoir. Près de 3,7 millions d’électeurs ont voté par anticipati­on en 2015 et 2,1 millions en 2011, contre environ 1,5 million lors des deux précédents scrutins. «Alors on a des raisons de penser que les électeurs souhaitent un changement pour avoir plus de disponibil­ité.»

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