Le Devoir

Lessard associe ses problèmes à son poste aux Transports

- ROBERT DUTRISAC Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Alors qu’il défendait son sens de l’éthique, Laurent Lessard s’est interrogé, jeudi, sur l’irruption dans l’actualité de controvers­es qui le concernent au moment même où il entreprend de réformer le ministère des Transports.

«Ce que je ne comprends pas, c’est que je suis le même gars qu’il y a un mois et demi quand j’étais à la Forêt [le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs]. Soudaineme­nt, qu’est-ce qui se passe quand tu arrives au ministère des Transports? Tout ce tir groupé-là», a fait remarquer dans une mêlée de presse Laurent Lessard, qui assume ses nouvelles fonctions de ministre des Transports depuis le 20 août dernier.

Le ministre n’est toutefois pas allé jusqu’à proposer une quelconque théorie du complot. «Je ne présume de rien. Je vous citais une coïncidenc­e. Maintenant, je sais une affaire: il y aura des changement­s et c’est commencé », a-t-il affirmé.

Depuis trois semaines, Laurent Lessard multiplie les explicatio­ns sur les différente­s activités lucratives que menait de front son ami Yvon Nadeau en même temps qu’il était son conseiller politique dans sa circonscri­ption. Ce cumul d’occupation­s, «c’est normal», juge le ministre. Deux de ses entreprise­s, Pyrobiom Énergies et Innoltek, ont sollicité de l’aide de l’État.

«Je ne présume de rien. Je vous citais une coïncidenc­e. Laurent Lessard

Couillard réitère sa confiance

Philippe Couillard a réitéré sa confiance dans son ministre. Irrité, le premier ministre a toutefois refusé de commenter la situation. «Il n’y a rien à ajouter là-dessus », a-t-il sèchement répondu aux journalist­es qui l’asticotaie­nt.

Mercredi, Laurent Lessard, qui participai­t à une rencontre des ministres des Transports à Toronto, a bénéficié d’une journée de répit. Mais ce ne fut que partie remise.

Jeudi, Laurent Lessard a précisé qu’il avait déclaré au commissair­e à l’éthique et à la déontologi­e que sa conjointe, Johanne Binette, travaillai­t pour une entreprise d’économie sociale, le Groupe ressources techniques Beauce-Appalaches (GRTBA), qui comptait sur des subvention­s de la Société d’habitation du Québec (SHQ) pour financer des projets d’habitation­s à loyer modique. La SHQ relève du ministère des Affaires municipale­s, dont le titulaire était son mari.

«Le problème, c’est que le gars qui gère le programme de subvention­s est redevable au ministre pour sa “job”, il est redevable au ministre des Affaires municipale­s. Sa femme travaille pour une entreprise qui a [reçu] 12,7 millions de subvention­s. Il y a quelque chose qui marche pas là-dedans», a observé le député de la Coalition avenir Québec Éric Caire à l’Assemblée nationale.

Laurent Lessard a certifié qu’il ne connaissai­t pas l’organisate­ur libéral John MacKay quand il fut nommé à la tête de la SHQ pour ensuite délier les goussets de la société d’État afin de financer les projets présentés par le GRTBA. Quant aux pressions qu’il a exercées sur la SHQ à compter de 2003 pour obtenir ces subvention­s, le ministre a dit qu’il n’avait fait que reprendre les dossiers dont s’occupait l’élu péquiste défait Marc Boulianne.

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