Le Devoir

La bataille du pinceau

Six artistes se mesurent sur la toile dans une ambiance bohème survoltée à l’événement Art Battle Montréal

- SOPHIE CHARTIER

C’est à la fois une fête célébrant les artistes, un concours, une course contre la montre et une ode à la beauté. Vendredi soir, Art Battle s’arrête à Montréal pour trouver l’artiste qui peut créer une oeuvre époustoufl­ante en quelques minutes. Et pour faire plaisir aux collection­neurs et amateurs d’art.

Alors, comment ça marche, cette compétitio­n de peinture en direct? «Ce sont des rounds de 20 minutes, explique l’organisatr­ice du volet montréalai­s d’Art Battle, Nadine Samuel, elle-même artiste peintre. Dans la soirée, six peintres vont s’affronter lors de trois différents rounds. Le gagnant ou la gagnante affrontera les gagnants des autres provinces dans la finale, à la fin de la saison, à Toronto. C’est le public qui choisit les vainqueurs. »

On y va pour le spectacle des pinceaux qui s’agitent, des idées qui naissent sur la toile et la frénésie du chronomètr­e. « Ce sont surtout des profession­nels qui participen­t, quoique nous ayons vu quelques amateurs. Certains en vivent, d’autres non, commente Mme Samuel. Il faut être expériment­é pour atteindre un résultat qui fonctionne en 20 minutes ou moins. Les pros s’entraînent en atelier en prévision des matchs.»

Gratin des arts

Si le concept, populaire un peu partout dans le monde, existe au Canada depuis sept ans, Montréal héberge l’événement depuis trois ans. Et petit à petit, l’idée du concours amical opposant les peintres a pris de l’expansion et s’est multipliée.

«Il existe maintenant des Art Battles entre villes, explique l’artiste organisatr­ice. C’est plus collectif. L’été dernier s’est tenu un match Toronto-Peterborou­gh-Mississaug­a-Montréal.»

Ce qui est intéressan­t, selon Nadine Samuel, qui a longtemps oeuvré à la ligue d’improvisat­ion picturale de Montréal, le VIP, c’est que c’est le public qui choisit les gagnants. «Le public est composé de collection­neurs, de personnes qui connaissen­t bien le milieu de l’art, mais aussi de curieux, des gens qui viennent pour découvrir. »

Car la bataille, c’est bien, mais il y a aussi la vente dans tout ça ! « C’est un encan silencieux et les spectateur­s peuvent miser pendant la joute, poursuit-elle. C’est l’occasion de venir voir comment les artistes travaillen­t, de les rencontrer, de faire des acquisitio­ns. Beaucoup de gens qui connaissen­t le milieu viennent y assister.» Tout au long de l’événement, on peut placer sa mise.

L’ambiance, assure Nadine, est bouillonna­nte, électrisan­te. Malgré la compétitio­n, l’esprit de communauté règne. Sans compter qu’un DJ est aux platines pour rythmer la soirée, ajoutant à l’aspect festif.

«On refait l’événement au Matahari Loft, qui est un centre important de la vie culturelle montréalai­se, dit-elle. C’est un lieu très inspirant.» Le grand espace ouvert de l’avenue du Mont-Royal vient d’ailleurs d’obtenir une nomination au Gala alternatif de la musique indépendan­te du Québec (GAMIQ) dans la catégorie «salle de spectacle de l’année».

Processus à nu

La beauté de la chose pour un spectateur d’Art Battle, outre le divertisse­ment de la course contre la montre, c’est d’avoir un accès complet au processus créatif, d’habitude si reclus dans les ateliers.

«C’est une chose à laquelle peu de gens ont accès, poursuit Nadine Samuel. Pour les gens qui aiment l’art, c’est cool de voir la création sortir de l’atelier et les artistes en plein travail. On a beaucoup de plaisir. »

Le match de vendredi démarre la saison canadienne. Après, Victoria aura le sien, puis Prince-George, Vancouver et d’autres.

ART BATTLE MONTRÉAL Vendredi, 19h30, au Matahari Loft de Montréal. 15$

Les peintres vont s’affronter lors de trois rounds de 20 minutes. Le gagnant ou la gagnante affrontera les gagnants des autres provinces vainqueurs.» dans la finale à Toronto. C’est le public qui choisit les L’organisatr­ice du volet montréalai­s d’Art Battle, l’artiste peintre Nadine Samuel

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NADINE SAMUEL L’oeuvre de Mathieu Robert à la finale de l’an dernier
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Outre le divertisse­ment de la course contre la montre, le spectateur accède au processus créatif complet, d’habitude si reclus dans les ateliers

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