En vitrine à la biennale de danse de Lyon
RELIC Une performance signée et interprétée par Euripides Laskaridis À la Maison de la danse de Lyon
Pas si simple de faire une petite pièce sur l’inattendu, ni de répéter à rythme régulier des surprises théâtrales. Le Grec Euripides Laskaridis y arrive avec sa performance iconoclaste mais jamais dada, imprévisible mais toujours cohérente. La scène semble être un intérieur privé, appartement ou studio de musique, lieu domestique de ce personnage difforme, nu, asexué, aux incroyables protubérances, qui tient physiquement des bouffons classiques. En se transformant — tantôt femme du monde au discours inintelligible miné par les larsens, tantôt motard-poilu-danseuse-exotique —, en exagérant le son et les effets stroboscopiques, en jouant de ruptures radicales, Laskaridis arrive à faire voir ce qu’on ne voit pas quand on reste dans la norme ou quand on veut la rejoindre dès que ça dérape. Les maladresses et accidents sont exagérés, sans pourtant devenir des lazzis comiques. Les matériaux et les images produites sont détournés en un clin d’oeil ou en un son, un changement de voix. DJ de l’absurde, indéniablement expérimental, l’artiste donne une leçon d’interprétation. Malgré son costume épais qui ne laisse voir aucune parcelle de chair, malgré son masque opaque qui couvre aussi les yeux, il incarne entièrement par le langage corporel ses différents personnages, hommes comme femmes, les rend crédibles, fait passer leurs émotions, leur solitude, leur acharnement. Une belle leçon de jeu de masque. Pour spectateurs aventuriers et aventureux ; et pour le beau plaisir d’assister à une pièce réellement imprédictible.