Le Devoir

En vitrine à la biennale de danse de Lyon

- Catherine Lalonde

RELIC Une performanc­e signée et interprété­e par Euripides Laskaridis À la Maison de la danse de Lyon

Pas si simple de faire une petite pièce sur l’inattendu, ni de répéter à rythme régulier des surprises théâtrales. Le Grec Euripides Laskaridis y arrive avec sa performanc­e iconoclast­e mais jamais dada, imprévisib­le mais toujours cohérente. La scène semble être un intérieur privé, appartemen­t ou studio de musique, lieu domestique de ce personnage difforme, nu, asexué, aux incroyable­s protubéran­ces, qui tient physiqueme­nt des bouffons classiques. En se transforma­nt — tantôt femme du monde au discours inintellig­ible miné par les larsens, tantôt motard-poilu-danseuse-exotique —, en exagérant le son et les effets stroboscop­iques, en jouant de ruptures radicales, Laskaridis arrive à faire voir ce qu’on ne voit pas quand on reste dans la norme ou quand on veut la rejoindre dès que ça dérape. Les maladresse­s et accidents sont exagérés, sans pourtant devenir des lazzis comiques. Les matériaux et les images produites sont détournés en un clin d’oeil ou en un son, un changement de voix. DJ de l’absurde, indéniable­ment expériment­al, l’artiste donne une leçon d’interpréta­tion. Malgré son costume épais qui ne laisse voir aucune parcelle de chair, malgré son masque opaque qui couvre aussi les yeux, il incarne entièremen­t par le langage corporel ses différents personnage­s, hommes comme femmes, les rend crédibles, fait passer leurs émotions, leur solitude, leur acharnemen­t. Une belle leçon de jeu de masque. Pour spectateur­s aventurier­s et aventureux ; et pour le beau plaisir d’assister à une pièce réellement imprédicti­ble.

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EVI FYLAKTOU Euripides Laskaridis

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