Le Devoir

Sauvé par Mendelssoh­n !

- CHRISTOPHE HUSS

CONCERT 5E ANNIVERSAI­RE DE LA SALLE BOURGIE Monteverdi : Répons Domine ad adjuvandum (arr. pour cuivres). Bach: Concertos brandebour­geois nos 4 et 5. McKinley : Hommage à Louis C. Tiffany. Mendelssoh­n: Octuor à cordes. Ensemble de cuivres (dir. Patrice Richer), Ensemble Clavecin en concert (dir. et clavecin Luc Beauséjour), Ensemble de cordes (1er violon Axel Strauss). Présentati­on de la Fondation Arte Musica, mercredi 28 septembre 2016.

Ce qu’il y a de bien avec la salle Bourgie, c’est que la saison régulière permet de se consoler des anniversai­res ratés. La Fondation Arte Musica et sa directrice, Isolde Lagacé, qui gère la programmat­ion, doivent une fière chandelle à Axel Strauss, Marianne Dugal, Alexander Read, Jean-Sébastien Roy, Douglas McNabney, Victor Fournelle-Blain, Matt Haimovitz et Christine Lamprea, huit instrument­istes qui ont emballé et embrasé l’Octuor à cordes de Mendelssoh­n en seconde partie de ce fâcheux concert anniversai­re.

On ne peut que louer le niveau des prestation­s chambriste­s des enseignant­s de McGill depuis que successive­ment Matt Haimovitz, au violoncell­e, et Axel Strauss, au violon, ont rejoint l’équipe. Les impulsions données par Strauss à ce groupe d’élite ont été très à propos, tant dans l’énergie que dans le raffinemen­t, à son comble dans les derniers instants du fameux Scherzo. Programmer un octuor était l’autre (seule) bonne idée de la soirée: c’est l’effectif idéal pour faire sonner cette salle à son plein rendement sans la saturer.

Et le reste…

Le reste fut au mieux «moins heureux» et au pire gênant. Avant un discours au singulier de la directrice ont retenti les cuivres dans une adaptation du début des Vêpres de Monteverdi. Cet emblème de la musique spatiale a été joué par des instrument­istes alignés au fond du balcon! J’ai cherché à comprendre… Les mêmes sont revenus en début de 2e partie pour une oeuvre jadis commandée à Maxime McKinley pour l’ouverture. L’espace était utilisé, cette fois. Cela dit, la compositio­n pourrait très bien s’intituler «Ovins et bovins» et servir à l’inaugurati­on d’une foire agricole. Il était inutile de «rentabilis­er le forfait» en la rejouant.

Mais tout cela allait encore, en comparaiso­n de la partie Bach, tout sauf festive. Certes le 5e Brandebour­geois permettait aux oreilles blessées de trouver refuge dans le clavecin juste et volubile de Luc Beauséjour. Ses partenaire­s ont été assez chambriste­s pour ne pas trop le couvrir. Certes, aussi, les flûtistes Francis Colpron et Grégoire Jeay ont tiré le meilleur parti des lambeaux d’un 4e Brandebour­geois déchiqueté par les fausses notes de la violoniste Tanya LaPerrière et les récurrents sons disgracieu­x des violons.

Plébiscite pour la qualité

On reparlera à un autre moment de la nécessité d’états généraux de la musique baroque à Montréal. Car quand chaque note ou presque émise par des «spécialist­es» devient un plébiscite pour la qualité et le fini instrument­al d’I Musici et des Violons du Roy, c’est que quelque chose ne va pas.

Quant à l’inattendu «bravo!» sonore qui a fusé du balcon après cette horreur, il émanait de la directrice en personne. Après coup, je ne sais vraiment pas ce que j’ai trouvé le plus embarrassa­nt…

Lire aussi › Retrouvez sur le site Internet et l’applicatio­n tablette du Devoir la critique du 1er concert de la saison 2016-2017 d’Arion, Cafés et jardins en musique, donné jeudi 29 septembre à la salle Bourgie et repris ce vendredi, samedi et dimanche.

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