Sauvé par Mendelssohn !
CONCERT 5E ANNIVERSAIRE DE LA SALLE BOURGIE Monteverdi : Répons Domine ad adjuvandum (arr. pour cuivres). Bach: Concertos brandebourgeois nos 4 et 5. McKinley : Hommage à Louis C. Tiffany. Mendelssohn: Octuor à cordes. Ensemble de cuivres (dir. Patrice Richer), Ensemble Clavecin en concert (dir. et clavecin Luc Beauséjour), Ensemble de cordes (1er violon Axel Strauss). Présentation de la Fondation Arte Musica, mercredi 28 septembre 2016.
Ce qu’il y a de bien avec la salle Bourgie, c’est que la saison régulière permet de se consoler des anniversaires ratés. La Fondation Arte Musica et sa directrice, Isolde Lagacé, qui gère la programmation, doivent une fière chandelle à Axel Strauss, Marianne Dugal, Alexander Read, Jean-Sébastien Roy, Douglas McNabney, Victor Fournelle-Blain, Matt Haimovitz et Christine Lamprea, huit instrumentistes qui ont emballé et embrasé l’Octuor à cordes de Mendelssohn en seconde partie de ce fâcheux concert anniversaire.
On ne peut que louer le niveau des prestations chambristes des enseignants de McGill depuis que successivement Matt Haimovitz, au violoncelle, et Axel Strauss, au violon, ont rejoint l’équipe. Les impulsions données par Strauss à ce groupe d’élite ont été très à propos, tant dans l’énergie que dans le raffinement, à son comble dans les derniers instants du fameux Scherzo. Programmer un octuor était l’autre (seule) bonne idée de la soirée: c’est l’effectif idéal pour faire sonner cette salle à son plein rendement sans la saturer.
Et le reste…
Le reste fut au mieux «moins heureux» et au pire gênant. Avant un discours au singulier de la directrice ont retenti les cuivres dans une adaptation du début des Vêpres de Monteverdi. Cet emblème de la musique spatiale a été joué par des instrumentistes alignés au fond du balcon! J’ai cherché à comprendre… Les mêmes sont revenus en début de 2e partie pour une oeuvre jadis commandée à Maxime McKinley pour l’ouverture. L’espace était utilisé, cette fois. Cela dit, la composition pourrait très bien s’intituler «Ovins et bovins» et servir à l’inauguration d’une foire agricole. Il était inutile de «rentabiliser le forfait» en la rejouant.
Mais tout cela allait encore, en comparaison de la partie Bach, tout sauf festive. Certes le 5e Brandebourgeois permettait aux oreilles blessées de trouver refuge dans le clavecin juste et volubile de Luc Beauséjour. Ses partenaires ont été assez chambristes pour ne pas trop le couvrir. Certes, aussi, les flûtistes Francis Colpron et Grégoire Jeay ont tiré le meilleur parti des lambeaux d’un 4e Brandebourgeois déchiqueté par les fausses notes de la violoniste Tanya LaPerrière et les récurrents sons disgracieux des violons.
Plébiscite pour la qualité
On reparlera à un autre moment de la nécessité d’états généraux de la musique baroque à Montréal. Car quand chaque note ou presque émise par des «spécialistes» devient un plébiscite pour la qualité et le fini instrumental d’I Musici et des Violons du Roy, c’est que quelque chose ne va pas.
Quant à l’inattendu «bravo!» sonore qui a fusé du balcon après cette horreur, il émanait de la directrice en personne. Après coup, je ne sais vraiment pas ce que j’ai trouvé le plus embarrassant…
Lire aussi › Retrouvez sur le site Internet et l’application tablette du Devoir la critique du 1er concert de la saison 2016-2017 d’Arion, Cafés et jardins en musique, donné jeudi 29 septembre à la salle Bourgie et repris ce vendredi, samedi et dimanche.