La guerre continuera, assure Moscou
Washington — Le secrétaire d’État américain John Kerry a une nouvelle fois jeudi menacé la Russie de rompre le dialogue censé arrêter le conflit en Syrie, mais Moscou a répliqué n’avoir aucune intention d’interrompre la guerre, malgré une catastrophe humanitaire à Alep.
Le chef de la diplomatie américaine est probablement le dernier responsable à Washington à continuer de croire à une coopération américanorusse sur la Syrie, mais devant le carnage à Alep, il a haussé le ton contre Moscou depuis mercredi.
«Je crois que nous sommes au bord de la suspension de la discussion, parce que c’est irrationnel dans le contexte de ce genre de bombardements», a-t-il averti jeudi, lors d’une conférence à Washington. La veille, par téléphone, il avait adressé une menace de même teneur à son homologue russe, Sergueï Lavrov.
«Nous sommes à l’un de ces moments où il va nous falloir considérer durant un certain temps d’autres options, à moins que les belligérants n’indiquent plus clairement qu’ils sont disposés à réfléchir à une approche plus efficace», a souligné M. Kerry, mais sans rien dévoiler du contenu de ces éventuelles « options ».
Réplique immédiate à Moscou: la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a jugé que le meilleur «cadeau aux terroristes sera le refus de Washington de coopérer avec la Russie pour un règlement du conflit en Syrie».
Malgré les appels de toutes parts à arrêter le déluge de feu à Alep, la Russie a poursuivi ses raids en appui à son allié syrien, depuis que le cessez-le-feu, négocié à Genève par MM. Kerry et Lavrov le 9 septembre, a pris fin dix jours plus tard. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ainsi annoncé que l’aviation russe continuerait «son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes».
Il s’en est pris également aux critiques « non constructives» de l’administration américaine, à la veille du premier anniversaire de l’intervention militaire russe en Syrie le 30 septembre dernier.
Catastrophe à Alep
Mais Alep, ville martyre et divisée, est aux prises avec «la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie» en cinq ans et demi de guerre, s’est insurgé le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien. Devant le Conseil de sécurité, il a dénoncé le fait que le système de santé dans la partie assiégée de la ville «était sur le point de s’écrouler totalement» et que les enfants «étaient les plus vulnérables».
Dans les quartiers rebelles d’Alep, des « centaines » de personnes ont besoin d’être évacuées pour des raisons médicales. Et les rations alimentaires disponibles ne couvrent
les besoins que d’un quart de la population, s’alarme aussi l’ONU.
Son envoyé pour la Syrie, Staffan de Mistura, a reconnu que les négociations de paix entre le régime et l’opposition qu’il tente de relancer sont «très difficiles» à organiser lorsque « les bombes tombent partout».