Le Devoir

ERIK GUAY, CHAMPION DU MONDE

Il a négocié le parcours du super-G à Saint-Moritz en 1 min 25 s 38

- JEAN DION

Gagnant du super-G. Six ans après avoir remporté le titre mondial en descente, le Québécois Erik Guay est devenu le plus vieux champion du monde de l’histoire du ski alpin en remportant, à 35 ans, le super-G des Mondiaux de Saint-Moritz, en Suisse.

On ne l’attendait pas, cellelà, vraiment pas, mais le principal intéressé, lui, sentait qu’il pourrait bien se passer quelque chose. Et ce quelque chose est arrivé avec fanfare puisqu’Erik Guay a remporté mercredi l’épreuve de super-G présentée dans le cadre des Championna­ts du monde de ski alpin à SaintMorit­z, en Suisse.

«C’est incroyable», a commenté Guay à l’issue de la course, mentionnan­t qu’il a commencé à croire à sa victoire dès qu’il a franchi la ligne d’arrivée en raison de la réaction bruyante des spectateur­s dans les gradins. Il a dit avoir immédiatem­ent eu les larmes aux yeux et été chanceux de porter des lunettes afin que cela ne paraisse pas.

Guay a négocié le parcours du super-G — un mélange de descente et de slalom géant — sur la piste Corviglia en 1 min 25 s 38. Il a devancé le Norvégien Kjetil Jansrud, champion olympique en titre de la discipline, de 0,45 s, et le Canada a réalisé un doublé sur le podium puisque Manuel Osborne-Paradis, de North Vancouver, a pris le 3e rang, à 0,51 s du vainqueur.

Cette victoire inespérée survient quelques jours seulement après que Guay eut fait une chute spectacula­ire lors d’une descente en Coupe du monde. Le 27 janvier à Garmisch-Partenkirc­hen en Allemagne, le skieur de MontTrembl­ant a perdu l’équilibre et est parti en vol avant de retomber lourdement sur la piste et de dévaler la pente sur le dos sur des dizaines de mètres. Par miracle, il n’a alors subi qu’une blessure relativeme­nt mineure, un hématome du muscle fessier, qui l’a néanmoins contraint à rater une autre descente le lendemain.

Ces dernières années, Guay a d’ailleurs dû composer avec de nombreuses blessures, notamment aux genoux, et il a dû être opéré, ce qui l’a fait songer à la retraite.

«Avec toutes mes histoires de blessures et l’accident la semaine dernière à Garmisch, c’est stupéfiant d’être champion du monde ici, a-t-il raconté à la Fédération internatio­nale de ski. J’ai du mal à trouver les mots pour exprimer ce que cela signifie et ce que je ressens. Et être sur le podium avec mes bons amis Manny et Kjetil rend cela encore mieux.»

Le plus âgé

S’il éprouvait encore des craintes après la déconvenue de Garmisch, a-t-il mentionné, elles ont été levées à la faveur d’une descente d’entraîneme­nt mardi à Saint-Moritz. Le Québécois a alors réalisé le 7e chrono, et il a vu que la piste lui convenait.

À 35 ans, Guay devient ainsi le champion du monde de ski alpin le plus âgé de l’histoire. La marque précédente appartenai­t à l’Autrichien Hannes Reichelt, vainqueur du super-G de 2015 à Beaver Creek, au Colorado, à l’âge de 34 ans. Celui-ci a terminé au 10e rang mercredi.

Il s’agit pour lui d’un deuxième championna­t du monde en carrière après la descente de 2011, également disputée à Garmisch-Partenkirc­hen. En 2010, Guay a par ailleurs remporté le Globe de cristal du super-G. Cette saison, il a notamment remporté le bronze au super-G de Val Gardena, en Italie, à la mi-décembre.

Debout sur le podium provisoire à l’arrivée de Guay, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, qui a finalement pris la 4e place, a applaudi. Jansrud, actuelleme­nt meneur du classement de la Coupe du monde en super-G, a pour sa part montré le pouce en l’air en direction du vainqueur.

« Erik nous a montré aujourd’hui comment ça doit être fait. Je ne ressens aucune déception», a dit Jansrud.

Le podium de mercredi est donc entièremen­t occupé par des trentenair­es puisque Jansrud est âgé de 31 ans et Osborne-Paradis, de 33.

Le Britanno-Colombien est d’ailleurs monté sur son premier podium aux Championna­ts du monde le jour même de son anniversai­re de naissance, alors que sa mère était présente. Concourant avec le dossard numéro 26, il a raconté avoir été «inspiré» par la course de Guay, parti quelques minutes avant lui. «Il m’a appelé en haut de la piste et m’a dit: “Ne pense à rien, vas-y.”»

Osborne-Paradis a mentionné qu’il avait fait une «grosse erreur» en mi-parcours et qu’il devait se montrer parfait sur le reste du trajet, ce qu’il est de toute évidence parvenu à faire.

Les skieurs n’ont cependant pas trop eu le temps de festoyer puisqu’une descente d’entraîneme­nt est prévue jeudi. La descente proprement dite aura lieu samedi aux Championna­ts du monde, qui se poursuiven­t jusqu’au 19 février.

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HELMUT FOHRINGER AGENCE FRANCE-PPRESSE
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FABRICE COFFRINI AGENCE FRANCE-PRESSE À 35 ans, Guay est devenu le champion du monde de ski alpin le plus âgé de l’histoire.

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